Actualités : FLN
Saâdani charge le général Toufik et Belkhadem
C’est à partir de
l’hôtel Ryadh, à Alger, que le très attendu secrétaire général du FLN,
Ammar Saâdani, a donc effectué, hier mercredi, sa véritable rentrée,
après quatre mois d’absence. «Je me suis absenté un mois, et,
aujourd’hui, je vais parler ouvertement » avertira-t-il d’emblée, face à
une assistance composée des mouhafedhs ainsi que des cadres supérieurs
du parti et de l’Etat.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Outre une centaine de mouhafedhs, en
effet, l’on comptait parmi l’assistance presque un tiers des membres de
l’actuel gouvernement de Abdelmalek Sellal, en plus de hauts cadres
comme le secrétaire général de la présidence de la République, Haba Okbi,
le conseiller du président de la République, Benamar Zerhouni, ou encore
le directeur d’Air Algérie et bien d’autres. Ne manquaient à l’appel que
le ministre de la Justice, Tayeb Louh et, surtout, le ministre du
Tourisme, Abdelouahab Nouri, ainsi que le président de l’Assemblée
populaire nationale, Larbi Ould Khelifa. La sortie de Ammar Saâdani
était d’autant plus attendue par l’opinion que l’homme, connu pour ses
déclarations fracassantes et dévastatrices, n’est plus apparu en public
depuis fin mai dernier, pratiquement. «Je dirai tout mercredi», avait-il
promis dimanche dernier lors d’une sortie inhabituellement «pacifique».
Et, effectivement, il reprend avec son discours. «Ceux qui misent sur
l’échec du FLN se trompent. Je m’adresse à ceux qui veulent mettre le
FLN au musée. Eh bien, qu’ils sachent que ce sera eux qui le seront.»
Avec un mépris royal, il citera le fameux groupe des 14, composé
d’anciens membres de l’ALN comme Fatma- Zohra Drif, le Commandant
Azzedine, etc. «Ces 14 ou 19 ou 12, ou je ne sais quoi encore, ne sont
en réalité qu’une seule et unique personne. C’est cette même personne
qui se prend pour Dieu !» Un peu plus loin, il nommera carrément sa
cible : «Vous savez qui est derrière ce groupe des 14 ? C’est Si
Toufik.» Encore une fois, l’ancien patron des services, le général
Mohamed Médiène, est accusé d’être derrière tous les maux du pays par
Saâdani. «Derrière tout cela, il y a Si Toufik. C’est lui qui rédige
toutes les lettres. Vous savez pourquoi ? Car c’est lui qui est le pivot
des officiers de la France en Algérie. Aujourd’hui, il faut dire la
vérité et cette vérité, il n’y a que le FLN qui peut la dire. Il est le
meneur des officiers de l’armée que la France a implantés en Algérie. Ce
sont ces mêmes officiers qui ont fomenté un coup d’Etat contre le FLN en
1988 et qui ont géré toutes les périodes de transition. Ce sont les
représentants de la France en Algérie. Mais après la venue du Président
Bouteflika, que reste-t-il à la France en Algérie ? A la présidence de
la République ? Il y a un Président moudjahid. A la tête de l’armée ? Un
autre moudjahid. A la tête des services de sécurité ? Un patriote qui,
d’ailleurs, connaît tout sur chacun d’entre eux.» Après un long
réquisitoire contre la France, chose du reste inhabituelle chez lui,
Saâdani revient à la charge : «C’est Si Toufik qui est derrière un
certain Nekkaz. Il l’a ramené de France pour parasiter la présidentielle
et la candidature de Bouteflika. Comme par hasard, dès qu’il y a un
foyer de tension, Si Toufik y dépêche Nekkaz. C’était le cas à Ghardaïa,
puis, Ouargla, puis In Salah, etc.» Le général Toufik ne sera,
toutefois, pas la seule cible du jour pour Ammar Saâdani. Il consacrera,
en effet, quelques phrases d’une rare violence pour son prédécesseur et
ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Il y a aussi des
militants traîtres, des militants au FLN qui sont les représentants de
la France. A leur tête, ce Belkhadem. Vous voulez savoir qui est ce
Belkhadem ? Vous n’avez qu’à vous rendre chez lui, dans son village à
Aflou, et vous verrez que sa famille est composée de traîtres qui
servaient la France. Voyez également qui le soutient au FLN. Pour cela,
il faut vous rendre à Barika, à Biskra. Tous issus de familles de
traîtres. Ce Belkhadem est un vrai charlatan. Il a utilisé l’islam puis
la chkara (la corruption, Ndlr) et, aujourd’hui encore, il prétend qu’il
est soutenu par le Président. Il me donne envie de rire. Au fait, il me
rappelle cette anecdote : dans les années 1970, un homme, qui s’appelait
Messaoud, prétendait à Touggourt qu’il était le nouveau prophète. Il a
fallu que la population lui donne une bonne correction et, roué de
coups, il finira par dire qu’il n’avait agi que pour le bien de la
communauté. » Pour Saâdani, Belkhadem n’est plus qu’un vulgaire
fabulateur. Sur sa lancée, il ne manquera pas d’évoquer, avec un mépris
souverain, «l’opposition des hôtels», puis «Soufiane». Pour parler de
Soufiane Djilali. «J’ai entendu dire que Soufiane va boycotter les
élections. A croire qu’on a affaire à une puissance. Il faut vraiment
mettre un microscope pour chercher ses troupes. C’est du vrai mépris
pour le peuple.» Tirant sur tout ce qui bouge, avec la même férocité,
Saâdani évitera pourtant, cette fois-ci, d’évoquer Ahmed Ouyahia. A
aucun moment, ni dans son discours, ni lors de sa conférence de presse,
Saâdani n’a eu le moindre mot déplaisant à l’égard de celui qui,
pourtant, il y a à peine quatre mois, était sa cible privilégiée et
qu’il attaquait régulièrement. Par ailleurs, la session du comité
central du parti a été fixée au samedi 22 octobre 2016 et ce, en une
journée.
K. A.
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