Chronique du jour : SOIT DIT EN PASSANT
L’Algérie est belle mais trop sale !
Par Malika Boussouf
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Il est des jours comme ça où l’on a beau se dire que l’on va, pour une
fois, faire l’effort de ne pas râler, l’effort en question est battu en
brèche par un voisin qui, à cinq heures du matin, a décidé qu’il était
temps pour lui de découper son mouton.
Il est rejoint quelques minutes après par un ou deux autres excités de
la hache et vous comprenez aussitôt qu’étant donné la délicatesse
habituelle que les Algériens montrent en direction des autres, cela
durera le temps qu’il faudra. Le sommeil définitivement envolé, vous
pensez à cet environnement rendu hostile et repoussant par ceux-là mêmes
censés veiller à commencer par leur propre bien- être et celui de leurs
enfants. Je ne vais pas rappeler qu’il y a là aussi un voisinage qui
mériterait que l’on fasse montre d’un peu plus de civisme à son égard.
Mais pour quoi faire quand on sait l’impact de l’individualisme qui
nargue au quotidien l’acte citoyen et les rapports à autrui ? Je vais
quand même, quitte à en agacer quelques-uns, m’arrêter sur celles et
ceux qui, au lieu de mettre du leur pour protéger leur quartier de
l’allure qu’il renvoie au regard des passants, s’arrangent, au
contraire, pour en infester le climat et le rendre insupportable à la
vue et à l’odorat. Il y a quelques semaines de cela a été diffusé sur
une chaîne de télé française une émission —«Echappées belles» — sur
l’Algérie. Elle avait pour titre «Un été en Algérie». C’était une belle
émission.
Emouvante et pleine de généreuses réalités. On sentait que le
documentariste avait aimé y tourner et en partager la beauté. On sentait
la bienveillance de son regard à l’égard de chaque être rencontré à
l’occasion et de chaque recoin choisi pour l’histoire qu’il racontait.
Pourquoi a-t-on préféré le portrait qu’a fait Raphaël de Casabianca de
l’Algérie à tous les autres ? Sans doute parce qu’il n’en a montré que
des aspects sympathiques. Sans doute parce que sa caméra s’est
volontairement détournée de la saleté qui ronge le pays. Et que l’on ne
nous resserve surtout pas cette débilité selon laquelle ceux qui se
fichent de l’état extérieur de leur immeuble sont superpropres chez eux.
M. B.
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