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Rubrique Constances

La Révolution sur les plages ?

Une amie nous racontait l’autre fois sa honte d’avoir régulièrement fréquenté Club-des-Pins. Elle n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler une révoltée mais c’est tout de même une femme de son temps qui tient à vivre sa vie comme elle l’entend, libre et épanouie. Pour autant, tous ceux qui la connaissent savent à quoi s’en tenir, personne parmi eux ne l’a imaginée en train de refaire le monde sur le sable d’une plage « populaire ». En fait, toutes les plages d’Algérie, en dehors de quelques îlots de privilégiés inaccessibles à l’écrasante majorité des citoyens, dont la dame en question. Cadre commerciale, elle ne crève certes pas la dalle mais elle n’a pas non plus les… moyens de sa politique, en dehors d’un lointain parent qui l’accueille chez lui à Club-des-Pins à chaque fois qu’elle veut faire trempette… en maillot de bain, sans avoir à redouter l’agression des vigiles de la « tenue réglementaire ». Mais elle vous le dira d’emblée : les gardiens de la « décence » publique ne sont pas toujours ceux qu’on pourrait imaginer, c’est n’importe quel Monsieur tout-le-monde, parfois de jeunes à l’apparat bon chic bon genre qu’on verrait très bien s’éclater en boîte le soir venu. Du coup, on ne sait plus comment prendre cette auto-culpabilisation, manifestement sincère. D’abord parce que dans la foulée, elle reconnaît son manque d’engagement et s’en veut un peu de s’être, pendant des années, laissée aller à son petit confort et ses petits agréments personnels au lieu de « faire quelque chose » pour résister collectivement à un mode de vie imposé par les intégristes, avec le silence complice et souvent agissant de l’Etat qui leur a livré l’espace public en gérance libre. Notre amie s’est, entre-temps, libérée de ses peurs. Des peurs qu’elle a d’abord vaincues au cœur du soulèvement populaire qu’elle a rejoint depuis un certain… vendredi 8 mars. Elle pense que c’est un peu tard mais elle est convaincue que ce n’est pas trop tard. Non pas en évaluant le temps mais parce que ce qu’elle a perçu dans le mouvement lui donne un vrai espoir. Parmi ceux qui lui témoignent le plus profond respect sur le pavé, ceux qui lui tendent la main sans autre intention, ceux qui mettent leurs corps entre elle et le policier menaçant, ceux qui lui tendent une bouteille d’eau avant de disparaître sans rien attendre en retour, ceux qui lui demandent de faire attention à son téléphone au lieu de le lui subtiliser, ceux qui l’écoutent sans faire attention à sa tenue aérée, il y en a certainement qui ont joué aux pasdarans sur les plages. Sauront-ils avoir les mêmes attitudes, tolérantes, généreuses et respectueuses de l’autre cet été au bord de la mer ? Notre amie y croit dur comme fer. En tout cas, elle refuse de croire que le bonheur qu’elle a vécu dans la rue conquérante ne se prolonge pas dans la… vraie vie.  Un vrai test , même si la retenue de quelqu’un qui s’en veut encore l’empêche de le dire en ces termes.

S. L.

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