Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
Courrier de lecteur
Par Malika Boussouf
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Il est des matins comme ça où je sais très vite que je vais devoir
faire avec la culpabilité que je ressens à chaque fois que je reçois un
courrier de lecteur qui me confie sa déroute. Comment trouver le
meilleur moyen de se solidariser avec le désespoir des autres ? Je
propose de partager le message, histoire d’offrir un autre regard sur la
vie de tous les jours à ceux qui pensent, peut-être, que j’en renvoie
une image trop négative. Jugez-en par vous-mêmes.
«Je suis un lecteur de l’Est algérien (Mila) et un assidu du Soir
d’Algérie que j’apprécie pour la pertinence de ses analyses et son sens
de l’objectivité… Je m’adresse à vous, Madame, après maintes réflexions
et après avoir acquis la certitude que l’Algérie se porte mal et
surtout, après avoir constaté que ses enfants sont livrés à eux-mêmes et
perdus à tout jamais. Parmi eux, je citerai le cas de votre
interlocuteur, moi-même, 47 ans, toujours célibataire. Pas de femme. Pas
d’enfants. Pas de logement. Pas d’amis. Je vis un véritable désastre
dont je suis le seul à mesurer la portée et surtout à en subir les
effets. Les années passent et se ressemblent sans que je puisse
rectifier la trajectoire de ma triste vie, dans le bon sens. Dans ce
pays, toutes les portes sont closes. Il n’y a que l’argent qui puisse
les ouvrir. Pour trouver un travail, il faut soudoyer. Pour aspirer à un
toit décent, il faut disposer d’un compte, de préférence bien garni, ou
être appuyé par une personne influente. J’ai contacté beaucoup de gens.
La quasi-totalité m’a déçu et ignoré. On s’empresse de rendre service à
une personne fortunée et aisée mais les démunis dans mon genre, on les
dédaigne et méprise. Bref, désappointé et trompé par mes congénères, les
hommes, j’ai décidé, aujourd’hui, et par le biais de cette lettre que je
vous envoie, Madame, de tenter ma chance auprès de la gent féminine dont
vous êtes la digne représentante et le parfait exemple de réussite dans
un univers où il n’est pas facile de se faire une place. J’ai espoir que
mes appels à l’aide… trouveront une oreille attentive et connaîtront une
suite favorable de votre part ou par votre intermédiaire…»
A suivre...
M. B.
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