La ministre de la Culture met à exécution sa menace
d’il y a une dizaine de jours contre la secrétaire générale du PT. Nadia
Labidi est, en effet, passée à l’acte, jeudi dernier, en déposant une
plainte contre Louisa Hanoune pour «diffamation».
M. Kebci -Alger (Le Soir)
Une première dans les annales du pays, une ministre de la République
dépose une plainte contre une personnalité qui plus est, se trouve être
un chef de parti et des plus proches du président de la République.
«Comme je l'avais annoncé, j'ai demandé à mes avocats de déposer une
plainte pour diffamation contre Mme Louisa Hanoune», écrit Nadia Labidi
dans un communiqué, précisant que «cette plainte a été déposée le jeudi
7 mai auprès du tribunal de Sidi-M'hamed».
Une ministre qui ne fait que passer à l’acte, son «avertissement» sous
forme d’une «lettre» qu’elle lui a envoyée il y a quelques jours,
n’ayant visiblement pas trouvé «écho favorable» auprès de la patronne du
PT. Dans cette missive, Labidi invitait Hanoune à «se dédire et à
retirer ses accusations sous peine de poursuite judiciaire».
Bien au contraire, cette lettre n’a fait «qu’attiser» davantage
«l’appétit» de la secrétaire générale du PT et de ses députés qui se
sont, alors, mis à brocarder la ministre de la Culture. Profitant des
débats en plénière à l’APN autour du projet de loi relatif aux activités
et au marché du livre, bien des parlementaires du PT ont eu à multiplier
les accusations de «dilapidations des deniers publics et de conflits
d’intérêts» contre Labidi.
Cette dernière est accusée notamment de «se servir» en finançant des
projets de son agence, Procom Production. Des actes relevant de conflits
d’intérêts à greffer à d’autres «griefs» dont le financement de projets
d’amis et de proches et d’associations dont elle serait membre.
Autant d’accusations auxquelles la ministre de la Culture a riposté,
affirmant qu’elle a eu à céder à son mari et à son père, quelques
semaines avant son intronisation comme ministre, sa «petite société».
Une réplique visiblement «molle» qui n’a pas été pour faire baisser la
tension puisque la secrétaire générale du PT a poursuivi ses attaques
contre la ministre cataloguée, désormais, dans le registre des
«oligarques» qui tentent, selon Hanoune, de «gangrener les institutions
du pays».
Elle l’a même «défiée» d’aller en justice, manifestant sa disponibilité
à se dessaisir de son immunité parlementaire, affirmant avoir «les
preuves de ses accusations».
Un «défi» que Labidi vient, donc, de relever en s’en remettant à la
justice. Une démarche dont on prend acte au niveau du PT. «Nous prenons
acte de cette plainte qui engage le gouvernement et le président de la
République qui l’a nommée car la ministre de la Culture n’est pas une
personnalité indépendante», dira d’emblée un membre du bureau politique
du parti. Comme pour signifier que la ministre de la Culture n’aurait
jamais agi de la sorte si elle n’avait pas eu le quitus du haut-lieu,
notamment le Premier ministre et le chef de l’Etat dont Hanoune est
réputée pourtant d’être une proche.
Mais qu’à cela ne tienne, ajoutera Ramdhane Taâzibt, «notre secrétaire
générale est prête à se dessaisir de son immunité parlementaire pour
répondre à la convocation de la justice».
Ce que même les députés du PT sont prêts à faire, eux, qui ont «apporté
les preuves des malversations et des conflits d’intérêts de la ministre
de la Culture», précisera, enfin, notre interlocuteur.
M. K.