Élu le 11 janvier dernier, le nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, insiste sur le rejet, la désapprobation et la condamnation de toute violence, surtout lorsqu’elle s’exerce au nom de l’Islam.
Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris a assuré qu’il n’y a aucun lien entre les changements politiques en Algérie et le changement opéré à la tête de son institution. «Nous n’y avons même pas pensé», a répondu Chems-Eddine Hafiz, jeudi dernier, lors d’une conférence de presse animée au sein de la Grande Mosquée de Paris. Il a d’ailleurs précisé que son élection a été votée, à l’unanimité, par tous les membres de la Société des habous et des Lieux Saints de l’Islam.
De son côté, le recteur sortant, Dalil Boubakeur, témoigne sa joie de voir son successeur, Chems-Eddine Hafiz, prendre avec vigueur cette mission puisqu’il «a la dimension ,mais aussi le devoir de défendre et de permettre à la communauté musulmane d’émerger dans le cadre de l’intégration en France ,dans tous les domaines».
Notant qu’il arrive sur les 80 ans, l’ancien recteur de la Grande Mosquée de Paris affirme que «c’est normal» de passer le flambeau.
Dans son allocution de présentation et d’orientation de son mandat, Chems-Eddine Hafiz a souligné que la mosquée restera, comme le veut sa tradition, un lieu de débats, de rencontres et d’échanges. «La Grande Mosquée de Paris, à vocation cultuelle, se prête naturellement à la noble mission de promotion de la culture et du savoir dans un esprit de cordialité et de convivialité qui ne peut fleurir que dans la paix et la sérénité», dit-il.
Son devoir et sa responsabilité, estime-t-il, sont de veiller sur cette prestigieuse institution religieuse dans la continuité des traditions et des valeurs qu’elle a prônées et qu’elle a toujours défendues. Il affirme ainsi s’inscrire dans la continuité de ce que son honorable prédécesseur, le Dr Dalil Boubakeur, a impulsé et poursuivi durant son long mandat.
«La tâche n’est pas aisée. Elle requiert conviction et persévérance, et c’est ce par quoi s’est distingué le Dr Dalil Boubakeur et c’est ce pourquoi je le salue, en le remerciant, par ailleurs, pour sa confiance en moi».
Guidé par le principe inaliénable de promouvoir l’Islam générateur de tolérance, de paix, de fraternité, de progrès, et de stimulation de la pensée rationnelle, le nouveau recteur de la Grande Mosquée de Paris est convaincu que tout cela construit des arches de dialogue dans tous les domaines de préoccupation de l’homme. C’est ainsi qu’il insiste sur son rejet, sa désapprobation, sa condamnation et même son dégoût, de toute violence, de quelque nature qu’elle soit et, surtout ,lorsqu’elle s’exerce au nom de l’Islam. «La France, mosaïque culturelle et cultuelle, Babel linguistique plutôt que tour d’ivoire, c’est ce à quoi nous aspirons pour que règne la félicité», dit-il.
S’inscrivant dans ce sillage, le successeur de Dalil Boubakeur assure déployer auprès de ses équipes toute son énergie pour prévenir toute forme de radicalisation et d’exclusion. Et d’ajouter : «Nous nous élèverons et combattrons toute tentative d’idéologisation de l’Islam qui ne peut conduire qu’au rabaissement de notre religion et à la désagrégation de notre société. L’Islam est un acte de foi régi par des préceptes religieux, une éthique, une spiritualité. L’Islam ne doit pas et ne saurait être au service des ambitions et stratèges politiques.»
Rappelant que le sectarisme et l’obscurantisme sont une atteinte révisionniste portée à l’Islam, il souligne qu’il ne faut pas permettre que «notre religion soit détournée de sa vocation pour servir des intérêts étroits et des visées obscures».
Ry. N.
