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Rubrique Constances

Où va l’argent du cœur ?

Les associations engagées dans les actions caritatives du Ramadhan évoquent leurs difficultés à récolter des dons en prévision du mois de jeûne. On l’aura deviné, l’essentiel des actions en question concerne les restaurants « Errahma » qui servent des repas du soir aux démunis. Comme il est difficile d’imaginer que les Algériens soient devenus subitement moins généreux, beaucoup se sont tournés vers d’autres pistes pour expliquer cette « crise ». Ils ont alors posé d’autres questions et d’aucuns soutiennent qu’ils ont eu les bonnes réponses. Depuis le soulèvement populaire pour le changement de système, il y a une sorte de dynamique de changement. Peut-être pas de… système, on en est encore loin. Mais comme il faut aimer ce qu’on a quand on n’a pas ce qu’on aime, ne boudons pas notre bonheur de voir qu’il y a un… changement de regard, une façon un peu moins redondante de dire que, désormais, rien ne sera plus comme avant aux yeux des Algériens. Changement de regard sur les choses, changement de regard sur les hommes, changement de regard sur le temps, changement de regard sur l’espace… En attendant donc la nouvelle Algérie, les Algériens tentent de refaire autrement ce qu’ils peuvent faire tout seul. Ou ne pas le faire, comme dans le cas précis. Voilà, les Algériens ne sont pas moins généreux. Parce que la générosité, il paraît qu’on l’a ou on ne l’a pas. C’est expéditif, voire péremptoire mais c’est ainsi, il est des messes contre lesquelles on ne peut rien. Peut-on parler de… messe alors qu’il est question de Ramadhan ? Oui : si les Algériens n’ont pas renoncé à leur vertu, ils veulent maintenant savoir où vont l’argent et les produits de leur don et qui s’en occupe. N’es-ce pas que l’un des plus grands, des plus horripilants scandales de vol, de détournement et de corruption à la fois a eu comme théâtre le ministère de la Solidarité et comme acteur le ministre lui-même dont les partenaires opérationnels sont des… associations du genre de celles qui organisent la restauration des démunis pendant le Ramadhan ? L’argent de la solidarité a été détourné dans un ministère, des couffins de Ramadhan ont été volés dans des municipalités… Pourquoi l’argent et les denrées destinés aux restaurants « Errahma » devraient être épargnés par la cupidité et la convoitise de nos généreux marmitons des pauvres spécial Ramadhan ? Voilà, on sait maintenant que nos compatriotes n’ont pas perdu leur légendaire disponibilité au don de soi et au don tout court. Seulement, ils voient les hommes et les choses autrement. Peut-être se résoudraient-ils rapidement à organiser la solidarité au lieu de gérer l’aumône, avec tout ce que cela suppose. Pendant le Ramadhan et, surtout, tous les jours de l’année.
S. L.

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