Actualités : ELLES COMPTENT REDÉPLOYER LEUR PARTENARIAT VERS
L’OFFSHORE ET LES ÉNERGIES RENOUVELABLES
Sonatrach et ENI tournent la page
De notre envoyé à Bir Rebaâ, Lyas Hallas
Six ans après l’éclatement du scandale qui a décapité leurs managements
respectifs, Sonatrach et ENI tournent cette page de leur histoire à la
faveur de nouveaux partenariats qui se déploient vers le domaine des
énergies renouvelables. En signe d’estime, le géant énergétique italien
a tenu une réunion de son conseil d’administration hier à Bir Rebaâ.
C’est la première centrale de 10 mégawatts qui devrait servir de projet
pilote à Sonatrach pour en construire plusieurs autres afin
d’approvisionner ses installations pétro-gazières en électricité. Et la
compagnie nationale a choisi le champ pétrolier exploité en partenariat
avec Agip, filiale de la compagnie italienne ENI, à Bir Rebaâ Nord (BRN)
dans la wilaya de Ouargla, non loin de la frontière avec la Tunisie,
surtout pour sa symbolique. Puisque le projet de BRN a été lancé en 1995
en pleine tourmente où l’investissement en Algérie n’intéressait
personne à cause des problèmes de sécurité.
Hier, le P-dg de Sonatrach, Amine Mazouzi, et son homologue italien,
l’administrateur délégué d’ENI, Claudio Descalzi, ont ainsi posé la
première pierre du projet de réalisation de cette centrale
photovoltaïque qui devrait utiliser 32 000 panneaux solaires pour
économiser six millions de mètres cubes de gaz. C’était aussi l’occasion
pour le conseil d’administration de la compagnie italienne de se réunir
en Algérie et exprimer l’excellence du partenariat de sa compagnie avec
Sonatrach. «La tenue du conseil d’administration de la compagnie qui a
réuni aujourd’hui (hier, ndlr) à Bir Rebaâ Nord son top management pour
la première fois en dehors d’Italie, était un geste qui montre l’intérêt
que voue ENI à sa coopération avec Sonatrach», a déclaré Claudio
Descalzi. Et d’indiquer que «ENI a investi en Algérie 11 milliards
d’euros depuis 2010, soit, a-t-il souligné, 30% de l’ensemble des
investissements réalisés dans le pays durant cette période».
Un joint-venture pour les énergies renouvelables
En effet, la centrale photovoltaïque de BRN, qui sera mise en service à
la fin de l’année en cours et qui fournira une bonne partie des besoins
en électricité dudit champ pétrolier, est la première réalisation
émanant de l’accord signé entre les deux géants énergétiques en novembre
2016 pour développer, ensemble, les énergies renouvelables. «Nous allons
créer un joint-venture pour réaliser des centrales photovoltaïques à
travers toutes nos installations», a précisé Amine Mazouzi. «En plus du
double avantage économique de réduire les coûts énergétiques de
production et dégager d’importantes quantités de gaz à reverser sur le
marché domestique ou à exporter, le laboratoire de recherche annexe à
cette centrale photovoltaïque nous permettra d’identifier les
technologies les plus adaptées à la production de l’électricité
photovoltaïque dans le sud de l’Algérie. C’est un vrai projet social
citoyen avec tout ce que cela entend de respect de l’environnement,
etc.», a estimé Claudio Descalzi.
Un partenariat à travers lequel Sonatrach et ENI comptent tourner la
page des scandales de corruption qui, il y a six ans, ont décapité leurs
managements respectifs et terni leur image à cause de procédures
judiciaires à rebondissements, en Algérie comme en Italie, lesquelles
n’ont toujours pas connu leur épilogue. Elles font désormais bloc pour
redéployer leur partenariat dans les énergies renouvelables. D’abord à
travers les centrales photovoltaïques qui approvisionneront les
installations pétro-gazières. Ensuite en prenant part dans le programme
national que s’apprête à lancer l’Etat algérien.
Un programme de 4 000 mégawatts répartis sur une trentaine de projets
qui associeront des partenaires nationaux et étrangers suivant la règle
51/49 et où Sonatrach est appelée à prendre 40% de parts dans toutes les
associations. «Nous sommes en train d’étudier les opportunités avec
notre partenaire Sonatrach», a révélé Claudio Descalzi.
D’ailleurs, et comme l’a souligné Claudio Descalzi, le projet de la
centrale photovoltaïque de Bir Rebaâ Nord inclut la mise en place d’un
laboratoire de développement et d’expérimentation des nouvelles
technologies dans le domaine des énergies renouvelables justement.
«Aligner le prix du gaz pour pouvoir le vendre»
Il convient enfin de souligner que la tenue de la réunion du conseil
d’administration de l’ENI en Algérie intervient au moment où des
négociations entre les deux partenaires sur la révision des prix du gaz
sont en cours. C’était pour montrer que les deux compagnies sont sur la
même longueur d’onde à ce sujet puisque les propos attribués la semaine
dernière à l’administrateur délégué de l’ENI ont froissé le management
de Sonatrach et créé la confusion.
Ce geste vient donc clarifier les choses et consolider le pacte entre
les deux partenaires. En marge de la pose de la première pierre de la
centrale de BRN, Claudio Descalzi était explicite : «Nous sommes liés
avec Sonatrach par des contrats de long terme indexant le prix du gaz
sur celui du pétrole. Mais, pour pouvoir le vendre sur le marché
européen, nous devons aligner nos prix sur ceux pratiqués sur les hubs
européens.» Et à Mazouzi de conclure : «Nous révisons les prix
régulièrement, presque chaque année, en fonction de l’évolution du
marché et de l’intérêt commun.» Dans le même contexte, l’administrateur
délégué de l’ENI a noté que Sonatrach a exprimé son intention
d’exploiter le potentiel de gaz algérien en offshore et cette
opportunité fait partie également des projets à développer à l’avenir.
«Nous avons identifié des projets que nous pouvions développer ensemble
dans au moins trois pays. Mais, à cause de la chute des prix du pétrole
qui a amené les compagnies à revoir leurs plans d’investissement à la
baisse, Sonatrach a priorisé l’investissement en Algérie», a rappelé
Descalzi.
L. H.
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