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Pr Abdelmadjid Merdaci, auteur de GPRA : un mandat historique : «LE GPRA est le grand vaincu de la crise de l’été 1962»

Le professeur Abdelmadjid Merdaci vient de publier un ouvrage entièrement consacré au Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), ce qui constitue en soi une première. En effet, peu ou pas d’écrits ont été consacrés à cette structure de la Révolution, qui a lourdement mis à mal les forces d’occupation françaises. Soixante ans après sa création, le GPRA revient sur les devants de la scène.

Le Soir d’Algérie : Pourquoi le GPRA et pourquoi maintenant ?
Abdelmadjid Merdaci
: Le sujet m’a paru suffisamment important pour être correctement traité dans le cadre d’une contribution de presse et cela d’autant qu’à bien y regarder même s’il y est fait référence dans divers travaux, je n’ai pas connaissance d’un ouvrage portant explicitement sur le GPRA. Il ne peut pas échapper, non plus, à l’observation que le GPRA, y compris son sigle, est quasi éradiqué de l’espace public depuis l’indépendance. L’histoire, dit-on, est écrite par les vainqueurs et la certitude est bien que le GPRA est le grand vaincu de la crise de l’été 1962 sauf que l’histoire des vainqueurs n’est pas l’histoire et que celle-ci reprendra toujours tôt ou tard ses droits. Je forme le souhait que le présent ouvrage pourra y contribuer aussi peu que ce soit. Que cette publication puisse aussi croiser l’anniversaire de la création du GPRA me paraît utile.

Revenons au titre de votre ouvrage. Pourquoi un mandat historique ?
D’abord pour marquer que le GPRA était l’organe de direction du FLN et qu’il s’inscrit à la fois dans la continuité et dans la rupture avec les deux premières directions du Front, le comité de six fondateurs et le CCE issu du congrès de la Soummam. Sous l’autorité du CNRA (Conseil national de la Révolution algérienne) le GPRA aura exercé, à ce titre, le plus long mandat à la tête du Front et avait eu à gérer des séquences décisives de la guerre d’indépendance nationale et singulièrement la conduite des négociations qui avaient abouti aux accords d’Evian.

D’où venait l’idée de constituer la direction du FLN sous cette forme gouvernementale ?
Dans un courrier adressé au CCE, Hocine Aït Ahmed, alors détenu avec ses compagnons, a fortement suggéré la constitution d’un gouvernement algérien et Ahmed Ben Bella était revenu à la charge s’étonnant, dans une correspondance, du retard pris à sa concrétisation. Le CCE – élargi — issu des travaux du CNRA d’août 1957 du Caire, s’est attaché à cette formation en mettant en place en avril 1958, notamment, des départements dirigés par chacun de ses membres, préfiguration du futur gouvernement, et en chargeant ses cadres comme Boussouf Hocine et Mabrouk Belhocine — d’étudier les conditions d’érection d’un gouvernement algérien, ses conséquences sur le cours de la guerre et plus particulièrement sur la Tunisie et le Maroc.

L’annonce de la formation du GPRA est donc faite le 19 septembre 1958, simultanément au Caire et à Tunis.
En vérité, si l’annonce en a bien été faite le 19 septembre datation officielle de sa création, la formation du GPRA est formellement acquise le 9 septembre et les conditions de son annonce publique avaient fait l’objet d’évaluations.
Au Caire, l’annonce est solennellement faite par M’hamed Yazid en qualité de ministre de l’information avant que le président Ferhat Abbas ne fasse la première déclaration publique de la nouvelle direction du FLN.
A Tunis, la même annonce est faite par Krim Belkacem en qualité de vice-président du GPRA et il faut voir dans cette double annonce le souci de protéger le FLN de tentations possibles d’immixtion.

Quel aura été l’impact de la constitution du GPRA sur la conduite de la guerre par le Front ?
Il est difficile de revenir dans le cadre d’un entretien sur les effets durables de la formation du GPRA et il faut juste relever l’importance de sa reconnaissance de jur par quelque trente-cinq gouvernements – magrébins, arabes, africains asiatiques — ou de facto par des pays comme l’union soviétique. La Chine populaire, l’Irak, le Viêtnam, auront été parmi les premiers Etats à se prononcer sur la reconnaissance du GPRA.

La composition du GPRA a varié durant son mandat
Effectivement, les changements intervenus renvoient à la fois à l’évolution de la confrontation avec la puissance coloniale, d’une part, et des rapports de force à l’intérieur du FLN, d’autre part. S’il est notable que la matrice PPA.OS aura été l’épine dorsale de la direction du Front durant le conflit, il est notable que les deux présidents du GPRA aient été issus de l’UDMA – Ferhat Abbas — et du courant centraliste du MTLD, Benyoucef Benkhedda.

Vous datez la fin de mission du GPRA au 3 août 1962 ?
Sans revenir aux enjeux de la crise de l’été 1962 sanctionnée par l’annonce, le 22 juillet à Tlemcen, d’un bureau politique, on peut considérer que le discours-testament du président Benkhedda du 3 août, adressé au peuple algérien, mettait un terme formel à l’existence du GPRA.
Propos recueillis par Mokhtar Benzaki

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