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CRISE PANDÉMIQUE DURABLE, CRISE ÉCONOMIQUE AIGUË, ASTHÉNIE POLITIQUE, STRESS HYDRIQUE ET SÉCHERESSE, MENACES GÉOSTRATÉGIQUES Renforcer la résilience nationale, une urgence absolue !

Par Noureddine Khelassi
«C’est dans l’urgence que les situations se débloquent. L’homme ne trouve de solutions que le dos au mur. Avant cela, il n’en trouve pas, ou s’il en trouve, il ne sait pas les mettre à exécution .» Cet aphorisme de l’écrivain chinois Yu Hua, auteur, entre autres, de Vivre et Un Monde évanoui, semble seoir parfaitement au contexte algérien. La situation globale en Algérie, de plus en plus complexe, est en effet caractérisée par des blocages multiples, sur différents plans et à divers niveaux. Et elle nécessite donc que les situations en question se débloquent, et dans l’urgence. Le romancier de Hangzhou, qui est un des auteurs chinois les plus traduits dans le monde, paraît traduire le cas algérien lorsqu’il dit que l’homme ne trouve de solutions que lorsqu’il est dos au mur, et que quand il en trouve, il ne sait pas les mettre à exécution. L’état des lieux général dans notre pays commande alors des solutions urgentes imposées par les menaces protéiformes internes et externes. Des solutions dessinant les contours clairs d’une vision, d’un cap, d’une partition musicale bien réglée, et exprimant une volonté politique puissante adossée à un consensus dynamique à l’intérieur et à l’extérieur du pouvoir, et disposant nécessairement de canaux de communication ouverts sur la société. Par-dessus tout, l’urgence absolue, c'est-à-dire l’impératif politique impérieux, c’est celle de l’amélioration la plus grande de la résilience nationale dans tous les domaines !
L’heure est grave car les périls sont nombreux, dont certains imminents. L’urgence n’est donc plus d’attendre, et l’idée d’introduire un peu de mouvement dans le statu quo politique ne suffit plus, car elle n’est pas à la mesure des grands défis qui se présentent au pays. Déjà nettement affaiblie du point de vue de ses forces vitales par les années de terrorisme islamiste et les deux décennies bouteflikiennes de désarmement de l’État et d’hémorragie de ses ressources financières, l’Algérie est confrontée présentement à une crise pandémique en développement exponentiel, une crise économique aiguë, une baisse drastique de ses ressources financières et une diminution impressionnante du pouvoir d’achat. Parallèlement aux risques d’instabilité sociale, au stress hydrique et à la sécheresse, aux menaces géostratégiques aux frontières et à l’effritement de notre influence diplomatique partout dans le monde, et en particulier sur les plans maghrébin, subsaharien et arabe. Et, cerise sur le gâteau des dangers présents, les points de fragilité et de névralgie de notre immunité numérique révélés au grand jour par l’emploi, à grande échelle, du super logiciel espion Pegasus, par un rival historique allié au grand ennemi stratégique du Monde arabe, Israël.
L’heure est par conséquent à la conduite des affaires publiques par un gouvernement qui ne serait pas seulement un cabinet de combat et de communication, mais un exécutif de résistance active, offensif et dynamique à souhait, chargé, en priorité absolue, de faire tout ce qui peut renforcer la résilience nationale, dans tous les secteurs de l’activité publique. Ce souhait de patriote n’est pas une simple vue de l’esprit, mais un postulat de base, une haute exigence patriotique commandée par la défense de l’État et l’essor du bien commun.
Du point de vue de l’extension du péril pandémique, il ne s’agit plus de réfléchir et d’agir sous l’angle étroit de la gestion régulière, mais de mettre en place les outils nécessaires de la résistance et du renforcement des capacités de résilience de notre système de santé. Lui éviter à tout prix le collapsus et le point de rupture irrémédiable. Comment faire dans ce cas ? En y associant activement le privé de la santé, jusqu’ici, à quelques rares exceptions près, cantonné dans une attitude d’égoïsme et de sordide mercantilisme, telle une hyène se gavant du sang de sa proie providentielle ! Définir de ce fait une nouvelle politique nationale de prévention et de prophylaxie, qui permet d’optimiser les modes de gestion (réactivité, planification, ventilation, prévision, facilitation, information, stocks stratégiques, flux tendus, etc) et d’anticiper les problèmes.
Sur le plan économique, mettre au point une politique encourageant et facilitant la production nationale, publique et privée, de toutes les matières vitales, notamment celles qui disposent d’une forte valeur ajoutée politique et sociale. Tels les produits alimentaires de base, ainsi que les services fondamentaux subventionnés par l’État qui jouent un rôle sensible dans la préservation de la paix sociale. Jeter en quelque sorte les bases solides d’une économie de guerre concentrée sur l’essentiel, c'est-à-dire animée du souci de préserver les économies en devises du pays, et qui taille dans le gras des dépenses publiques, en allégeant notamment le train de vie de l’État.
L’objectif final consistant à mieux affecter les ressources disponibles et rapidement mobilisables à ce qui est vital, et qui entre surtout dans le cadre du renforcement de la résilience nationale.

