Actualités : DES PARTIS VOIENT UNE SIMILITUDE ENTRE LA CRISE TUNISIENNE ET
ALGÉRIENNE
«Nous allons vivre des moments difficiles»
L’incapacité du
gouvernement tunisien à endiguer la crise socio-économique a de nouveau
plongé la Tunisie dans une phase d’instabilité qui s’est exprimée par un
important soulèvement populaire. Des émeutes, parfois violentes, ont
très vite progressé à travers toutes les villes du pays. Une nouvelle
révolution aux portes d’une Algérie enlisée elle aussi dans des
problèmes économiques similaires qui font craindre que l’exemple
tunisien fasse tache d’huile. L’avis des personnalités politiques
interrogées laisse très peu de doutes sur la question.
Que se passe-t-il d’abord en Tunisie ? Il faut savoir que ce pays, en
proie à une sévère crise économique, est secoué depuis plusieurs jours
par de violentes manifestations. Les manifestants réclament du travail
et de meilleures conditions de vie. D’où est partie la colère ? De cette
même ville, Kasserine où ont éclaté les premières émeutes de 2011 ayant
conduit à la célèbre révolution du jasmin. Un jeune Tunisien de 28 ans,
Rédha Yahiaoui, s’est donné la mort par électrocution pour dénoncer
l’injustice dont il avait été victime de la part d’un haut fonctionnaire
de l’administration qui a éliminé sa candidature à un emploi de la
fonction publique au profit d’une autre personne. Sa candidature avait
été déposée suite à un concours public. Très vite, la nouvelle fait le
tour de Kasserine. La ville s’embrase en dépit de la décision de limoger
l’auteur de l’injustice. La colère se propage un peu partout en Tunisie
et gagne y compris la capitale où se déclenchent de violents
affrontements entre les manifestants et la police. Vendredi, les
autorités tunisiennes ont été forcées de décréter un couvre-feu allant
de 20h à 5h du matin. Réagissant à ces évènements, le secrétaire général
du syndicat tunisien a tenu à rappeler les mises en garde lancées au
cours de ces dernières années et les appels lancés en vue d’une prise en
charge sérieuse du dossier du développement et de l’emploi. Il ne faut
pas s’en cacher. La situation qui prévaut en Tunisie est similaire sur
beaucoup de points avec celle qui existe dans notre pays. La crise
économique qui frappe de plein fouet l’Algérie, les retombées de la loi
de finances 2016 et l’aggravation des conditions sociales des Algériens
sont au cœur de tous les discours des partis politiques et associations.
Trois partis, Jil Jadid, le RCD et le Parti des travailleurs ont analysé
pour nous la situation et donnent un avis très éloquent sur les risques
similaires qu’encourt notre pays. Sofiane Djillali estime ainsi que
«toutes les conditions sont aujourd’hui réunies pour donner lieu à un
éclatement». L’Algérie, dit-il, est «atteinte de maladie à plusieurs
foyers» au point où «le gouvernement a pris sans l’annoncer, la décision
de reporter l’augmentation des factures d’électricité à plus tard, en
avril probablement. Cette décision a été prise car les autorités ont eu
un retour d’écoute très inquiétant, très mauvais ». Le leader de Jil
Jadid poursuit : «Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour
aller vers un éclatement. La situation est intenable pour les Algériens.
Nous sommes au tout début d’un processus qui aboutira incontestablement
vers la contestation. » Le RCD lui estime que l’Algérie est déjà «en
plein processus d’émeutes». Pour M. Maâzouz, «nous vivons une
contestation quotidienne. Les derniers exemples ont eu lieu à Batna,
Sétif, Annaba où des émeutes ont éclaté. Sur le front social, la
contestation est partout et les répercussions de la loi de finances 2016
se font déjà sentir. En face, poursuit- il, nous avons un pouvoir qui
n’écoute pas (…) Oui les menaces sont sérieuses, nous allons vivre des
moments difficiles». Enfin, le Parti des travailleurs (PT) s’est exprimé
sur la question par la voix de M. Taâzibt estimant là aussi que «notre
pays est malheureusement dans le même cas que la Tunisie. Plusieurs
régions du pays enregistrent des soulèvements contre la rupture avec la
privatisation. Des wilayas sont secouées par des émeutes, des
protestations liées au refus de la loi de finances 2016, je pense que
cela ne s’arrêtera pas là si rien n’est entrepris». Depuis plusieurs
jours, des réactions sont enregistrées un peu partout à travers le pays
suite à la hausse des prix. On se souvient que dimanche dernier
plusieurs centaines de personnes avaient pris part à une marche contre
la cherté de la vie à Tigzirt, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Au même
moment, des échos des manifestations qui secouaient la wilaya de Batna
se faisaient de plus en plus forts. Plusieurs localités de cette zone,
Ksar Bellezzema, Oued El Maa, Marouana et Ras El Aayoune ont été le
théâtre d’affrontements violents entre les forces de l’ordre et les
manifestants qui tenaient ainsi à réagir suite à une rumeur faisant état
de la délocalisation d’un projet de construction d’une centrale
électrique de Batna vers une autre wilaya. Les esprits n’ont retrouvé
leur calme qu’après un démenti des autorités concernées.
A. C.
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