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SURTAXATION DES PRODUITS IMPORTÉS Les commerçants s’alarment

Le président de l'Association nationale des commerçants et artisans algériens applaudit la levée d'interdiction à l'importation des produits soumis à la suspension provisoire à l'importation durant 2018. Il considère par contre que le droit additionnel provisoire de sauvegarde appliqué est «exagéré». Pour lui, la soumission de ces produits importés à la taxe additionnelle va systématiquement induire une flambée de leurs prix mais aussi provoquer le monopole d'importation et, donc, la spéculation.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - La levée d'interdiction à l'importation des produits soumis à la suspension provisoire à l'importation durant 2018 est pour Hadj Tahar Boulenouar, une «bonne chose». En applaudissant cette décision, il précise qu'elle est d'abord conforme à l'économie de marché adoptée par l'Algérie mais aussi elle permet d'éviter le décalage entre l'offre et la demande connu en 2018 ainsi que la flambée des prix. Toutefois, il estime que la taxe additionnelle appliquée est «exagérée». «Nous sommes contre l'imposition de taxes excessivement élevées qui peuvent se répercuter négativement sur le marché algérien», dit-il jeudi dernier, sur les ondes de la Radio Chaîne trois 3.
Et d'expliquer que si l'importateur sera mené à payer une taxe supplémentaire sur le produit, il va automatiquement augmenter le prix de sa marchandise. «Les produits provenant de l'importation connaîtront ainsi une augmentation de prix surtout que la production nationale n'est pas suffisante et ne peut répondre à la demande nationale exprimée», ajoute-t-il.
Selon lui, augmenter les taxes à l'importation va également ouvrir les portes au monopole dans cette activité puisque «ce ne sont pas tous les importateurs qui auront les moyens pour continuer l'importation. Ainsi, l'objectif qui était de réduire l'importation provoquera plutôt la baisse du nombre des importateurs, ce qui va créer un monopole et donc la spéculation», explique-t-il encore.
Le président de l'Association nationale des commerçants et artisans algériens rappelle à cet effet, l'interdiction à l'importation prise en début 2018, dont les objectifs étaient de réduire la facture globale d'importation et de favoriser la production nationale en encourageant les producteurs locaux à augmenter leur production. «Malheureusement, ces deux objectifs n'ont pas été atteints à la fin de 2018», dit-il.
Il fait remarquer que la facture globale de l'importation n'a pas baissé et continue à vaciller entre 45 et 50 milliards de dollars. Idem pour la production nationale qui n'a pas connu un essor. «La décision du gouvernement à travers le ministère du Commerce d'annuler l'interdiction à l'importation est la preuve que la décision prise en 2018 n'a pas atteint ses objectifs», appuie-t-il ses arguments.
Qualifiant l'imposition de taxes additionnelles de «contradictoires» avec l'économie de marché, l'invité de l'émission considère que cette décision a été prise dans la précipitation sans concertation avec les opérateurs économiques. «A la fin 2019, nous risquons d'avoir les mêmes résultats que ceux de l'année précédente. Fort heureusement, cette décision est temporaire», dit-il.
Il espère ainsi voir la liste des produits importés soumis à la taxe additionnelle, dévoilée en fin décembre dernier, révisée. «Nous souhaitons une révision de cette liste notamment pour certains produits qui n'ont pas été touchés par la taxe additionnelle. Nous souhaitons aussi que les taux de cette taxe soient revus à la baisse parce qu'ils vont non seulement mettre des obstacles à l'investissement mais aussi creuser la différence entre l'offre et la demande, ce qui va provoquer la flambée des prix qui affectera le pouvoir d'achat du citoyen».
Il affirme à l'occasion que le marché algérien est «déficitaire» dans presque tous les secteurs hormis les viandes et les légumes. S'agissant des fruits, il précise que la production nationale couvre 80% des besoins, à l'exception de la banane.
Il cite l'exemple des chaussures où 90% de la consommation des Algériens provient de l'importation. Idem pour les produits cosmétiques et hygiène corporelle dont 40 à 50% de la consommation nationale est importée.

La banane, l'étonnante exception au droit additionnel provisoire de sauvegarde
Boulenouar ne manque pas de souligner que la banane a été exonérée de la taxe additionnelle. «Ce produit doit normalement, être taxé. Je ne comprends pas pourquoi, il est considéré comme un produit régulateur», dit-il.
Pour lui, le produit régulateur doit être un produit local. «Comment désigner un produit comme régulateur du marché alors qu'il est importé ?», s'interroge-t-il outré. «C'est la preuve que la liste des produits importés soumis au droit additionnel provisoire de sauvegarde s'impose incessamment», conclue-t-il.
Précisant que l'importation de la banane s'élève annuellement entre 150 et 200 millions de dollars, il rappelle que ce créneau est monopolisé par huit importateurs qui approvisionnent l'Algérie annuellement, avec plus de 200 millions de tonnes de ce fruit exotique.
Ry. N.

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