Les pressions exercées sur les organisateurs de
manifestations culturelles inquiètent au plus haut point les initiateurs
de festivals et autres concerts de musique. Les arguments économiques ou
idéologiques développés laissent perplexes des organisateurs inquiets
pour la pérennité de leurs projets.
Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Si auparavant, ils ne devaient compter qu’avec des soucis d’ordre organisationnel, les organisateurs de manifestations culturelles font face, depuis quelques semaines, à une nouvelle donne : le risque de voir un événement préparé depuis des mois faire l’objet d’un rejet pur et simple de la part d’une population qui développe des arguments souvent incompréhensibles pour des habitués du fait culturel.
Depuis Ouargla, le ton a été donné où des dizaines d’individus se sont opposés à la tenue d’un concert de raï. Argument développé : l’argent servant à l’organisation de festivals devrait plutôt être utilisé pour le développement local. Un argument fallacieux puisque ces mêmes individus ont organisé une prière collective à l’endroit même où devait se tenir le concert cachant mal les relents intégristes de leur action.
A Tébessa, même scénario. Le maire de la commune de Sidi-Abdelaziz, à Jijel, a, quant à lui, tout simplement retiré l’autorisation pour la tenue d’un spectacle devant initialement se tenir sur la plage de cette même commune. L’événement était pourtant programmé depuis quelques semaines déjà mais le maire a visiblement cédé à l’ambiance générale faite d’inquisition.
L’effet boule de neige aidant, c’est tout simplement le festival du raï qui a été la cible de quelques individus bien décidés à le faire annuler. «Du jamais vu», commente un habitué des événements culturels. Ce responsable d’une boîte d’événementiel explique qu’il y a péril en la demeure.
Les événements culturels, explique-t-il, sont quasiment le seul échappatoire pour une grande frange de la société à la recherche de loisirs. «Si on les empêche de chanter et de danser que reste-t-il ?», s’interroge-t-il. Au-delà de ces aspects, il tient à rappeler que l’organisation d’un concert ou d’un festival nécessite la mobilisation d’une logistique incroyable. Il faut, dit-il, faire appel à des sponsors, les convaincre, faire un bon plan de communication pour assurer la médiatisation de l’événement, cela peut, pour les grands événements, nécessiter jusqu’à une année de travail. Un travail qui risque de se voir saboter à la dernière minute par des individus qui veulent remettre l’inquisition à l’ordre du jour.
Nadjet Taibouni, auteure de théâtre, regrette que la culture soit utilisée comme une arme alors qu’elle a toujours porté les maux de la société.
Si elle se réjouit que des manifestations culturelles continuent à se tenir, elle ne cache pas son pessimisme affirmant qu’il n’est pas compréhensible qu’on s’attaque à la culture alors que cette dernière est souvent au service de la population. Elle est, dit-elle, vecteur d’amour et d’union.
Elle rappelle que la musique crée une communion même dans les moments de grande tension et de se demander pourquoi la culture ferait si peur.
N. I.
Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Si auparavant, ils ne devaient compter qu’avec des soucis d’ordre organisationnel, les organisateurs de manifestations culturelles font face, depuis quelques semaines, à une nouvelle donne : le risque de voir un événement préparé depuis des mois faire l’objet d’un rejet pur et simple de la part d’une population qui développe des arguments souvent incompréhensibles pour des habitués du fait culturel.
Depuis Ouargla, le ton a été donné où des dizaines d’individus se sont opposés à la tenue d’un concert de raï. Argument développé : l’argent servant à l’organisation de festivals devrait plutôt être utilisé pour le développement local. Un argument fallacieux puisque ces mêmes individus ont organisé une prière collective à l’endroit même où devait se tenir le concert cachant mal les relents intégristes de leur action.
A Tébessa, même scénario. Le maire de la commune de Sidi-Abdelaziz, à Jijel, a, quant à lui, tout simplement retiré l’autorisation pour la tenue d’un spectacle devant initialement se tenir sur la plage de cette même commune. L’événement était pourtant programmé depuis quelques semaines déjà mais le maire a visiblement cédé à l’ambiance générale faite d’inquisition.
L’effet boule de neige aidant, c’est tout simplement le festival du raï qui a été la cible de quelques individus bien décidés à le faire annuler. «Du jamais vu», commente un habitué des événements culturels. Ce responsable d’une boîte d’événementiel explique qu’il y a péril en la demeure.
Les événements culturels, explique-t-il, sont quasiment le seul échappatoire pour une grande frange de la société à la recherche de loisirs. «Si on les empêche de chanter et de danser que reste-t-il ?», s’interroge-t-il. Au-delà de ces aspects, il tient à rappeler que l’organisation d’un concert ou d’un festival nécessite la mobilisation d’une logistique incroyable. Il faut, dit-il, faire appel à des sponsors, les convaincre, faire un bon plan de communication pour assurer la médiatisation de l’événement, cela peut, pour les grands événements, nécessiter jusqu’à une année de travail. Un travail qui risque de se voir saboter à la dernière minute par des individus qui veulent remettre l’inquisition à l’ordre du jour.
Nadjet Taibouni, auteure de théâtre, regrette que la culture soit utilisée comme une arme alors qu’elle a toujours porté les maux de la société.
Si elle se réjouit que des manifestations culturelles continuent à se tenir, elle ne cache pas son pessimisme affirmant qu’il n’est pas compréhensible qu’on s’attaque à la culture alors que cette dernière est souvent au service de la population. Elle est, dit-elle, vecteur d’amour et d’union.
Elle rappelle que la musique crée une communion même dans les moments de grande tension et de se demander pourquoi la culture ferait si peur.
N. I.