Actualit�s : Fatale pour Mohammed Benchicou et “Le Matin”

Trois faits ont particuli�rement marqu� le collectif et la vie du journal Le Matin au cours de l’ann�e qui se termine. Trois dates que l’ensemble de la corporation ne devrait pas oublier : l’incarc�ration de Mohamed Benchicou le 14 juin, la mise sous scell�s du si�ge du Matin le 21 juin, et la suspension du titre, le 24 juillet 2004. Le directeur et la publication qu’il dirige paient leur ligne �ditoriale jug�e excessive, mais aussi leur choix politique lors des �lections pr�sidentielles d’avril dernier.
Sa�da Azzouz- Alger (Le Soir) �Je comprendrais les coll�gues qui formuleraient le souhait de quitter le journal, parce qu’il faut s’attendre � une s�v�re r�pression. On va continuer � travailler normalement avec la m�me libert� de ton et la m�me ligne �ditoriale, en restant fid�le au mouvement de revendication citoyenne et syndicale… Je ne sais pas combien de temps on va pouvoir travailler, mais il faut s’attendre au pire, du jour au lendemain �, affirmait Mohamed Benchicou lors de la r�union de r�daction qu’il a tenue au si�ge du journal � la Maison de la presse le samedi 10 avril 2004. Soit deux jours apr�s la r��lection de Abdelaziz Bouteflika. Deux mois plus tard, le 14 juin, hasard du calendrier, jour du 3�me anniversaire de la marche des arouch sur Alger, Mohamed Benchicou comparaissait devant le tribunal d’El- Harrach pour infraction � la r�glementation des changes. Pour cette affaire, dite des bons de caisse, il est condamn� � deux ans de prison ferme, avec mandat de d�p�t et une amende de trois milliards de centimes. Un s�isme pour sa famille, ses confr�res, ses coll�gues du journal Le Matin et ses avocats. L’auteur de �Bouteflika, une imposture alg�rienne�, mis sous contr�le judiciaire le 23 ao�t 2003, pour possession de bons de caisse suite � son interpellation � l’a�roport, est incarc�r� � la prison d’El-Harrach le jour m�me du proc�s. Un proc�s programm� une premi�re fois le 30 mai est renvoy� au 14 juin en raison de l’absence de la partie civile. La cour d’appel d’Alger confirme le jugement rendu par le tribunal d’El-Harrach le 11 ao�t. De l’avis de nombreux avocats, le directeur du journal Le Matin a �t� condamn� �pour une infraction absolument inexistante ; le principe de l�galit� en droit p�nal exige imp�rativement qu’un acte soit qualifi� d’infraction par la loi pour �tre sanctionn� dans les limites l�galement d�termin�es. Les avocats de la d�fense ont d�montr� � l’envi, face � une accusation inconsistante et une partie civile quelque peu path�tique et dont on avait du mal � comprendre le pr�judice subi, que la l�gislation sur le change et les mouvements de capitaux �tait inapplicable en l’esp�ce � Comme l’�crivait le 6 septembre dernier dans les colonnes du Soir d’Alg�rie ma�tre Moncef Benouniche. �C'est tellement vrai que jamais, au grand jamais la justice alg�rienne n'a poursuivi quiconque pour non-d�claration de bons de caisse. Blanchi sous le harnais de la jurisprudence, de la doctrine et du droit compar�, je n'ai jamais, au grand jamais rencontr� un cas de cette nature dans tout l'univers. C'est donc dans le plus strict respect de la l�galit� que la police des fronti�res n'a pas proc�d� � la saisie des bons de caisse trouv�s sur Mohamed Benchicou � son arriv�e � l'a�roport Houari-Boumediene le 23 ao�t 2003 vers 15 h 30, pas plus qu'elle ne l'a conduit au bureau des douanes pour constater l'infraction�, soulignait quant � lui ma�tre Miloud Brahimi dans une lettre ouverte au ministre de la Justice publi�e le 20 juin dernier, soit six jours apr�s le jugement rendu au nom du peuple alg�rien et l’incarc�ration de Mohamed Benchicou � la veille de la mise sous scell�s du si�ge social de la SARL Le Matin, et ce, apr�s trois infructueuses tentatives de vente aux ench�res. Le patrimoine du Matin, une b�tisse de plus de quatre �tages qui se situe � Hussein-Dey, est c�d� quelques jours plus tard pour la modique somme de 21 millions de dinars. Le Matinavait �t� frapp� d’un redressement fiscal de 92 millions de dinars. Chiffre qu’il a contest� en vain aupr�s des imp�ts. Le 20 juillet, Simpral somme le journal de payer un arri�r� de trois mois, sous 48 heures, faute de quoi le titre serait suspendu. Il le sera le samedi 24 juillet et le reste � ce jour. Bien qu’en prison, Mohamed Benchicou, comme avant son incarc�ration, ne cesse d’�tre poursuivi pour diffamation et offense au pr�sident de la R�publique. Comme avant, il passe son temps entre le tribunal, le juge d’instruction et les agents de police qui vont jusqu’ � l’interroger en prison. Difficile de compter le nombre de condamnations pour diffamation et offense au pr�sident dont a �cop� Mohamed Benchicou et ses journalistes. Le Matin n’a pas surv�cu aux pressions de ses partenaires commerciaux, � celles du fisc et de l’appareil judiciaire tout cela pour avoir �r�v�l� l'affaire Sadaoui, pour avoir d�voil� le pass� de tortionnaire de Nouredine Zerhouni, pour avoir fait parler un v�t�rinaire jet� en prison � la place d'un couple d'amis de Bouteflika, pour avoir d�voil� les d�tournements dans Sonatrach, pour avoir d�couvert que l'argent du Tr�sor �tait utilis� par Bouteflika pour l'achat d'un ranch � Abu Dhabi et celui de Khalifa pour l'acquisition d'un appartement � Paris. Nous serons suspendus pour avoir dit la v�rit� � nos lecteurs et nous ne le regrettons pas�, �crivait, dans une de ses chroniques, Mohamed Benchicou.
S. A.

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