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En hommage au Professeur Zahir Ihaddaden (décédé le 20 janvier 2018) Au panthéon de notre histoire

Par Karim Younes 
Le nom du citoyen lambda se perd dans la mémoire des générations, alors que celui du combattant de la cause nationale passe dans la postérité de la mémoire collective. 
Homme de réflexion et homme d’engagement, le professeur Zahir Ihaddaden  a milité dès son jeune âge, d’abord au sein du mouvement nationaliste et pendant la guerre de libération puis durant la période post-indépendance en apportant sa contribution à l’essor du développement qu’a connu le pays,  dans le domaine des sciences de l’information, avec la même ferveur et la détermination qui étaient les siennes.
 Le combat qu’il a mené, inlassablement, consistait à traduire, en réalité tangible, la conception qu’il avait d’une Algérie libre et souveraine.
 Homme de réflexion, il nous laisse de nombreuses œuvres, objet d’étude dans nos universités. Historien de grande rigueur et d’honnêteté intellectuelle, il ne s’est jamais départi de sa modestie légendaire car il a toujours évolué dans un milieu où l’humilité est un point cardinal. 
 Pour ma part, j’ai beaucoup bénéficié des sages conseils qu’il m’a souvent prodigués dans l’aventure de l’écriture, sur l’histoire de notre pays en particulier. 
Je lui sais gré du temps qu’il a consacré pour me tirer, à plusieurs reprises, des traquenards posés par des esprits chauvins dont les ego sont leur seule militance au détriment d’une lecture sereine, juste et implacable de la vérité historique.
Issu d’une grande famille de jurisconsultes, de cadis et de notaires, originaire de Toudja, dans la wilaya de Béjaïa, le professeur Ihaddaden a toujours évoqué, avec émotion et amertume, le combat de son frère cadet, Abdelhafid, né le 9 mars 1932 à Sidi Aïch. 
Pour rappel, ce dernier a débuté son itinéraire de militant nationaliste en tant que responsable au sein de l’Ugema (Union générale des musulmans algériens) avant de rejoindre le Front de libération nationale dès 1956. Il a notamment participé au renforcement de la Fédération de France du FLN.
Après avoir obtenu une bourse d’études en Tchécoslovaquie, offerte par l’intermédiaire de l’Union internationale des étudiants, il a été chargé, par le FLN, des liaisons avec les responsables de certains pays de l’Europe centrale, de l’achat des armes et de l’accueil des blessés, envoyés par le Front pour se faire soigner dans les hôpitaux des pays qui soutenaient la Révolution algérienne, notamment la Tchécoslovaquie.
Le 11 juillet 1961, alors qu’il se rendait au Maroc avec un groupe de scientifiques algériens comme lui à bord de l’Iliouchine 18 de la compagnie tchécoslovaque assurant la liaison aérienne Prague-Bamako via Rabat, il trouva la mort dans le «crash» de l’appareil au-dessus de Casablanca, dans des circonstances troubles.
A l’évidence, l’orgueil français ne pouvait supporter une seule seconde que l’Algérie puisse compter sur la science «atomique» de Abdelhafid et de ses autres compatriotes, moins d’un an seulement après l’expérimentation de sa première bombe atomique à Reggane et moins d’une année avant l’indépendance de l’Algérie comme s’est exclamé le neveu du chahid, le regretté M’hand Kasmi, dans un article du Soir d’Algérie en date du 16 juillet 2011 et de s’interroger encore :
«Qui a ‘‘descendu’’ l’avion flambant neuf par une belle nuit d’été, sans nuages ? Les Français, à l’unisson, poursuit-il, ont réussi à culpabiliser la brume du ciel si limpide du Maghreb, alors que le FLN a pointé le doigt sur les services spéciaux français.»  
Pour revenir au professeur Zahir Ihaddaden dont nous commémorons, avec beaucoup de tristesse, le premier anniversaire de sa disparition, son épouse, sa famille, ses amis, ainsi que tous les enfants de cette belle région de notre Algérie profonde, Toudja, qui a donné à notre pays le meilleur de ses enfants pour l’indépendance et la liberté de notre pays, s’inclinent avec révérence devant la mémoire de cette figure emblématique.
 Il est indéniable que tous les patriotes de notre belle Algérie ne peuvent que relever la hauteur et le sens du devoir de cet homme d’exception dont nous sommes, aujourd’hui, orphelins. Toute sa vie durant, il a servi et défendu, avec passion, sa nation, son peuple qu’il a aimés de toutes ses forces jusqu’au dernier souffle.
Notre grand regretté, auteur de plusieurs ouvrages dont notamment Histoire de la presse indigène en Algérie, des origines jusqu’en 1930, La presse écrite en Algérie de 1965 à 1982, ou encore Béjaïa à l’époque de sa splendeur et L’histoire des colonisés du Maghreb n’a pas lésiné sur ses forces, en nous léguant, à l’article de la mort, à près de 90 ans de vie, un dernier chef-d’œuvre: un livre fort sur son parcours de militant intitulé «Itinéraire d'un militant» sorti, ironie du destin, le jour de son décès, aux éditions Dahlab.  
En tant que génération qui succède à celle du regretté professeur Zahir Ihaddaden, notre devoir est de transmettre ce legs inestimable afin que les jeunes comprennent mieux le sacrifice de leurs aînés. Ils constituent le repère et le modèle pour l’avenir. Repose en paix, grand frère Si Zahir ! Ne dit-on pas que les morts ne sont morts que lorsqu’on les oublie ? 
Pensée émue au grand chahid Abdelhafidh Ihaddaden et à tous ses compagnons qui ont rêvé d’une Algérie belle, apaisée et prospère.
K. Y.

 

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