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POUR AGRESSION, TRAFIC DE DOCUMENTS ET ABUS D’AUTORITÉ Mohamed Djemaï et son épouse à El-Harrach

Il était SG du FLN et ancien député réputé être sous la protection des cercles les plus influents au pouvoir, marié à une magistrate au parcours atypique parvenue à s'imposer au tribunal d'El-Harrach grâce à la protection que lui offrait son époux alors bien épaulé.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - M. et Mme Djemaï ont quitté la sphère des puissants et passent désormais leurs nuits en prison.
Ils ont été placés ce jeudi sous mandat de dépôt par le juge d'instruction du tribunal de Sidi M'hamed. Leur audition a duré plusieurs heures, nous dit-on.
L'ancien secrétaire général du FLN qui est arrivé au cours des premières heures de la matinée, a fait une entrée discrète au tribunal, mais il a été aperçu très tendu et nerveux dans l'attente de son entrée dans le bureau du procureur qui l'a convoqué. A la fin de l'audition, le procureur a décidé de transmettre sur-le-champ son dossier au juge d'instruction qui l'auditionne à son tour.
Les habitués des lieux affirment à ce moment que la procédure en cours ne laisse aucun doute sur l'issue de l'affaire. Le mandat de dépôt se confirme après plus de quatre heures passées entre les deux bureaux.
Le juge d'instruction a informé Mohamed Djemaï qu'il sera conduit en prison. La liste comportant les chefs d'accusation qui pèsent à son encontre est lourde : menaces, insultes, destruction de documents officiels, dissimulation de dossiers judiciaires et corruption. Non loin de là, son épouse est soumise à la même procédure. Il s'agit de la magistrate du tribunal d'El-Harrach relevée de ses fonctions pour usurpation d'identité et manquement aux devoirs de réserve. Son affaire a précipité la chute de Mohamed Djemaï. A son arrivée à la tête du ministère de la Justice, Belkacem Zeghmati décide de procéder à l’«assainissement» dans le corps des magistrats. Autour de lui, il fait savoir que la justice se doit de donner l'exemple et décide de commencer par les dossiers des personnes aux dossiers lourds. Amira Bouakkaz épouse du SG du FLN en fait partie.
Dans le milieu de la justice, elle est considérée comme faisant partie des juges ayant longtemps bénéficié d'une grande protection de parties au pouvoir. Son histoire est aussi connue par de nombreux collègues. Les faits remontent à quelques années de cela, lorsque le chauffeur de Mohamed Djemaï se fait agresser physiquement par son employeur. On dit alors que l'ex-SG du FLN avait agi sous l'emprise de l'alcool. La victime décide de porter plainte et livre sa version des faits avec force détails. La juge agit alors pour étouffer l'affaire et tente de retourner la situation contre le malheureux chauffeur.
Elle va même jusqu'à usurper l'identité d'une femme de ménage pour se faire examiner par un médecin légiste. Elle montre à ce moment des cicatrices et affirme avoir été agressée par le chauffeur de son époux ce qui a justifié la réaction de ce dernier. Décidée+ à ne pas abdiquer, la victime fait éclater la vérité en prouvant que les photos prises par le médecin légiste ne sont autres que celles de la juge. Djemaï sollicite alors un responsable politique bien en vue à cette époque et ce dernier contacte à son tour Tayeb Louh qui ordonne au juge en charge du dossier d'étouffer l'affaire. Mais les évènements qui secouent le pays depuis le 22 février changent toute la donne.
L'affaire finit par ressurgir. Une enquête approfondie est ouverte à l'encontre de la magistrate du tribunal d'El-Harrach. La mise en cause est inculpée sur la base de ses déclarations où elle reconnaît aussi l'implication de son époux. Ce jeudi, ils ont passé leur première nuit à El-Harrach.
A. C.

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