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Rubrique Contribution

À L’ÉCOLE DU POST-CONFINEMENT Équation à 2 inconnues

Par Ahmed Tessa
Qu’en serait-il de la reprise scolaire après le  29-avril, fin supposée du confinement sanitaire? C’est sur cette épineuse question que s’est focalisée la Radio Chaîne III lors de son émission «La République des arts», ce mardi 21 avril. 
A quelques jours de cette date butoir, aucun indice concret ne vient rassurer les parents. Sous d’autres cieux, les conditions de réouverture des établissements scolaires sont étudiées par anticipation et portées à la connaissance de l’opinion publique à l’avance. Avec des débats instructifs et contradictoires sur les plateaux TV et dans les journaux. Cette modeste réflexion a pour objectif d’ouvrir un débat. Seule notre intelligence collective pourra définir une démarche qui puisse concilier les exigences sanitaires et les mesures tant pédagogiques qu’organisationnelles. De toute évidence, toute reprise, toute organisation et toute prise en charge des élèves restent tributaires des exigences sanitaires. Ce sont ces dernières qui donneront le la, voire le feu vert. De fait, cette démarche doit se décliner en trois volets interdépendants : le volet sanitaire avec les préalables à toute reprise ; le volet scolaire (pédagogique et organisationnel) et le volet sécuritaire (discipline et ordre).

Exigences sanitaires
Selon les spécialistes en épidémiologie, sans le préalable de toutes les conditions d’hygiène préventive, aucune reprise ne pourra être envisagée. Un véritable défi pour tous les acteurs de la scène scolaire. Il est indéniable que l’organisation doit être bien huilée selon le protocole sanitaire fixé par les spécialistes. C’est ce préalable des conditions à réunir qui risque de poser problème, et de susciter des inquiétudes ou des réticences à adhérer. Quelles sont ces conditions préalables ? Ici, des suggestions récoltées ici et là chez des amis médecins.
Une structure de coordination et d’animation au niveau de l’APC — avec un Monsieur Covid ou une Madame Covid — regroupant les services de santé, d’hygiène, de sécurité, des représentants scolaires, des associations de la société civile (parents d’élèves, scouts...) et des volontaires (retraités). Une intense campagne de sensibilisation tous azimuts doit accompagner la mise en place de ces conditions préalables dont les plus essentielles sont la disponibilité en masques, gel hydro-alcoolique, savon, eau courante, gants (pour agents), produits d’entretien.
Dans un premier temps, cibler les espaces sensibles pour les sécuriser et leur faire appliquer les mesures barrières d’usage (distanciation sociale et physique, masque, surveillance des enfants dans le transport scolaire). Ces espaces sont le trajet maison/école, portail d’entrée, cour de l’école, salles de classe, sanitaires, bureaux et salles des professeurs. 
Les APC auront à faire appel à la mobilisation des transports privés pour soulager les bus scolaires. La désinfection des bus et des espaces communs (sanitaires, locaux, salles des profs...) se fera de façon régulière selon les instructions médicales. Les services d’ordre et les volontaires auront à établir une zone  sécurisée à environ 50 mètres de l’école, une demi-heure avant les heures d’entrée/sortie : pas de voitures et pas de parents en attroupement.

Exigences pédagogiques
Les élèves et les personnels verront leur vécu complètement chamboulé : se concentrer en permanence pour respecter les mesures barrières, adopter de nouveaux comportements en classe et en dehors. Il leur sera demandé de jouer aux «soldats du savoir» postés  en deuxième ligne dans la lutte contre l’épidémie. En soutien des sauveurs de vie, les personnels de santé. Afin de sécuriser les enfants, les adultes de l’école auront besoin d’un surcroît de bienveillance couplé à la vigilance pour assurer leur bon encadrement. Dans l’esprit et la lettre des exigences sanitaires, il y a lieu de            réorganiser le fonctionnement et les horaires des établissements scolaires. Et faire en sorte que ces mesures puissent permettre aux élèves d’en bénéficier un tant soit peu, tout en étant sécurisés sur le plan santé. Ces mesures se déclineront comme suit :
- diviser la classe en deux groupes pour qu’il y ait un élève par table ;
- distribuer le temps scolaires en deux phases. Un groupe aura cours en matinée et un autre l’après-midi. Avec des séances de 40 à 45 minutes ;
- les classes d’examen auront 8 demi-journées en semaine (y compris le samedi) et les autres classes 4 demi-journées en semaine ;
- faire l’impasse sur les matières dites de mémorisation (c’est malheureux de les qualifier ainsi, mais c’est la réalité de notre système scolaire), ainsi que l’EPS et l’éducation artistique. Les enseignants de ces matières viendront en soutien dans les différentes tâches d’encadrement/sécurisation. Et là on peut faire appel aux retraités volontaires pour donner un coup de main ;
- pas de récréation mais des séances de 10 minutes de méditation. Exceptionnellement pour les petites classes des récréations alternées en petits groupes étroitement encadrées. Les sanitaires feront l’objet d’une surveillance particulière pour assurer l’hygiène/désinfection ; 
- pas de cantine, les enfants rentrent à la maison en  fin de matinée. Les parents seront instruits de ne pas donner de produits de consommation à leurs enfants. Dans le cycle primaire, les écoles offriront à chaque élève un goûter et une petite bouteille d’eau à usage personnel offerts par l’APC et les bienfaiteurs privés ou publics (goûter qui sera validé par les services d’hygiène et soumis aux strictes précautions) ;
- reculer les dates du bac et l’alléger à deux journées environ grâce à des épreuves ne portant que sur les disciplines de spécialité. Supprimer le BEM et la 5e AP et les remplacer par une une évaluation diagnostique à la rentrée de septembre. 
Si, en théorie, on peut avancer les meilleures mesures de sécurité sanitaire – les exigences pédagogiques étant secondaires comparées à la santé des enfants et des personnels —, il n’en demeure pas moins qu’il sera difficile de persuader les parents. Mais à toute chose malheur est bon. Faisons en sorte que ce confinement imposé nous serve de tremplin pour une réflexion de fond autour de notre système scolaire. N’est-il pas symptomatique de constater que la seule et unique préoccupation de tout un chacun – ministère et parents compris – est celle relative aux examens de fin de cycle ? Comme si l’éducation scolaire n’était qu’une action de pure forme qui se traduit seulement par un passage en classe supérieure. Exit le développement de l’intelligence émotionnelle pourvoyeuse de valeurs humanistes qui sont d’une importance stratégique dans la formation de l’adulte du XXIe siècle (empathie, entraide, solidarité, autonomie, sens de l’initiative...). C’est là un autre débat. 
En réalité, une fine analyse de cette situation imprévisible et complexe nous donne à voir, dans toute sa noirceur, l’archaïsme du paradigme pédagogique et organisationnel qui régit l’école algérienne. Selon les textes officiels, la réforme en cours a pour vocation d’apporter des améliorations au système. 
Or, les fondations de ce système sont vermoulues, gangrenées par le temps d’une horloge pédagogique qui s’est arrêtée au début du XXe siècle. Seule une refondation pourra débloquer cette horloge. Une refondation qui arrimera l’école algérienne aux progrès des neurones-sciences appliquées aux apprentissages scolaires, de la chronobiologie (rythmes scolaires) et de la psychopédagogie moderne. Ce sont des sciences auxquelles nous avons tourné le dos… par ignorance ou… par calcul machiavélique.
A. T.

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