Dans les moments de tourmente où les regards sont portés sur
l’essentiel, il est des détails qui, même s’ils ne manquent pas
d’importance, tombent dans l’oubli. Ainsi, on « oublie » souvent que le
gouvernement actuel a été nommé par Bouteflika, du moins formellement.
La rue n’en fait pourtant pas un argument majeur quand elle demande son
départ. Sans doute parce que depuis Bouteflika, rien de vraiment sérieux
n’a changé qui puisse inverser les choses ou au moins opérer la
différence entre les deux périodes et les hommes qui les incarnent. Du
coup, on ne sait plus si les premiers candidats « majeurs » à l’élection
présidentielle prévue le 12 décembre, dont deux anciens Premiers
ministres et deux anciens ministres doivent leur rejet par les Algériens
à leur passé ou leur… présent. Il en est ainsi d’Abdelmadjid Tebboune
qui, en annonçant d’emblée qu’il n’est pas le candidat du FLN, devait
peut-être croire que c’était suffisant pour faire de lui un homme
nouveau. Tout le monde sait qu’il a été ministre puis Premier ministre
même si on a un peu oublié qu’il est toujours membre du comité central
du FLN. Ça, c’est son passé, un peu trop proche mais passé quand même.
Mais, paradoxalement, c’est son présent qui est le plus encombrant. Pas
pour son élection, ni pour sa campagne, puisqu’il n’est pas difficile
d’imaginer dans quelles conditions les deux se dérouleront mais pour
tout le reste de l’avant et de l’après-12 décembre. Son présent est
encombrant depuis le départ. Son nom était déjà dans « l’air » depuis le
22 février et on aurait même mis à sa disposition une maison à la
nouvelle résidence de Club-des-Pins. Candidat de substitution à
Bouteflika, candidat d’une élection avortée, à chaque fois que c’est par
lui que passait « la feuille de route ». Et l’épreuve du terrain l’a
déjà entamé. Quand il disait que la justice était… indépendante pour les
prisonniers d’opinion après avoir soutenu qu’elle était… actionnée pour
son fils, quand il s’est révélé incapable de formuler quelque chose
d’autonome et ce n’est certainement pas terminé. Le comité central «
délocalisé » du FLN vient de déclarer, par la bouche de son secrétaire
général par intérim, que si le parti « doit » soutenir un candidat, ce
sera Tebboune ! Il n’est même pas utile de relever qu’Ali Seddiki a été,
dans une autre vie, dans le staff de campagne d’Ali Benflis. Inutile de
rappeler aussi que M. Benflis est lui-même candidat. Sinon, personne
n’attendait du FLN qu’il s’engage avec quelqu’un pour son programme ou
son discours. C’était déjà clair avant, ce n’est pas l’élection du 12
décembre qui va changer les choses.
S. L.
S. L.