Les mesures sanitaires contre la progression inquiétante de la Covid-19 reprennent de la vigueur après une longue période de souplesse. La hausse fulgurante du nombre de contaminations au virus a incité le gouvernement à instaurer de nouvelles dispositions impliquant, entre autres, la limitation des activités des cafés, restaurants et fast-foods à la vente à emporter uniquement, la suspension des transports en commun pendant le week-end, ainsi que le réaménagement des horaires de confinement partiel à domicile de 6h à 20h. Vitales pour certains mais plus contraignantes pour d’autres, ces décisions ont suscité des réactions mitigées chez l’opinion publique.
Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Au moment où le baromètre des contaminations au variant Delta s’affole, ces mesures étaient redoutées mais, néanmoins, attendues par une grande partie des commerçants et des restaurateurs, mais encore, des citoyens. Résignés mais conscients ! C’est dans cet état d’esprit que ces derniers ont accueilli le retour aux restrictions destinées à limiter la dangereuse propagation du virus.
Au lendemain de l’annonce du dispositif de gestion de la crise sanitaire, l’humeur des Algérois oscillait entre agacement et acquiescement. Jugeant la situation critique, ils sont, cette fois-ci, plus nombreux à afficher leur adhésion à l’application de ces mesures. Les quelques personnes approchées sur les lieux publics, hier, dans la matinée à Alger-Centre, ont estimé qu’un durcissement du protocole sanitaire s’imposait. Le fait d’être conditionnés par un couvre-feu en pleine saison estivale leur semble bien futile à côté des préjudices causés quotidiennement par l’épidémie.
Beaucoup moins emballés par ces dernières décisions, les commerçants et les restaurateurs appréhendent les conséquences de ces mesures, redoutant qu’elles s’étalent sur une longue période. Hakim, un jeune gérant d’un fast-food situé dans la rue Hassiba-Ben-Bouali, craint que cela se répercute sur son chiffre d’affaires. « Se limiter à la vente à emporter ne m’arrange pas du tout», se plaint-il, en expliquant que la grande partie de ses clients préfère s’attabler et profiter du confort et du cadre qu’offre l’intérieur de son commerce. Lui qui croyait enfin voir le bout du tunnel se voit confronté au stress de revivre le scénario du début de l’épidémie. Pis encore, que les autorités recourent à la fermeture totale des commerces et restaurants, si la situation épidémiologique s’aggrave encore.
En faisant une tournée des magasins d’habillement et de chaussures, on constate le même sentiment chez les gérants de ces espaces. D’aucuns ont évoqué la contrainte liée au couvre-feu prévu à 20h. «J’ai l’habitude de fermer mon magasin à 22 heures, en général, c’est à partir de 19h que le flux des clients devient important», a fait savoir Raouf qui gère une boutique de prêt-à-porter pour femmes, située non loin du marché de Meissonier. Il s’attend à revoir ses profits à la baisse, puisqu’il est obligé de baisser rideau à 17h, pour avoir le temps de rentrer chez lui. Notre interlocuteur souligne que le préjudice financier causé par le premier confinement commence à peine à être compensé. «Voilà qu’une troisième vague déferle sur nous sans crier gare.»
Les commerçants rencontrés hier se disent, pour la plupart, conscients de la nécessité d’imposer à ce stade ce genre de restrictions, mais ils ne peuvent s’empêcher de penser que le pire reste à venir. L’idée de voir leur temps d’activité potentiellement réduit davantage dans les prochaines semaines est pour eux « insupportable ».
M. Z.
