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Rubrique Ce monde qui bouge

Leçons de guerre, engagement américain et antisémitisme

«Accuser la victime. Toujours blâmer la victime. C'est inacceptable.» Les mots sont de Mustapha Barghouti, fondateur du parti Initiative nationale palestinienne, sur RFI. «Regardez : nous sommes soumis au nettoyage ethnique israélien depuis 1948 (…) Les Nations unies ont adopté un millier de résolutions exigeant qu'Israël autorise le retour des réfugiés, mette fin à l'occupation, arrête la construction de colonies, etc. Rien de tout cela n'a été mis en œuvre…» Les Palestiniens, ajoute-t-il, «ont essayé la lutte armée. Ils ont essayé les pourparlers de paix. Ils ont essayé de conclure des accords avec Israël. Ils ont essayé la résistance non violente. Nous avons tout essayé. Et le résultat, c'est que l'establishment israélien commet de plus en plus de crimes contre nous. Et de nombreux gouvernements occidentaux ne respectent pas le droit international en continuant à soutenir Israël. Et ensuite, ils accusent la victime. Toujours blâmer la victime. C'est inacceptable.»

GAZA, DERNIÈRE LIGNE DROITE ? Tel-Aviv avec l’appui de Washington joue son va-tout, et ce, quoi qu’il en coûtera en pertes humaines civiles et matérielles. À l’heure où s’écrivent ces lignes, l’hôpital al-Shifa est sur le point d’être totalement investi par les forces d’occupation, persuadées ainsi que le renseignement américain, que l’hôpital abriterait l’état-major du Hamas et une partie des otages. Et malgré les précautions de langage assurant que tout sera fait pour assurer la protection des civils hospitalisés, c’est le carnage annoncé.

ENGAGEMENT AMÉRICAIN. En arrière-plan de cette guerre, les Etats-Unis déploient un activisme militaire inhabituel : présence de deux porte-avions et d’un sous-marin nucléaire à proximité de Ghaza, interception de missiles lancés du Yémen par les combattants houthis en direction d’Israël, frappes américaines en Syrie contre des sites abritant des Gardiens de la révolution iraniens. Buts de cet engagement militaire américain ? Soutenir en amont Israël dans sa guerre contre le Hamas et dissuader le Hezbollah libanais d’intervenir dans le Sud-Liban. D’où sans doute la prudence de Hassan Nasrallah dont beaucoup attendait qu’il annonce l’entrée en guerre du Hezbollah aux côtés du Hamas.
Reste à savoir si ce soutien militaire US sera payant à terme, ce dont doutent de nombreux commentateurs américains. Car dans l’esprit de Joe Biden, pour qui pas un jour ne se passe sans qu’il soit interpellé sur son refus d’appeler à un cessez-le-feu, Israël, à l’exemple de l’Ukraine qui ne doit pas perdre la guerre contre la Russie, ne doit pas perdre la sienne face aux Palestiniens. Comme s’il s’agissait d’une guerre entre deux camps qui se valent et non d’une guerre de libération nationale menée par un peuple occupé depuis plus de 70 ans contre une puissance occupante. Quant au droit international invoqué pour l’Ukraine, pourquoi n’est-il pas valable pour les Palestiniens ?

TERRORISME ? L’emploi de ce terme asert à disqualifier la cause palestinienne et partant, à valider la thèse du «droit d’Israël à se défendre», un droit refusé aux Palestiniens. Pour mémoire, c’est au nom de «la guerre contre le terrorisme» que Washington a envahi et réduit l’Irak à un champ de ruines en mars 2003. Vingt ans après, on assiste au même scénario à Ghaza. Et c’est au nom de cette «guerre contre le terrorisme» que l’armée de Netanyahu est autorisée depuis 2021 à tirer à balles réelles sur les enfants palestiniens qui lui jettent des cailloux, sans obligation de rendre des comptes ! Quant à l’équation Hamas=Daech, ce n’est pas sérieux. Et quoi qu’on pense du projet politique du Hamas, c’est avant tout l’affaire des seuls Palestiniens.

QUELLES LEÇONS TIRER ?
- La première est que cette guerre, quelle qu’en soit l’issue, a remis la question palestinienne au centre de l’équation. Et que les tentatives de court-circuiter les Palestiniens via la normalisation entre Tel-Aviv et des pays arabes ont échoué.
- La seconde est l’échec de ces tentatives de vouloir installer la question palestinienne dans une logique religieuse et ainsi de réduire la lutte du peuple palestinien, lesté de ses droits fondamentaux, à un choc de civilisation entre un Occident éclairé et un Orient fanatisé.
- La troisième concerne l’antisémitisme. Si on ne peut en contester l’existence, en quoi les Palestiniens sont-ils responsables du climat antisémite sévissant en France et en Europe ? C’est du moins le non-dit de cette marche contre l’antisémitisme de dimanche dernier à Paris où la jeunesse française était peu nombreuse selon l’un des participants, avec en ligne de mire : inverser le soutien à la cause palestinienne au sein de l’opinion française au profit d’Israël.
À jeudi.
H. Z.

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