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Rubrique Constances

Yennayer amervuh, mas Ghoul, bonne année, Monsieur Sellal

Il y a quatre ans, Ammar Ghoul nous faisait une confidence que personne ne lui avait demandée. Un aveu sans contrainte : « Je ne célébrerai pas Yennayer,  c’est la fête des kouffars. » Nous n’allons pas lui faire un premier cadeau en traduisant le dernier mot de la phrase. Dans sa bouche, en arabe dans le texte, avec toutes les implications sémantiques qu’il introduit, il garde ainsi toute sa violence et confirme, au besoin, toute la misère intellectuelle du personnage. Alors ministre de… l’autoroute Est-Ouest dont le bruit des casseroles réveillait les morts, il aurait pu se faire plus discret mais c’est trop demander à quelqu’un qui était convaincu que dans sa posture, rien ne pouvait lui arriver. Aujourd’hui, alors que les kouffars de toute l’Algérie fêtent la nouvelle année berbère, leur revient la… misère morale dans laquelle il a terminé. Quasiment à la même période et dans la même veine, c’est le truculent —succulent à certains égards — Premier ministre Sellal qui a été de la sienne : « L’Algérie n’a rien à voir le printemps arabe. La preuve, elle s’apprête à célébrer le Nouvel An berbère » ! À sa décharge, M. Sellal, dont on connaît la finesse de l’humour, croyait certainement rester dans ce registre-là. À moins qu’à l’occasion, il prétendait à la réplique cinglante et, tant qu’à faire, à la hauteur de vue ! Il y avait pourtant bien de la profondeur dans son propos. Il ne le savait peut-être pas mais en l’occurrence, il est resté dans ce que le système, dont il était la petite incarnation, comptait faire de notre Histoire, notre culture et notre identité formellement réhabilitées : de nouveaux outils au service du statu quo, si ce n’est de la régression. Dans le cas précis, Yennayer devait être célébré non pas comme un patrimoine qui serve l’émancipation des Algériens mais des fers au pied qui les maintiennent en place et annihilent leurs colères. Expliqué aux nuls, « Yennayer, c’est nous et ça ne peut pas être autre chose ». Et voilà donc l’occasion, arrivée assez rapidement d’ailleurs, de faire du Nouvel An berbère ce que nous avons fait du Commissariat à l’amazighité, de la Télévision amazighe, de la Radio Chaîne 2 et même de… la JSK ! Pour le reste, il n’y a pas de souci. Le couscous au poulet et légumes secs est toujours aussi bon. Les poteries de Maâtka et les tapis d’Ath Hicham attendent dans la remise et la vieille de Béni Senous racontant… laâdjouza à la vie longue. Bonne année.

S. L.

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