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Rubrique Contribution

La qualité dans les établissements de l’enseignement supérieur et de recherche, une thématique prioritaire

Par le Pr Baddari Kamel(*) 
La vitesse croissante des progrès technologiques réduit considérablement la durée de vie de la connaissance qui, désormais, dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche, nécessite une révision et une amélioration continues par l’exercice de pratiques fondées sur les critères de qualité. La qualité est tout simplement le fait de bien faire les choses ; c'est-à-dire de savoir ce qu’il faut faire avant de savoir comment faire pour que cela soit bien fait. Elle s’accompagne de mécanismes d’évaluation pour confirmer ou infirmer que ce qui est fait est conforme ou non à des normes admises. Alors, pourquoi ne pas considérer la qualité comme l’apanage de nos établissements universitaires et de recherche ? La qualité n’est pas une demande ou une pratique complètement nouvelle. L’établissement d’enseignement supérieur algérien a subi plusieurs réformes à la quête de la qualité ou à son renforcement pour moderniser sa gouvernance, assurer l’efficacité et l’efficience de ses formations et de ses recherches... Ce qui est important de souligner est qu’il n’en a jamais été dépourvu, en témoigne la qualité appréciable de nos diplômés. La démarche qualité consiste justement à renforcer cet acquis en produisant des preuves tangibles que ce qui est produit dans nos établissements est conforme aux normes admises.

Une université coopérative, intégratrice et socialement responsable,
 tels sont les agrégats de la qualité

La qualité n’est pas une notion édulcorée qui se construit sur des poncifs, mais  une notion entière qui se fonde sur des valeurs réelles que l’établissement d’enseignement supérieur ou de recherche doit acquérir, au fil du temps, par la pratique. 
Cette qualité est bien plus que des contrôles de connaissances à caractère pédagogique, ou l’évaluation de projets de recherche sur des critères isolés qui, par la force des choses, acquièrent le caractère statique, alors que ce qui est recherché est la transversalité dans toute action entreprise. La qualité recherchée est celle qui place l’établissement universitaire dans un contexte d’excellence reconnue internationalement avec des diplômes accrédités. 
Une université ouverte à un monde enchanté, une université orientée vers la pratique technologiquement avancée, coopérative, intégratrice et socialement responsable.  

La réforme en Algérie est, quoi que l’on dise, une réforme responsable qui intègre à la fois l’intérêt du citoyen et de la collectivité
Un dump des différentes réformes entreprises dans le pays montre, on ne peut plus clair, que l’impact des résultats sur la société est appréciable. Dans un monde changeant, les formes d’opposition ont aussi changé. Avec le lancement de la dernière réforme entamée en 2004, nous avons assisté à une hostilité parfois insensée. Les voix qui s’élevaient se focalisaient sur l’incertitude du système d’enseignement entrepris. Elles allaient vite désenchanter et s’apercevoir de l’hilarité démesurée de leur pronostic.
Une statistique objective ne peut que montrer les résultats appréciables obtenus depuis la mise en place des réformes en 2004, sans vouloir minimiser ou réduire les immenses mérites du système conventionnel et, aussi, sans phagocyter les obstacles de différentes natures rencontrés lors du démarrage de la réforme, et certains de ces obstacles subsistent toujours. S’il faut citer des faits en appui à des preuves sur l’état de la réforme, il n’est pas risqué d’en citer une douzaine dans la seconde qui suit, mais limitons-nous à quelques-uns tels que les programmes d’études qui sont désormais définis par les enseignants eux-mêmes, la réflexion sur la remise en cause des méthodes et approches d’enseignement, l’assiduité et la participation effective et non imposée de l’étudiant aux enseignements, la réduction mesurable du décrochage, l’intérêt porté par le secteur de l’emploi, la conformité de nos diplômes... Comme dans tout domaine, une réforme n’est pas une fin en soi. 
Dans le cas d’espèce qui nous préoccupe, nous devons nous hisser à un niveau plus élevé pour mettre en œuvre un «ensemble de méthodes, des techniques et des actions managériales» pour mener l’établissement universitaire ou de recherche à assurer sa pérennité et son propre développement pour s’imposer dans de grandes technopoles fortes, complexes et franchement conquérantes. 
L’intégration de l’université dans des projets internationaux et euro-maghrébins en particulier, même si elle reste insuffisante, ou l’ouverture significative de l’université sur le monde avec des perspectives réelles de coopération avec de grands ensembles académiques et de recherche. L’étape de consolidation de cette vision est une thématique prioritaire. Il s’agit de la démarche qualité avec l’objectif de mettre en œuvre des systèmes de management de la qualité au niveau des établissements d’enseignement et de recherche.

