Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
«Le Silence des Eglises» !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où lorsque vous commencez à regarder un film
et que des nausées vous étouffent à moitié, vous vous interdisez, quand
même, d’aller voir ailleurs ou carrément de décrocher. Parce que quelque
part au fond de vous, vous pensez que refuser de s’impliquer dans un
combat qui vaut la peine d’être regardé de plus près est
incontestablement injuste pour ne pas dire culpabilisant. Faire dans le
déni ou tenter d’échapper à une situation moralement inconfortable est,
pourtant, plus courant qu’on ne le croit.
Il y a quelques jours, je suis tombée sur le début d’un long métrage
dont le titre, «Le Silence des Eglises», annonçait la couleur sans
vraiment éclairer sur la suite. J’avoue cependant le mal que j’ai eu à
tenir jusqu’au bout. Les violences sous-entendues m’ont tellement
écœurée que j’ai renoncé à suivre le débat programmé en prolongement de
l’horreur condensée qui l’avait précédé.
La force de l’un, le religieux lubrique, confrontée à la fragilité de
l’autre, un enfant qui n’ose rien dire parce que l’on ne dénonce pas un
prêtre et parce que la parole d’un adulte prime toujours sur celle d’un
enfant. Comment, en effet, douter des intentions d’un homme d’Eglise ?
Comment décrire le dégoût éprouvé à regarder cet homme partager le lit
d’un enfant, balader une main suspecte sur le corps frêle avec la
bénédiction d’une maman qui lui aurait donné le bon Dieu sans confession
?
D’autres questions se bousculent. Comment peut-on faire vœu de chasteté
et céder à la tentation de la chair ? Une fois adulte et avant même
d’avoir la force de laisser le passé refoulé ressurgir et s’imposer au
présent, le jeune garçon se vit plus souvent non pas comme une victime
mais comme le complice de l’homme d’Eglise. Et c’est cette honte-là qui
le ronge jusqu’au jour où quand il ne se donne pas la mort, quand il ne
décide pas de s’en prendre physiquement au prêtre qui a abusé de son
innocence, il choisit de passer aux aveux. Que vaut la réputation d’une
institution qui protège ses hommes et nie les abus et les cris de
révolte de ses enfants ? Si elle se construit sur le silence d’un
équilibre à jamais perdu ?
M. B.
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