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RÉFUGIÉS SYRIENS EN ALGÉRIE Les inquiétudes d’une communauté

La communauté syrienne fait l’objet d’une surveillance toute particulière en Algérie où les autorités ont récemment expulsé près d’une quarantaine de soldats de l’Armée syrienne libre (ASL) soupçonnés d’être animés d’intentions malsaines.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Tout commence en ce début de mois de janvier avec l’alerte lancée par le Haut Commissariat aux réfugiés. L’organisme affirme que l’Algérie vient de procéder à l’expulsion de plusieurs réfugiés arabes parmi lesquels se trouvent 120 Syriens ayant fui leur pays en guerre. Comme le reste du groupe, détaille la même source, ils ont été détenus dans le centre à Tamanrasset avant d’être reconduits aux frontières. Dans le pays, des voix s’élèvent pour dénoncer le fait.
Parmi elles, celles de Syriens réclamant l’asile à leurs compatriotes. Restées jusque-là silencieuses sur le sujet, les autorités algériennes réagissent en démentant la version avancée par le HCR et décident de mettre à la disposition de l’opinion publique des éléments d’information méconnus. Selon le responsable du dossier de l’immigration auprès du ministère de l’Intérieur, les personnes expulsées ne sont autres que des soldats de l’Armée syrienne libre (ASL) s’étant introduits de manière clandestine sur le territoire national.
Les premiers éléments de l’enquête menée ont également révélé que ces derniers obéissent à un réseau contrôlé par un général-major de cette même armée et que le but de leur déplacement vers le pays est d’y semer le trouble en tentant probablement de manipuler la communauté syrienne qui y est établie. Les déclarations font l’effet d’une bombe qu’aucune organisation humanitaire ou de défense des droits des réfugiés ne commente ou contredit jusqu’à l’heure. Bien au contraire.
Les regards se portent tout naturellement vers ces Syriens d’Algérie que le sujet n’a pas manqué d’intéresser au plus haut point, inquiétant les uns et suscitant des interrogations chez les autres. D’autres perçoivent d’un mauvais œil les déclarations de certains de leurs compatriotes établis en Algérie dénonçant cette expulsion. «Ils vont nous attirer des problèmes alors que nous en avons eu assez dans notre vie», s’écrie Abou Hamed, gérant d’un restaurant à Birkhadem. «Je viens d’Alep, tout comme trois de mes employés, ce sont les fils de mes amis. Nous sommes là depuis près de neuf ans et nous n’avons jamais eu d’ennuis avec qui que ce soit.
Au contraire, nous avons ouvert ce petit magasin qui nous permet de vivre. Les Algériens protègent leur pays, et ils ont raison de le faire, si des personnes sont suspectes, à quoi bon les laisser s’installer. Pourquoi s’amuser à défendre des personnes douteuses ?» Abou Hamed évoque des écrits et des dénonciations diffusés via des réseaux sociaux au sujet de ces récents évènements.
Les personnes qui se sont exprimées ainsi évoquent la possibilité d’erreurs et condamnent cette expulsion. Selon certaines sources bien informées, les pouvoirs publics algériens considèrent d’ores et déjà le fait comme une «agitation» et un comportement contraire aux règles auxquelles doivent s’astreindre les étrangers accueillis dans le pays.
Dans ce contexte bien délicat, un contrôle particulier a été également mis en place dans les zones d’accès. Frontières terrestres et aéroports sont sous haute surveillance et ne seront désormais tolérés que les Syriens arrivant par les points de contrôle nord (aéroports) et se déclarant sans tarder aux autorités compétentes. Tout migrant ayant emprunté les voies sud, ayant transité par des voies irrégulières sera automatiquement refoulé. Sur le territoire national, et après un relâchement de plusieurs mois, les pouvoirs publics ont également pris la décision de rappeler une certaine catégorie de Syriens à leurs obligations. De nouveau, la mendicité à laquelle s’adonnaient nombre d’entre eux n’est plus tolérée.
Le phénomène, rappellent des sources, avait déjà alerté les services de sécurité. Une opération de «ramassage» de ces mendiants avait été déclenchée, mais les mis en cause ont pris la fuite et se sont dirigés vers d’autres régions nord du pays où ils ont été cette fois arrêtés et reconduits vers les centres pour réfugiés.
Le phénomène a fait grand débat il y a quelques années et les Algériens ont appris, médusés, qu’une grande partie de ces mendiants se faisant passer pour des Syriens n’étaient autres que des membres de la communauté gitane ou turkmène vivant à cheval entre la Syrie et la Turquie.
Au même moment, le coordinateur de la communauté syrienne en Algérie affirmait à la presse que les «réfugiés syriens qui préféraient la mendicité au centre d’accueil devaient avoir des intentions malsaines». Au sein de cette communauté, actuellement forte de 50 000 personnes selon les chiffres officiellement annoncés par le HCR, la situation a souvent été bien tendue. «Beaucoup, nous dit-on, ont eu peur de se déclarer par crainte de représailles. Des personnes malintentionnées ont en effet tenté à plusieurs reprises d’opérer ici.»
On n’en saura pas davantage. Dans un entretien accordé au quotidien El Watan, ce coordinateur révélait en 2012 que «les services de sécurité algériens avaient pu neutraliser certains agents du régime qui s’étaient infiltrés avec de faux passeports turcs à la poursuite d’opposants syriens».
Le scénario est aujourd’hui inversé. Des missions menées par des soldats de l’Armée syrienne libre (ASL), une organisation militaire proche des mouvements terroristes d’Al-Qaïda et de Daesh, ciblent à nouveau cette communauté.
Alors que la polémique autour des expulsions de ressortissants arabes battait son plein, le responsable du dossier de l’immigration auprès du ministère de l’Intérieur a tenu également à informer l’opinion publique que les soldats de l’ASL «ont commencé à organiser des conférences et à prendre contact avec des chaînes de télé du Moyen-Orient dès leur arrivée afin d’effectuer des pressions sur l’Algérie au nom du droit des migrants». Selon des sources bien au fait du dossier, «il est clair que ces derniers tentaient déjà de s’organiser et de se lancer dans une agitation qui ne pouvait aller qu’en s’amplifiant une fois installés, ceci avant de passer au projet de déstabilisation… Ainsi, il aurait été plus facile de réclamer la régularisation d’autres soldats qui seraient certainement arrivés dans le même objectif».
Ces réalités, la communauté syrienne ne l’ignore pas. Sur les hauteurs d’Alger, à Dély-Ibrahim, un père de famille venu de Homs fait lui aussi part de son inquiétude. «Qu’on le veuille ou non, nous restons une communauté très fragile. En nous accueillant, l’Algérie n’a pas fait de distinction entre les différentes communautés, le pays nous a accueillis en qualité de réfugiés fuyant la guerre.
Or, beaucoup de personnes venues de pays arabes se sont fait passer pour des Syriens pour bénéficier des facilités qui nous étaient accordées.
Cela nous cause du tort, tout comme ces mendiants qui emplissaient les rues de la capitale durant un long moment. La plupart d’entre nous sont des familles respectables ayant tout perdu ou laissé derrière eux, aujourd’hui nous sommes des apatrides, venir nous chercher des ennuis n’est pas une bonne chose, attirer l’attention sur nous aussi.
Nous sommes très conscients de ce qui se passe ou pourrait se passer, et chacun d’entre nous n’a d’autre préoccupation que de gagner sa vie et protéger sa famille en attendant de pouvoir un jour retourner au pays.
L’ASL, ce sont des terroristes, s’ils infiltrent notre communauté, nous serons les premiers à être en danger.»
A. C.

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