Actualités : OUYAHIA ET L’AFFAIRE DU MINISTRE BENAGOUN :
«Il n’y a pas eu d’habilitation»
On en sait un peu plus du cas de l’ex-ministre du
Tourisme et de l’Artisanat démis de ses fonctions 48 heures seulement
après sa nomination, il y a une vingtaine de jours, puisque le
secrétaire général du RND affirme qu’il «n’y a pas eu d’habilitation».
Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Ahmed Ouyahia, qui animait, hier,
une conférence de presse au lendemain de la tenue de la troisième
session du conseil national du parti, a avoué que la nomination de
l’ex-ministre Messaoud Benagoun n’a pas suivi le processus réglementaire
puisque faite «sans enquête d’habilitation». Et de parler de «faille de
confiance», sans trop s’y appesantir malgré l’insistance des
journalistes, diminuant, ceci dit, de ce cas dont l’Algérie ne fait pas
l’exception et que cela «ne constituait pas la fin du monde».
«L’exécutif aurait pu laisser la chose trois mois, mais certainement
qu’on aurait crié au scandale une fois que l’on s’en serait rendu
compte. L’Etat a fait son travail en 48 heures. Mais avec certains, ce
sera toujours scandaleux», ironisera le patron du RND qui citera en
exemple le cas de ce ministre français qui a démissionné deux jours
seulement après sa nomination pour des démêlés avec le fisc.
A propos du gouvernement que pilote Abdelmadjid Tebboune et dans lequel
le RND a vu sa représentation réduite de cinq à trois postes
ministériels, Ouyahia a affirmé que son parti «ne négocie pas une part
de gâteau». «Le RND soutient le Président dans un cadre d’un contrat de
soutien politique, que nous ayons quatre ou huit ministres, ce n’est pas
du tout la culture du RND de négocier des postes», dira-t-il.
Sur un tout autre plan, le secrétaire général du RND a averti quant à la
«nécessité» d’aller au plus vite dans des réformes douloureuses au
risque, selon lui, de tomber à nouveau dans «les bras du FMI à l’horizon
2024-2025 et ce serait la tronçonneuse». «Si nous ne faisons pas des
efforts nécessaires, nous risquons des années difficiles» car,
expliquera-t-il, «nous tenons l’équilibre grâce aux réserves de change
qui nous permettent de préserver la souveraineté de la décision
économiques du pays. Mais cet équilibre va en s’amenuisent», avec le net
recul des rentes pétrolières. «Le monde du pétrole a changé de siècle.
Avec le schiste, l’Opep n’a quasiment aucune influence sur le marché des
hydrocarbures. L’Opep et non Opep, le pétrole fonctionnant avec le
marché et la règle des prix dirigée relève d’une époque révolue» et les
prix du pétrole ne remonteront pas à plus de 100 dollars avant 15 ou 20
ans.»
Et d’inviter, dans la foulée, à ce qu’il y ait des voix qui s’élèvent
contre le «populisme et la démagogie qui paralyseront le pays». Une
démagogie et un populisme dont Ouyahia accuse certaines parties de
l’opposition qu’il dit, par ailleurs, respecter. Car, pour lui, «le
gouvernement ne peut pas être démagogue mais parfois pas assez courageux
ou bloqué par des situations de craintes de dérapages». Entre autres de
ces réformes douloureuses, voire «taboues», la privatisation
d'entreprises publiques dont la situation financière se détériore en
raison des problèmes liés au plan de charge et à la gestion, entre
autres hôtels et minoteries, la réforme du système fiscal et la
décentralisation de la prise de décision dans le domaine de
l'investissement. Ouyahia réitérera son plaidoyer pour un meilleur
ciblage des subventions sans remise en cause aucune de la politique
sociale de l'Etat. Le secrétaire général du RND se prononcera également
à propos du bras de fer opposant l’Entreprise du port de Béjaïa au
groupe Cevital. «Je l’ai dit publiquement à Béjaïa, et ce n’est pas
parce qu’on était à Béjaïa, nous considérons que la gestion de cette
affaire par la direction du port de Béjaïa n’est pas la meilleure des
gestions. Cela étant, le groupe Cevital est un grand groupe et qui a un
grand dirigeant suffisamment capable de défendre ses intérêts»,
dira-t-il.
M. K.
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