Il est 9 heures à l’ouest d’Alger. À l’est aussi, il est 9 heures mais
ce n’est pas important. Il fait déjà chaud comme si c’était
l’anniversaire d’Abou Lahab mais ce n’est pas important non plus.
Théoriquement, personne ne devait aller à la plage. On ne devait pas
aller à la pêche non plus mais ce n’est pas important, l’essentiel étant
de ne pas aller à la mer. Allez savoir comment on fait pour ne pas aller
à la mer quand on est au bord de la mer ! Il y a des questions qu’on ne
se pose pas, hier, on devait aller voter. On n’a pas idée d’aller
bronzer quand d’autres vont « accomplir leur devoir électoral ». Enfin,
disons ainsi, pour ne pas ajouter de la fatigue à la fatigue. Est-ce que
le vote est un… devoir ? C’est un droit, c’est sûr, pour le reste, ce
n’est pas la plus grosse couleuvre qu’on a avalée. Le chef de l’État a
voté dans une école de Bouchaoui qui porte le nom d’Ahmed Aroua. Une
vraie rupture avec Boutef qui votait à El-Biar dans un collège qui porte
le nom de… Bachir Ibrahimi ! On aura remarqué l’impressionnant nombre de
listes qui s’affrontent à Alger. Mais pas que ça, il y avait aussi la
conférence de presse improvisée. On est toujours à l’ouest d’Alger et
l’heure n’a plus d’importance. Il y a presque autant de monde sur la
plage que devant les bureaux de vote. Enfin, appelons ça le «monde» pour
ne pas avoir à l’appeler autrement. De toute façon, le monde n’est pas
important quand il désigne un taux de participation électorale, n’est-ce
pas ? Par contre, le monde compte beaucoup, quand il est représenté sur
un globe terrestre. Vous avez vu Charfi s’extasier devant cette carte
où, à partir d’Alger, on voit s’ouvrir et se fermer les bureaux de vote
dans le monde ? Une merveille de technologie datant de… combien de
siècles déjà ? Merci Monsieur le préposé aux élections de nous apprendre
qu’on peut savoir l’heure à Tokyo, à ne pas confondre avec Nouackchott,
en… temps réel. Et de vous faire aider par la journaliste de l’ENTV pour
vous enorgueillir que cette technique est parfaitement maîtrisée au sein
de votre commission. Merci, vraiment. Après ça, M. Charfi a fixé
rendez-vous à son monde et surtout aux journalistes pour le second
rendez-vous de la journée. Parce qu’au premier, il s’est excusé de
n’avoir pas grand-chose à dire mais il a dit quand même. Il a livré les
chiffres déjà livrés, a « informé » la presse qu’au moment où il
parlait, il était normal que le taux de participation soit si maigre… Il
a même informé qu’il maîtrisait (aussi) le français alors que personne
n’avait remarqué qu’il maîtrisait l’arabe.
À l’heure où s’est terminée la rédaction de ces lignes, le deuxième rendez-vous n’est pas encore arrivé. Il n’y a pas de promesse d’y revenir, pour plein de raisons. La plus importante est que ce n’est pas… important.
S. L.
À l’heure où s’est terminée la rédaction de ces lignes, le deuxième rendez-vous n’est pas encore arrivé. Il n’y a pas de promesse d’y revenir, pour plein de raisons. La plus importante est que ce n’est pas… important.
S. L.