L’ANP au cœur de la résilience nationale
Au cœur de la nouvelle politique d’affermissement de la résilience nationale, l’Armée nationale populaire (ANP). Il est heureux de constater à ce sujet que le développement de l’outil de défense national et la professionnalisation de l’ANP, son corollaire naturel, n’ont pas pâti de l’entreprise de destruction méthodique des capacités de défense immunitaire du pays durant les années du terrorisme et pendant la période du bouteflikisme prédateur et déprédateur. Dans le cas contraire, le pays aurait été réellement en danger de mort, impuissant qu’il aurait été à faire face aux menaces domestiques et aux périls géostratégiques du moment. Fort heureusement, l’outil de défense national et de plus en plus performant, mieux adapté, plus cohérent et moins lourd dans son fonctionnement hérité des années de centralisation excessive. En termes de capacités opérationnelles, de mobilisation, de réaction et de projection, les acquisitions technologiques réfléchies et le niveau de leur maîtrise, révélés notamment à l’occasion des différents exercices tactiques et stratégiques des forces combinées, n’ont pas donné jusqu’ici motif à quelque inquiétude. Bien au contraire.
L’augmentation continuelle du potentiel militaire restera sans doute une grande priorité nationale. C’est une obligation forte qui fait partie du devoir patriotique d’amplification de la résilience nationale. Obligation d’autant plus puissante que toutes les frontières terrestres du pays sont désormais sources de menaces tactiques et stratégiques : à l’Est, au Sud et à l’Ouest, des conflits armés, de basse et de moyenne intensité qui menacent de devenir intenses et de déborder sur l’espace vital algérien. Sanctuariser davantage le territoire national et être en mesure de répondre, en temps réel, à tout type de menace, est à présent une tâche de tous les instants. Surtout que le voisin de l’Ouest, qui représentait jusqu’à une certaine date une menace militaire classique, est désormais l’allié stratégique de l’ennemi historique du Monde arabe. Un ennemi devenu le cerveau intelligent à peine caché du Makhzen qui redouble d’agressivité diplomatique, cybernétique et médiatique à l’égard de notre pays, tout en musclant son outil de guerre militaire classique et son dispositif cybernétique qui sont exclusivement orientés vers son voisin de l’Est.
Dans le domaine numérique, l’idée centrale du moment est de ne plus réfléchir en termes de vigilance, mais de penser d’une manière plus large, plus globale : guerre numérique qui introduit la notion de cyberdéfense et le concept de stratégie nationale pour la sécurité du numérique englobant indistinctement les domaines militaire et civil. Enjeu et priorité stratégiques, la cyberdéfence est garante de la souveraineté nationale.
Le ministère de la Défense nationale a indéniablement accompli des progrès en matière de protection dans le cyberespace, mais cela reste insuffisant. Enjeu militaire par excellence, la cyberdéfense ne doit pas être limitée au seul secteur militaire. Elle doit être une priorité gouvernementale. Une lutte informatique défensive et offensive de tous les moments. C’est que la garantie de la souveraineté numérique de l’Algérie constitue un nouveau défi pour la Nation comme pour notre armée. L’augmentation considérable des attaques informatiques en témoigne, comme en atteste, de manière encore plus spectaculaire, la récente et gigantesque opération d’espionnage numérique marocaine qui a choisi des cibles significatives dans tous les domaines de la vie publique et sociale dans le pays (Pegasus qui n’a pas encore révélé tous ses secrets).
Les armées du monde intègrent dorénavant le combat cybernétique comme un mode d’action à part entière, dont les effets se combinent à tous les autres dans une démarche globale, tout en continuant à distinguer le temps de paix du temps de guerre. La compétition féroce et la conflictualité élevée ne se limitent plus aux seuls milieux traditionnels : terre, mer, air et à l’espace pour les puissances spatiales. Elles se sont étendues à ce nouveau champ de guerre informatique au fur et à mesure que croissait l’utilisation des données numériques et les besoins de se renseigner sur les autres.

