La prestation médiatique, dimanche, du secrétaire
général du Front de libération nationale Amar Saâdani a renforcé
l’interrogation plus qu’elle n’a apporté de réponse autour de la
candidature ou pas de Bouteflika. Le suspense n’a pas pris fin en
l’entendant claironner que le chef de l’Etat est toujours le candidat du
FLN. Bien au contraire.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir)
«Pour nous, Bouteflika est
candidat à l’élection présidentielle», a répété encore dimanche Amar Saâdani, mais sans toutefois donner d’indices à même d’appuyer son
assertion. Pour lui, on ne démontre pas les évidences.
Or, la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat est tout sauf
évidente, notamment au vu de l’image dans laquelle il était apparu le 30
décembre dernier lors de la cérémonie de signature de la loi de finances
2014. Victime d’un AVC le 27 avril 2013, qui lui a valu une longue
hospitalisation dans deux grands hôpitaux français, le Val-de-Grâce et
les Invalides, Bouteflika observe, depuis le 16 juillet, date de son
retour d’hospitalisation, une quasi-stricte convalescence. Il ne s’est
rendu à son bureau à la présidence de la République qu’à deux reprises.
Ailleurs, cela lui aurait valu déclaration d’empêchement pour incapacité
à assumer ses charges présidentielles.
Et pour durable qu’elle est, sa convalescence devrait normalement
l’inciter à prendre sa retraite politique. Mais il ne semble pas s’y
résoudre. Du moins, depuis son ermitage, il ne laisse rien échapper qui
trahirait sa véritable intention. Il laisse le mystère planer, assuré
que, parmi ses courtisans invétérés, il s’en trouve toujours qui aura
suffisamment d’endurance pour jouer continuellement la sérénade autour
de sa candidature.
Et en la matière, Amar Saâdani a du métier. Il sait jouer de rythmes
entraînants. Cependant, à quelques jours de la convocation du corps
électoral, la galerie ne s’amuse plus. Saâdani manque de convaincre,
tant, au fil du temps, il paraît lui-même peu sûr de ses prophéties.
Dimanche encore, il était incapable de dire plus qu’exprimer le vœu de
voir Bouteflika rempiler. «Jamais le Président n’a dit qu’il ne se
représentera pas», a-t-il dit.
Il est aisé de lui rétorquer qu’il n’a pas dit aussi qu’il se
représentera. La seule explication à cette formule mal assurée du
secrétaire général du FLN est qu’aucune des différentes options
envisagées par le système n’est définitivement tranchée.
L’attitude de Bouteflika produit de l’énergie que le clan présidentiel
exploite à son profit pour équilibrer l’équation présidentielle telle
qu’il l’entend, c'est-à-dire peser, à défaut de la reconduction du
Président sortant, sur le choix du profil de substitution.
Ce qui ne se passe pas sans tiraillements au sommet. L’enjeu est
important. Cet affrontement au sommet est trahi, au demeurant, par
l’accusation de Saâdani à l’encontre des redresseurs du FLN. Selon lui,
ses adversaires au sein du parti agissent pour le compte d’une force
tapie dans l’ombre. «Ce sont des chargés de mission. Celui qui leur a
donné mission m’entend et il sait que je parle de lui.» Qui agiterait
les redresseurs du FLN ? A quelle autre fin que celle de dégommer
Saâdani ? La finalité de cette agitation est de gêner Saâdani et donc de
perturber la mission qui lui est dévolue.
Et quand on sait que sa mission est de plaider la reconduction de
Bouteflika, on comprend de suite que les redresseurs jouent une autre
carte. Laquelle ?
S. A. I.