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JUSTICE Le lourd héritage de Tayeb Louh

Le passage de Tayeb Louh à la tête du secteur de la justice a occasionné d’innombrables dégâts qui se font lourdement ressentir dans les dossiers sensibles devant être rejugés ou ceux en instruction.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Les exemples sont malheureusement nombreux. «Tayeb Louh était en définitive un homme de mission, mis en poste par des dirigeants pour couvrir et régler les dossiers judiciaires des hommes du clan ou ceux qui payaient pour échapper aux soucis avec la justice.
Ces pratiques ont grandement contribué au développement des pratiques de la corruption», commentaient des avocats réunis le 22 janvier dernier au tribunal de Sidi-M’hamed où devait se dérouler le procès de Kamel Chikhi.
Ce jour-là, six autres détenus devaient comparaître : l’ancien maire de Ben Aknoun, un ex-procureur et son adjoint, le fils de l’ex-wali de Relizane, celui du président de la République et l’ancien chauffeur de Abdelghani Hamel. Fait inhabituel, le juge, qui ouvre la séance après de longues heures d’attente, annonce le report du procès pour non-présence des détenus. Ces derniers n’ont pas été extraits de la prison de Koléa. L’ensemble des accusés est poursuivi pour avoir agi pour faciliter l’expansion des affaires de Kamel El-Bouchi.
Les avocats tentent des explications : «Parfois il se produit des évènements à l’intérieur de la prison et nous l’ignorons, il se peut qu’un détenu soit malade, qu’un condamné à mort se rebelle, qu’une petite rébellion ait lieu, et dans ces cas, le quartier pénitentiaire est fermé, personne n’a le droit d’en sortir.» Dans le cas présent, le motif de l’absence des détenus est inconnu. Le dossier est qualifié d’extrêmement sensible et contenant une somme d’irrégularités découlant directement de la gestion Louh.
Les faits énumérés sont troublants. Les magistrats en charge de ce dossier recevaient des instructions de l’ancien garde des Sceaux afin de brouiller les pistes devant conduire à certains hauts responsables alors en poste. Des proches d’anciennes personnalités ont été formellement mis en cause par le principal accusé (Kamel Chikhi) qui a avoué leur avoir remis d’importantes sommes d’argent pour l’acquisition de terrains, mais ces derniers n’ont jamais été inquiétés. Plus grave encore, les preuves matérielles figurant sous forme d’enregistrements vidéo ou d’écrits signés ont été écartées du dossier.
Arrêtés en 2018, les prévenus ont été écoutés une seule fois par ces magistrats qui ont pourtant décidé de prolonger à plusieurs reprises leur détention pour… les besoins de l’enquête. Les avocats des concernés s’interrogent également sur les raisons qui ont conduit à l’ajout d’une charge très lourde «association de malfaiteurs» à des personnes qui ne se connaissaient pas, mais qui risquent gros avec une telle charge.
Près d’une année et demie se passe. Les évènements qui se déroulent dans le pays bouleversent tout l’ordre établi, Tayb Louh est conduit en prison. Le dossier tel que ficelé incombe à de nouveaux magistrats. Les premiers sont au cœur d’une enquête déclenchée au sein des réseaux mis en place par Louh. Il en est de même pour le dossier de la cocaïne, resté sans instruction durant de longs mois après que le juge désigné pour son étude eut été écarté et mis lui aussi à la disposition de la justice.
Les réseaux de l’ancien ministre sont soupçonnés d’avoir volontairement mis sous le coude des preuves accablant certaines personnalités et responsables n’ayant pas été inquiétés. Dans les milieux de la justice, on évoque aussi deux autres dossiers très sensibles manipulés par l’ancien garde des Sceaux. Celui de Chakib Khelil et de l’autoroute Est-Ouest. L’enquête menée autour des circonstances ayant abouti à l’annulation du mandat d’arrêt lancé à l’encontre de l’ancien ministre de l’Énergie a abouti à la mise en cause d’un juge et d’un procureur. «Chakib Khelil avait tenté de faire intervenir plusieurs membres influents de l’époque.
Ammar Saâdani qui était chargé de sa réhabilitation, avait tenté d’agir auprès de l’ancien ministre de la Justice qui a refusé, Tayeb Louh a alors été nommé à sa place et s’est chargé de l’affaire», nous dit-on. Il a suffi également, nous dit-on, que le fils de l’ancien ministre de l’Energie entre dans le bureau d’un procureur et signe des documents pour se retrouver lui aussi délivré du mandat d’arrêt lancé à son encontre.
Il a pu prendre l’avion trois heures après. Des sources bien informées affirment que les documents signés par ce dernier sont des faux. «Pour qu’un mandat d’arrêt soit retiré, nous dit-on, il faut que le concerné vide ce mandat, il faut qu’il se constitue prisonnier, qu’il ait un numéro d’écrou et qu’il soit jugé pour que cela se fasse. Mais dans le cas présent, rien de tout cela ne s’est fait, le fils de Chakib Khelil est simplement entré dans un bureau et en est ressorti libre.»
Le même procédé a été appliqué lorsqu’il s’est agi de débarrasser des hommes d’affaires du mandat dont ils ont fait l’objet. Au mois de septembre dernier, deux magistrats ont d’ailleurs comparu devant la Cour suprême pour ces pratiques.
Les mêmes sources citent un autre dossier très sensible dans lequel Tayeb Louh est intervenu directement : celui de l’ancien journaliste Mohamed Tamalt, décédé en décembre 2016 à l’intérieur de la prison d’El-Harrach. Incarcéré cinq mois plus tôt pour outrage au président de la République, il a rendu l’âme en raison de traumatismes crâniens dus à des coups d’origine inconnue, clame son avocat.
Ce dernier a fait savoir que des lettres exigeant l’ouverture d’une enquête avaient été adressées à Tayeb Louh à plusieurs reprises, mais aucune suite n’a été donnée à la demande.
«Il a mis le dossier sous le coude, sans plus», affirme Me Mecheri. Tous les faits cités sont contenus dans les éléments récoltés durant l’enquête consacrée à Tayeb Louh.
A. C.

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