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MAROC-ALGÉRIE Mohammed VI : quel revirement !

Dans un contexte de tension extrême entre les deux pays, le roi du Maroc a prononcé un discours qui se veut apaisant en direction de l’Algérie, à qui il a consacré la moitié de son discours, soit 8 minutes sur les 16 qu’a duré son allocution.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Mohammed VI s’est exprimé ce samedi à l’occasion de la fête du Trône et son allocution traditionnelle s’est transformée en un véritable plaidoyer en faveur d’une accalmie dans les relations entre Alger et Rabat. Le roi, qui n’est pas apparu au plus haut de sa forme, a surtout consacré la plus grande partie de son discours à des appels à un retour à la normale en des termes empreints de messages de différents niveaux.
Le premier de ces messages est directement lié aux derniers événements qui ont exacerbé les tensions entre les deux pays et là on observe une grosse différence entre les faits très graves qui se sont produits et les propos tenus sur le sujet. « Vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc (…) la sécurité, la stabilité de l’Algérie, et la quiétude de son peuple sont organiquement liées à la sécurité et à la stabilité du Maroc », a-t-il déclaré. Ces mots qui se veulent rassurants sont inévitablement considérés comme étant la réponse attendue par Alger après la grosse provocation de Omar Hillal au sujet de la Kabylie.
Lors d’une réunion des non-alignés (en juillet dernier), le représentant permanent du Maroc à New York avait plaidé, dans une note officielle de son pays, « l’autodétermination de la Kabylie », ce qui a provoqué une forte réaction d’Alger qui a exigé de Rabat d’éclaircir sa position officielle sur le sujet. Dans un communiqué publié par le ministère des Affaires étrangères, Alger a exigé des explications qui ne sont jamais venues, ce qui a valu le rappel de l’ambassadeur d’Algérie au Maroc et un nouveau communiqué du MAE annonçant que l’Algérie se réservait le droit d’aller plus loin dans ses actions. Compte tenu de la gravité de la situation, Mohammed VI a tenu à répondre en personne à la demande algérienne en des termes qui désavouent également Omar Hillal, l’homme fort dans l’échiquier posé par le roi à l’échelle internationale, puisque son discours marque un net retrait par rapport aux propos de Hillal qui, lui, évoquait ouvertement « l’indépendance de la Kabylie ».
Le second message contient un appel à l'ouverture des frontières terrestres fermées en 1994 par l’Algérie en riposte à la décision de Rabat d’imposer un visa d’entrée à son territoire aux Algériens accusés d’être responsables des attentats terroristes de Marrakech.
«À sa plus proche convenance, déclare à ce sujet Mohammed VI, j'invite le Président algérien à œuvrer à l'unisson au développement des rapports fraternels tissés par nos deux peuples durant des années de lutte commune .» Mohammed VI insiste sur le sujet, il appelle à la « sagesse de l’Algérie » qui campe sur sa position. La sollicitation marocaine n’est pas une nouveauté, elle a même pris l’allure de supplication, de harcèlement permanent pour un changement de position d’Alger qui ne s’est pas laissé influencer en dépit de la suppression du visa en 2004 et du rétablissement des lignes aériennes entre les deux pays.
La question qui se pose bien évidemment depuis la prononciation de ce discours est le pourquoi de la volte-face marocaine, le pourquoi du changement radical du ton en provenance de Rabat qui a accéléré provocations et jeux dangereux tout au long de ces derniers mois. Ce que l’on peut dire aujourd’hui est que tous les spécialistes du dossier Algérie-Maroc s’accordent sur un constat : « Le Maroc a pour habitude de faire marche arrière, de se rétracter, peut-être tactiquement, lorsque l’Algérie perd patience et fait preuve de grande fermeté, l’histoire de ces deux pays est ponctuée d'événements de ce genre qui ne servent en fait qu'à apaiser une tension qui s’est trop exacerbée.»
Les spécialistes font une seconde lecture du discours prononcé à l’occasion de la fête du Trône. « L’allocution est traditionnellement très attendue par les Marocains, et elle l’était encore plus cette année puisque le roi, que l’on dit malade, était très peu visible, pratiquement inexistant au point où tous se demandaient qui gère encore ce pays englué dans des problèmes sérieux.
Le roi est finalement apparu mais lorsqu’il s’est exprimé, c’était, encore une fois, pour détourner l’attention de la situation interne, pour dire, une fois de plus, que l’Algérie est le problème essentiel, tout le paradoxe marocain est là », conclut-on.
A. C.

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