Par Maâmar Farah
Enfin, elle se manifeste ! Préoccupée par la maladie de sa vache
Sarhouda, qui est devenue folle et a bouffé tous les pantalons de tonton
Lekhmissi, en les happant directement du fil tendu entre deux arbres où
Tata a l'habitude de sécher son linge. Cet épisode est évidemment
largement commenté au cours du coup de fil de ce matin :
- En Europe, ils ont eu leurs vaches folles dans les années 1990. On est
toujours en retard. C'est comme pour la démocratie. Au fait, que fait
une trotskiste chez le chef des armées ? Là, nous sommes les premiers à
le faire...
- Oui...
- Et ce patron du parti institutionnel du pouvoir qui critique vertement
les services de renseignement ! C'est du jamais vu !
- Oui...
- Et cet ancien ministre qui dit ouvertement que le chef dudit parti est
intervenu auprès de lui pour soustraire un citoyen à la justice(*) !
C'est le comble !
- Oui...
- Et ce Président qui ne parle plus, ne bouge plus beaucoup et
n'apparaît qu'une fois toutes les deux semaines, recevant des
délégations étrangères ; ce Président invisible qui veut, à ce qu'on
dit, se représenter, c'est pas habituel...
- Oui...
- Et ce frère du Président qui joue un rôle capital à la tête de l'Etat,
qu'en penses-tu ?
- Tata, il aurait pu devenir président si cette pimbêche d'idiote de
policière communale n'avait pas giflé feu Bouazizi à Sidi Bouzid !
- Pourtant, chez nous, un commandant de gendarmerie a brutalisé la frêle
Ikram Ghioua, journaliste de son état...
- Oui mais Ikram ne s'est pas immolée ! Dis-moi, tonton n'a rien dit à
propos de ses pantalons ?
- Il a immolé la pauvre Sarhouda et, comme dirait Slim, il faut
s'attendre à une réaction en chaîne des bovins. J'entends déjà des «Meuuuuuuuuuuuuuh,
votez pour moi !»
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* Vive le parquet de Milan !