L’après-17
avril sera certainement fait de la remontée en surface des conflits
organiques qui ont marqué, tout au long de l’année 2013, le FLN et le
RND. Les inimitiés, tues l’intervalle d’une élection présidentielle,
pourraient également marquer la relation DRS-ANP. Abdelaziz Bouteflika,
reconduit dans sa fonction de chef de l’Etat, sera forcément astreint à
des arbitrages.
Sofiane Aït Iflis - Alger (Le Soir) - L’approche de l’élection
présidentielle avait sonné une sorte d’armistice sur l’ensemble des
fronts qu’animaient, outre les encartés du FLN et RND, les militaires
que les sorties tonitruantes d’un Amar Saâdani départageaient en
soutiens et opposants au 4e mandat de Bouteflika. La reconduction de
Bouteflika étant chose faite, d’aucuns s’attendent à voir se réanimer
tous ces fronts. A commencer par les conflits organiques qui minent les
deux partis pivots de la coalition gouvernementale, lesquels ne
tarderaient pas à ressurgir de nouveau. Déjà, l’on sent d’ailleurs, les
redresseurs du FLN reprendre du poil de la bête et se préparer à un
nouvel assaut contre le secrétaire général qu’ils n’ont pas perdu de vue
mais à qui était laissée l’opportunité d’apporter sa contribution à la
réélection de Bouteflika. Les redresseurs du FLN, contrairement à
l’avant-présidentielle, devront désormais faire avec une donne
inattendue : la remise sur orbite politique d’Abdelaziz Belkhadem,
rappelé à la fonction officielle en qualité de ministre d’Etat,
conseiller personnel du Président. Abderrahmane Belayat et compagnie
auraient déjà compris que la bataille de redressement du FLN est plus
compliquée qu’ils se l’étaient imaginée, avec le retour aux affaires
d’un Belkhadem contre qui ils avaient longuement et ardemment ferraillé.
En travaillant à déloger Amar Saâdani, ils prennent le risque de faire
de la place pour Belkhadem qui, non seulement n’a jamais digéré son
éviction mais aussi et surtout se sent fort de la confiance de
Bouteflika pour vouloir récupérer son fauteuil. Et c’est à Bouteflika
qu’il reviendra forcément d’arbitrer entre ces ambitions qui font florès
au sein du FLN. Bouteflika aura certainement du mal à trancher, tant est
que les rivaux qui se disputent le FLN ont tous contribué à sa campagne
électorale. Si les partisans de Belayat, moins présents dans la campagne
électorale, ne doivent pas trop espérer quelques verdicts favorables,
les Saâdani et Belkhadem si, étant donné qu’eux ont été logés à
meilleure enseigne par le clan présidentiel qui les a associés à
l’animation de la campagne électorale. La situation diffère un peu
s’agissant du RND, puisque le conflit organique met aux prises non point
trois entités mais deux courants : les partisans d’Ouyahia et les
adeptes de Bensalah. Ces derniers avaient d’ailleurs un peu trop vite
célébré l’enterrement politique de l’ancien secrétaire général du parti,
qu’ils voyaient parti pour une longue traversée du désert. Au final,
point de tout cela : Ouyahia en est revenu dans des fonctions
importantes mais surtout qui supposent aval et confiance du Président.
Le repêchage d’Ouyahia pourrait donner des idées à ses partisans au sein
du RND qui voudraient bien renverser les équilibres au sein du parti.
Mais, comme pour le FLN, l’aboutissement de leurs éventuelles actions
dépendra de l’appréciation qui en sera faite par Bouteflika. Un autre
arbitrage pour un Président dont les manœuvres auront démultiplié les
situations de conflits. D’entre elles, et de loin la plus importante,
celle qui a induit la dichotomie entre le DRS et l’état-major de l’ANP.
Là, l’arbitrage sera des plus délicats, tant est que les
restructurations opérées par Bouteflika au sein du DRS ont été
ressenties comme des entailles douloureuses au sein des services de
renseignement. Des restructurations qui ont provoqué une situation
d’équilibre instable auquel Bouteflika est appelé à remédier. Comment et
au profit de qui ? Là est la grande question. Des conflits que
Bouteflika devra régler, d’une manière ou d’une autre, auront une
directe relation avec ses projets immédiats, en premier chef la révision
de la Constitution et l’institution du poste de vice-président. L’idée,
faut-il le dire, suscite déjà des convoitises.
S. A. I.