Actualités : Il démonte l’une après l’autre les mesures de son prédécesseur
Ouyahia efface toutes les traces de Tebboune
Le démantèlement en règle de tout ce qui symbolise ou
rappelle encore l’éphémère règne de Abdelmadjid Tebboune se poursuit.
Hier encore, l’on a appris via le Journal officiel numéro 50, du 27 août
2017, que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a pris deux décrets
exécutifs, tous deux destinés à annuler les deux mesures phares de son
prédécesseur, à savoir la création d’une inspection générale auprès du
Premier ministre ainsi que la limitation des importations.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Les deux décrets en question,
signés par Ahmed Ouyahia le 22 août dernier, effacent, d’un trait, les
deux mesures prises par Tebboune il y a à peine quelques semaines. Il
s’agit, d’abord, du décret exécutif n°17/244 portant «abrogation du
décret exécutif n°17/205 portant création d’une inspection générale
auprès du Premier ministre et fixant ses missions et son organisation».
Cette «inspection générale», annoncée en grande pompe fin juin dernier,
n’est donc plus qu’un mort-né, depuis le 22 août.
A vrai dire, depuis le limogeage de Tebboune, le 15 août dernier.
Abdelaziz Bouteflika qui, déjà, était très agacé par ce qu’il appellera
«toute publicité inutile de l’activité du gouvernement», comme il tenait
à l’exprimer dans son instruction adressée le 3 août à l’ex-Premier
ministre, n’admettra jamais l’existence d’une quelconque structure
répressive qui échapperait à son contrôle direct. «Au mieux, il s’agit
là d’une structure de trop. Avions-nous vraiment besoin d’un nouvel
instrument de contrôle avec toutes les structures déjà existantes comme
les services de sécurité, l’Inspection générale des finances, la Cour
des comptes, etc ? Quand bien même, s’il fallait vraiment mettre en
place une nouvelle structure aussi sensible, il ne pouvait avoir comme
tutelle que la présidence de la République», nous confie une source
proche de la présidence.
La méfiance légendaire de Bouteflika expliquera le reste. Ceci étant, le
deuxième décret signé le 22 août dernier par le Premier ministre Ahmed
Ouyahia était pour le moins prévu avant même le changement opéré le 15
août dernier à la tête de l’exécutif. Sur instruction présidentielle, et
dans le sillage de la fameuse «lettre de recadrage» du 3 août, toutes
les marchandises qui étaient bloquées au niveau des ports avaient été
libérées pendant que Abdelmadjid Tebboune était encore aux commandes du
gouvernement. Il ne sera plus question, dès lors, que d’une simple
formalité que Ouyahia signe le décret exécutif n°17/245 «portant
annulation du décret n°17/202 (…) modifiant et complétant le décret
exécutif n°15/306 (…) fixant les conditions et les modalités
d’application des régimes de licences d’importation ou d’exportation de
produits et marchandises». Autrement dit, l’on revient aux dispositions
du décret exécutif du 6 décembre 2015 qui demeure dès lors toujours en
vigueur. Ces deux nouvelles mesures de Ouyahia, certainement prises
après consultation de Bouteflika et qui entrent dans le cadre de «la
détebbounisation», s’ajoutent à bien d’autres. La plus immédiate étant
le report sine die de la date de la tripartite que Tebboune avait, lui,
fixée initialement au 23 septembre prochain.
Les déclarations de Ahmed Ouyahia, jeudi dernier, en marge de la réunion
informelle avec les partenaires sociaux économiques, qu’il présidait au
Palais du Gouvernement, étaient assez claires, à ce propos. Il disait,
en substance, ceci : «L’Etat dispose de tous les instruments nécessaires
pour combattre la corruption (. ..) Mais dans tous les cas, cela doit
toujours se faire dans le cadre de la loi et non pas dans l’anarchie.»
Cette pique destinée exclusivement à Abdelmadjid Tebboune augure, par
ailleurs, d’autres «épisodes», toujours à charge, de ce qu’il convient
d’appeler «l’affaire Tebboune»…
K. A.
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