Placeholder

Rubrique Constances

Qui est qui et qui fait quoi à Béjaïa ? (1)

L’ami Mohamed Bessa, ancien journaliste reconverti en cadre d’entreprise toujours concerné par les palpitations de sa région, nous a fait part récemment, via Facebook, d’un hallucinant communiqué de la cellule de communication de la wilaya de Béjaïa. Dans le document en question, le wali informe les citoyens, dans le style et sur le ton de quelqu’un qui les… prend à témoin. Pas seulement, puisqu’au terme du communiqué, il pousse jusqu’à demander pardon : «Nous avons jugé utile de vous éclairer sur ce sujet qui nous préoccupe également et nous tenons à vous présenter nos excuses pour les désagréments causés.» Le fond de l’histoire, le voilà : tout le monde connaît depuis longtemps le calvaire des Bougiotes en matière de propreté de la ville. Ce n’est pas vraiment mieux ailleurs mais il y a des réputations tenaces, même quand elles ne sont pas usurpées. Le nouveau wali a apparemment pris le taureau par les cornes et décidé de créer une entreprise locale pour s’occuper du nettoyage et du ramassage des ordures. L’APC a été sollicitée pour une subvention de 70 milliards de centimes rapidement consentie en délibération, approuvée par la wilaya et visée par le contrôleur financier. Tout allait bien se passer donc mais c’était apparemment sans compter sur la «vigilance» de la trésorerie communale qui a bloqué les fonds que l’APC s’est engagée pourtant à restituer «graduellement» en signant une convention et une réquisition pour accélérer la procédure. Depuis, le projet gèle à ce niveau-là et les équipements attendent dans un parking depuis trois mois. Et les habitants de Béjaïa prennent leur mal en patience. En attendant, la wilaya décide de «reprendre avec les privés». En désespoir de cause manifestement, puisque jusque-là, ça n’a pas été vraiment un exemple de réussite. On peut évidemment douter de la sincérité du wali en se demandant comment il peut à ce point manquer d’autorité sur un problème si sensible, voire vital. Surtout que la «jurisprudence» ne manque pas en la matière : le pauvre directeur du port de Béjaïa à qui on a voulu endosser la responsabilité des entraves aux projets de Cevital en est l’exemple emblématique. Sinon, on peut se rendre compte que les blocages de certains projets, la lenteur qu’ils prennent à démarrer ou aboutir et l’absence d’initiative ne sont pas toujours là où on les attend, s’il faut prendre cette histoire au pied de la lettre, bien évidemment. Mais quel citoyen de Bougie ou d’une autre localité peut croire à cette déroutante inversion de la hiérarchie ? Il (le citoyen) a l’habitude d’entendre répliquer à ses doléances ordinaires que «ça coinçait plus haut» quand il s’adresse à «ses» élus ou son administration de «proximité». Maintenant que c’est le wali qui se plaint d’un service… communal, il ne sait même plus si ses problèmes deviennent plus simples ou plus compliqués. Parce que les excuses d’un wali, même s’il n’en a pas l’habitude, n’améliorent pas pour autant son quotidien. Si elles ne l’empirent pas.
S. L.

(1) Le titre est emprunté à la publication de Mohamed Bessa. 

Placeholder

Multimédia

Plus

Placeholder