Défense du cyberespace et plus forte résilience face aux catastrophes
Le cyberespace est désormais envisagé comme arme d’emploi dans toutes les opérations, et à part entière. Partant de cette idée essentielle et de ce besoin vital, l’ANP gagnerait beaucoup à ne plus confier la vigilance, la défense et l’offensive numériques à ses seuls services de sécurité, de renseignement et de transmissions, sans action et structure ad hoc de coordination. Elle trouverait un avantage évident à dédier à la cyberdéfense un corps d’armée digne de ce nom, qui viendrait s’ajouter aux six corps classiques qui structurent notre corps de bataille. Le rôle majeur de la cyberdéfense militaire doit être solennellement consacré, c’est une évidence. Il doit donc trouver sa consécration dans les projets de programmation militaire, avec l’augmentation significative des moyens financiers et humains à hauteur nécessaire, impliquant notamment le recrutement du nombre indispensable de cyberguerriers et de défenseurs numériques, formés dans l’esprit de la lutte informatique défensive et la lutte informatique offensive.
Si la création urgente d’un corps d’armée voué tout entier à la cyberdéfense est impérieuse et vitale, elle ne serait cependant pas suffisante en soi. Son existence doit s’appuyer sur une stratégie nationale pour la sécurité du numérique, mobilisant activement tous les secteurs civils concernés à bien des égards. Cette stratégie nationale doit elle-même s’appuyer sur la transition numérique de la société algérienne dont les contours sont encore flous pour ne pas dire évanescents. Cette stratégie doit faire l’objet de travaux interministériels coordonnés par une future agence nationale de sécurité des systèmes informatiques, placée sous l’autorité directe du président de la République, mais qui, malheureusement, n’existe pas encore. Son existence répondra aux nouveaux enjeux inhérents aux évolutions fulgurantes des usages numériques et des menaces qui y sont liées. Avec cinq objectifs essentiels : garantir la souveraineté nationale ; apporter des réponses fortes contre la cybermalveillance ; informer le grand public ; faire de la sécurité numérique un avantage concurrentiel pour les entreprises algériennes et mieux renforcer la voix de l’Algérie à l’international. Avec une telle stratégie, l’État fort s’engage au bénéfice de la sécurité des systèmes d’information pour aller, par une réponse militaire et civile synchronisée, vers la confiance numérique nationale propice à la stabilité de l’État, au développement économique et à la protection des citoyens.
Enfin, forcir la résilience nationale signifie, d’autre part, la réduction substantielle des risques d’exposition du pays aux catastrophes naturelles et industrielles. Cela implique, par conséquent, d’améliorer considérablement la gestion (actuelle) des risques de catastrophes (GRC), en mettant davantage l’accent sur le développement des capacités locales et le savoir-faire technique pour la réduction des risques de catastrophes (RRC). On se demande aujourd’hui pourquoi l’Algérie, en dépit de l’élargissement des capacités institutionnelles et réglementaires destinées à faire face aux conséquences des dangers naturels et industriels, n’arrive pas encore à construire une vraie solide résilience et réduire sa forte vulnérabilité. Pour atteindre plus ou moins ces deux objectifs, à moyen et long terme, les pouvoirs publics devraient notamment songer à la création d’un grand ministère de gestion et de réduction de risques de catastrophes pour mieux en juguler les inéluctables effets dévastateurs sur les populations.
N. K.

 

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