Les Nations-Unies viennent d'asséner un sérieux coup au Maroc. Des accusations portées par ce dernier à l'encontre du Front Polisario ont été démenties de manière catégorique par le porte-parole de l'institution.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Celui-ci a été chargé par le secrétaire général de l'ONU de rétablir la vérité lors d'un point de presse organisé vendredi. Face aux journalistes qui l'interrogeaient, il affirmait ainsi que la mission de l'ONU présente sur les lieux, à savoir la Minurso, «n'a observé aucun incident pouvant être considéré comme étant une violation selon les termes applicables».
Il indique, par ailleurs, que «les incidents identifiés comme étant des violations des accords applicables sont partagés avec les parties concernées pour leur action immédiate, un processus qui a été efficace pour prévenir des conflits et maintenir le cessez-le-feu. De telles violations sont également rapportées au Conseil de sécurité». Une journée plus tôt, le Maroc avait adressé une lettre au secrétaire général des Nations-Unies et au Conseil de sécurité dénonçant des «violations et provocations» émanant du Front Polisari. Selon l'AFP (Agence France Presse), qui affirme détenir une copie de cette lettre, la partie marocaine a fourni également des photos de manœuvres militaires menées par les soldats sahraouis dans la zone de Mheiriz et l'inauguration de locaux administratifs dans cette même zone. Les faits sont survenus le 6 janvier dernier. Le Maroc accuse aussi l'armée sahraouie d'avoir déployé des véhicules militaires le long de la zone tampon de Guerguerat. Ce dernier s'est donc empressé de dénoncer ces activités dans le même élan et selon les mêmes termes violents utilisés dans le passé dans des circonstances quasi-similaires. Cette fois seulement, l'ONU ne s'est pas contentée de tergiversations, elle a tenu à mettre fin immédiatement à ce qu'elle considéré à l'évidence comme étant de nouvelles manœuvres dilatoires. C'est une réaction à laquelle Rabat ne s'attendait certainement pas, habituée aux lourds silences, souvent complices, dans ce genre de situations. Force est de remarquer que le démenti onusien s'est fait entendre dans un contexte particulièrement favorable au Front Polisario compte tenu de la nouvelle volonté qu'affichent les Américains en faveur d'un règlement équitable et définitif du conflit du Sahara Occidental. Récemment, le chargé de la sécurité nationale aux Etats-Unis a dévoilé l'existence d'une nouvelle stratégie de Trump envers l'Afrique et indiqué qu'elle incluait la nécessité du règlement du conflit sahraoui. La Minurso (Mission des Nations-Unies pour le référendum au Sahara Occidental) devra rendre compte de ses activités pour l'organisation de ce référendum, a-t-il précisé quelques jours avant l'envoi d'une mission américaine dans les territoires occupés pour faire le point. Il faut enfin savoir qu'au cours de la semaine écoulée, la Chambre basse des Etats-Unis a dissocié le territoire du Sahara Occidental du Maroc lors du vote du budget annuel d'aide à apporter aux Sahraouis. Les événements paraissent s'accélérer. Le 29 janvier prochain, des consultations sur le sujet sont prévues au niveau du Conseil de sécurité.
A. C.
