Les malades atteints du cancer sont de nouveau dans la tourmente. La liste des médicaments en rupture ou sous tension n’arrête pas de s’allonger. Le chef de service d’oncologie médicale du CPMC tire de nouveau la sonnette d’alarme. Le professeur Kamel Bouzid dénombre pas moins de 45 médicaments en rupture depuis plusieurs mois et alerte sur le risque que des malades meurent faute de médicaments.
Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - En ce début du mois de septembre, la Direction générale de la pharmacie centrale des hôpitaux a annoncé avoir réduit le taux de rupture des médicaments de 50 à 8%. Le premier responsable de cet établissement a déclaré alors que des quantités importantes de médicaments étaient en train d’être réceptionnées au fur et à mesure, notamment celles destinées au traitement des pathologies lourdes comme l’oncologie.
À part quelques produits, affirmait à l’époque le P-dg de la PCH, les choses sont rentrées dans l’ordre. Les produits qui étaient encore sous tension, affirmait-il, « arriveront vers la fin du mois d’août ». Pourtant, sur le terrain, les choses ne sont pas encore rentrées dans l’ordre.
Les établissements hospitaliers continuent de souffrir de ruptures ou de manque d’un nombre important de produits. C’est le cas au CPMC où malades et soignants sont dans le désarroi. Les produits destinés au traitement des malades atteints du cancer qu’ils soient adultes ou enfants manquent depuis plusieurs mois. Preuve à l’appui, le chef de service d’oncologie médicale du CPMC, qui n’est pas à son premier coup de gueule, remet à notre journal une liste de 44 produits destinés pour le traitement des malades atteints du cancer en rupture dont quatre sont sous tension.
La liste des produits a été adressée le 26 juillet dernier par la pharmacie principale du CPMC à la Direction des produits pharmaceutiques de la pharmacie centrale des hôpitaux qui a mis son accusé de réception le 1er août dernier. Il s’agit de la déclaration mensuelle des produits hospitaliers sous tension datant du 31 août dernier.
Parmi ces produits, il y a de l’injectable et des comprimés à différents dosages. «Il y a des ruptures en tout», affirme le professeur Bouzid.
Selon lui, cette situation de rupture «qui dure depuis deux ans» est inédite. «On ne comprend pas pourquoi il y a deux ministères, celui de la Santé et de l’Industrie pharmaceutique ? Lorsqu’on parle à l’un, il renvoie la responsabilité vers l’autre, chacun se rejette la balle. Cela fait deux ans que ça dure et depuis deux ans, nous avons des ruptures en tout. Nous n’avons jamais vécu une situation pareille en termes de ruptures», lance le chef de service d’oncologie médicale du CPMC. Et d’ajouter que «la PCH a déclaré que les prescripteurs et les pharmaciens d’hôpitaux ne savent pas faire leurs prévisions, c’est possible ! mais si c’est le cas, cela fait quarante ans que nous faisons des prévisions et ça fait 40 ans que la PCH a le monopole sur les médicaments hospitaliers. Ils peuvent consulter leurs archives pour identifier nos achats, ce que nous consommons et nos périmés et de là, il peuvent affiner nos prévisions».
Ce chef de service rejette en bloc les déclarations également des responsables de la PCH par rapport au fait que les structures hospitalières ne font pas de bons de commandes. «Nous faisons des bons de commandes chaque mois, les bons de commandes dépendent du budget. Nous sommes certes endettés d’une manière incroyable mais ce n’est pas le problème des malades ni des soignants », souligne encore le professeur Bouzid qui alerte sur le risque que des malades meurent faute de disponibilité de traitement.
S. A.
