L’ambiance habituelle qui régnait au marché d’El-Hamiz, à l’est d’Alger, a disparu depuis samedi suite à une descente des services de sécurité qui ont sommé les commerçants de baisser rideau. Carrefour commercial, notamment de l’électroménager, de gros et de détail, ce marché a été fermé sur décision des autorités à la veille de l’Aïd, comme mesure de lutte contre la propagation du coronavirus qui a pris de l’ampleur depuis plusieurs jours.
Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Désemparé et contrarié, adossé au mur d’un local d’électroménager à El-Hamiz, Saïd, la cinquantaine bien entamée, dégage un air pensif et dégouté. «Pourquoi tous ces commerces ont fermé ?», a-t-on interrogé, hier mardi, lors d’une virée à ce marché, dont la réputation est bien établie à Alger et dans d’autres régions du pays. Sans perdre de temps, sans savoir à qui il a affaire, il répond sèchement avec beaucoup d’amertume : «Les services de sécurité ont opéré une descente, samedi. Dans un premier temps, ils ont demandé aux commerçants de terminer la journée et de ne pas ouvrir le lendemain. Mais quelques instants après, ils ont changé d’avis et ont exigé que les rideaux soient baissés immédiatement. Depuis samedi, des agents en civil n’arrêtent pas de faire des va-et-vient pour vérifier si tout le monde s’est exécuté».
Lors de notre virée, on a constaté que tous les locaux de ce carrefour commercial, notamment de l’électroménager et des pièces détachées, de gros comme de détail, longeant le côté droit de la route menant vers Rouiba, ont fermé. Sur le côté gauche, tout près du rond-point qui marque l’entame du marché, quelques commerces qui se comptent sur les doigts d’une seule main ont ouvert.Le plus important marché de l’électroménager et de la pièce détachée de la capitale est fermé depuis samedi comme, a-t-on expliqué, par «mesure de prévention contre la propagation du coronavirus en raison du non-respect des mesures barrières comme le port du masque et la distanciation physique» et «pour éviter les regroupements que connaissent ces commerces à l’occasion de quelques évènements comme l’Aïd durant lesquels ils sont fortement sollicités».
Les commerçants regrettent cette décision subite
«Cette période d’avant l’Aïd est la meilleure opportunité de l’année pour vendre. Les consommateurs profitent de l’occasion pour acheter ce dont ils ont besoin ou pour remplacer leurs vieux appareils, à l’instar des réfrigérateurs, climatiseurs, téléviseurs, ventilateurs…», nous explique l’un d’eux, affirmant que les pertes seront considérables. Selon lui, les commerçants ne sont pas les seuls perdants mais leurs employés aussi qui se retrouvent sans ressources pour subvenir aux besoins de leurs familles.
Cependant, la fermeture du marché ne signifie pas l’arrêt total de l’activité. Mais pour acheter un matériel ou un équipement, il faut bien connaître le commerçant qui écoule sa marchandise clandestinement.
«Si vous ne connaissez pas le commerçant, il n’y a aucune chance d’acheter quoi que ce soit», assure Saïd, ajoutant que les commerçants «n’ont pas d’autre choix que d’agir ainsi. Oui pour la prévention contre le coronavirus, oui pour la fermeture des marchés et des commerces, mais où est l’alternative ?», s’emporte-t-il, dénonçant les défaillances en matière de gestion de la crise sanitaire par l’État.
K. A.
