Le nouveau calendrier national de vaccination sera bientôt prêt. Les textes d’application de ce calendrier, publié au Journal officiel depuis août 2018, sont dans leurs phases finales et les commandes des nouveaux vaccins ont été lancées. Les spécialistes expliquent, néanmoins, qu’il ne s’agit pas de nouveaux vaccins, mais c’est les mêmes antigènes des anciens vaccins sous des formes différentes. Ce calendrier, d’un coût qui avoisine les 22 milliards de dinars, devait être mis en place depuis 2019 mais la pandémie de la Covid-19 a retardé son application.
Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Publié sur le Journal Officiel depuis août 2018, les textes d’application du nouveau calendrier national de vaccination seront bientôt finalisés, apprend-on du côté du ministère de la Santé. Le département de Benbouzid ne veut pas communiquer encore sur les détails de ce calendrier.
Le ministère de la Santé compte annoncer publiquement son projet d’ici quelques jours. Sachant que les dernières actualisations survenues sur le programme national de vaccination remontent à 2016. D’ailleurs, le Syndicat national des praticiens de santé publique dénonce « ce chamboulement constant » dans le calendrier de vaccination. « Nous avons touché au programme national de vaccination à maintes reprises depuis 2013, c’est un calendrier instable. D’autres pays introduisent des changements chaque 15 ou 20 ans, il faut de la stabilité pour un programme pareil », a déclaré Lyes Merabet.
D’ailleurs, ce médecin a dénoncé l’absence d’informations sur les activités de ce comité. « Il y a un comité chargé du programme national de vaccination, on ne sait même pas quand est-ce qu’il se réunit, nous ne sommes pas associés, il n’y a pas de discussions ni de concertations, on ne sait même pas qui sont ces gens et pourquoi on a jugé bon de mettre un vaccin et d’en retirer un autre… », a souligné le président du SNPSP qui a rappelé l’histoire du vaccin pentavalent en 2016 et dont l’enquête diligentée à l’époque n’a toujours pas rendu ses conclusions.
«L’enquête diligentée sur le pentavalent après les dégâts qu’il a causés, comme décès, réactions extrêmes complications, après l’acte de vaccination, jusqu’à présent n’a pas rendu publics ses résultats. Ce même comité, qui a mis en place le pentavalent et qui a soutenu la démarche du ministère jusqu’au bout et décidé du jour au lendemain de retirer le pentavalent et de revenir à l’ancien calendrier de vaccination avec le tétravalent, est en train de plancher sur le nouveau calendrier. J’espère qu’on n’aura pas de mauvaises surprises», a déclaré le docteur Merabet qui dénonce aussi «l’opacité dans le fonctionnement de ce comité qui est devenu la chasse gardée de certains spécialistes et professeurs. Nous avons saisi le ministère de la Santé, en tant que tutelle, à maintes reprises pour qu’il y ait des représentants, pas forcément du syndicat, mais on ne nous a jamais répondu car il y a des résistances de certains cercles qui veulent que ça reste à huis clos, et on impose des démarches et un calendrier à qui on veut, y compris des protocoles pour l’exploration pour les traitements ».
Cependant, une source qui veut garder l’anonymat a expliqué au Soir d’Algérie que l’actualisation du calendrier de vaccination ne pose aucun problème. Dans certains pays, cela se fait chaque année, dit-il, c’est en fonction des évolutions. « Nous voulons rafraîchir l’arrêté de 2018 », a-t-il souligné. Notre source explique, cependant, qu’on ne peut pas vraiment qualifier ce calendrier de « nouveau » puisqu’il n’y a pas de nouveaux vaccins. «Ce sont les onze mêmes antigènes que nous utilisons déjà sous une forme différente c’est tout, ce sont les modalités d’injection qui sont différentes », a-t-il expliqué.
Le ministère de la Santé a envoyé une note récemment aux directeurs des établissements et a demandé la suppression de la première dose de la polio à la naissance. Selon la Direction générale de la prévention, la stratégie vaccinale de la poliomyélite va graduellement évoluer vers un calendrier contenant exclusivement le vaccin polio injectable. L’application des vaccins, des 2, 4 et 12 mois qui se font en deux séances, se feront désormais au cours de la même séance.
«Des études scientifiques rigoureuses ainsi que les recommandations du comité SAGE de l’OMS ont démontré que la co-administration des vaccins n’est absolument pas dangereuse pour le système immunitaire et ne compromet pas l’efficacité des vaccins, et également sans danger pour le nourrisson et le jeune enfant», assure le département de Djamel Fourar.
S. A.
Quelques données sur le calendrier national de vaccination :
1985 : introduction du vaccin anti-rougeoleux (près de 1 million d'enfants de moins de 4 ans ont été vaccinés).
1997 : introduction de rappels vaccinaux contre la rougeole, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite.
2000 : introduction du vaccin contre l'hépatite virale B.
2007 : introduction du vaccin contre l'hémophilus influenzae.
2014 : actualisation du calendrier vaccinal par le Comité technique national consultatif de vaccination (CTNCV), selon les recommandations internationales et les données épidémiologiques du pays. Elle a été traduite par l'introduction de quatre nouveaux vaccins contre la rubéole, les oreillons, les infections à pneumocoques et celui de la poliomyélite inactivé sous forme injectable.
2018 : actualisation du calendrier vaccinal avec les modifications suivantes :
- Réduction des doses du VPO de 6 à 2 doses à 4 mois et à 12 mois .
- Introduction de l'anticoquelucheux acellulaire.
- Réduction du nombre d'injections par un vaccin combiné contenant 6 valences.