La réalité du terrain se prête-t-elle à la pratique d’une démarche qualité ?
A partir de l’année 2004, nous avons assisté à un net redéploiement d’efforts ayant entraîné, sans aucune complaisance, la révision du système conventionnel touchant aussi bien la formation que la recherche ou la gouvernance des établissements. Ceci a entraîné en matière d’enseignement la mise en œuvre du système licence-master-doctorat (LMD). Le besoin s’était fait sentir non pas par souci de substitution d’un système par un autre ou, comme souligné par certains milieux, pour s’aligner sur des exigences supra-nationales et extra-pédagogiques, mais par le simple fait que le système conventionnel ne répondait plus aux nouvelles exigences sociétales qui intègrent à la fois le développement de l’individu, de la collectivité et de l’environnement dans lequel il opère. Pour autant, peut-on affirmer aujourd’hui que l’établissement d’enseignement supérieur et de recherche a intégré la démarche qualité ? Un énorme travail a été effectué par la commission nationale à l’effet de favoriser la pratique de la qualité dans les établissements d’enseignement supérieur. Ce travail de plusieurs années a permis l’intégration d’outils d’évaluation dans les universités et les écoles nationales, mais, malgré tous les efforts consentis, une solide politique de qualité n’a pas été instaurée. Il est vrai qu’il s’agit là d’une tâche ardue nécessitant l’implication de l’élément humain. Aujourd’hui, il n’y a plus de temps à perdre. 
La qualité devient une thématique prioritaire pour s’assurer du travail juste et sûr qui promeut la communication, la coopération et les échanges ainsi que la publication, l’innovation et la gestion transparente. En bref, avoir comme objectif la mise en place d’un organisme de la qualité, chargé de mettre en place les mécanismes de qualité  et de leur évaluation permanente, leur contrôle, leur amélioration et leur développement. 

La mise en place d’un organisme du type agence de la qualité est-elle l’une des clés de succès devant mener à une démarche qualité réelle ?
Une agence indépendante et autonome dans ses actions semble être une réalité à ne plus en douter. Le ministère algérien en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique semble aller vers cette voie, devenue inéluctable, eu égard aux mutations qui s’opèrent dans le monde en matière de la qualité de formation, de recherche et de gouvernance. Le ministère semble aller de l’avant et faire de telle sorte que la loi sur l’enseignement supérieur soit modifiée pour intégrer notamment la création de l’agence d’accréditation et d’assurance qualité. Mais puisque «les habitants de La Mecque en savent plus sur leurs récifs», il appartient à chaque établissement de se mobiliser pour que ce chantier soit mené à son terme. Il y va de l’intérêt de la qualité de nos prestations académiques et de recherche.  
Cette agence aura deux missions à remplir : l’assurance-qualité des prestations académiques et de recherche et l’accréditation des établissements d’enseignement supérieur. En matière d’accréditation, un établissement aura donc à répondre aux exigences de cette agence qui fournit une certification sur la base d’un audit pour évaluer sa conformité par rapport à une norme et, pour maintenir ce statut, des audits périodiques seront requis par l’agence. 
En matière d’assurance-qualité, elle reprendrait les prérogatives de la défunte Ciaqes (Commission nationale pour l'implémentation de l'assurance qualité dans l'enseignement supérieur). Que ce soit l’un ou l’autre des deux dispositifs, l’établissement d’enseignement supérieur ne sortira que bénéficiaire à la condition de remplir un préalable : c’est la sempiternelle question de la culture qualité. Auditer une offre de formation est utile mais cela risquerait de rester lettre morte si le terrain n’est pas préparé, et qui ne peut l’être que par la mise en place d’un système de management de la qualité institutionnel pour permettre aux dispositifs d’assurance-qualité d’identifier, à un stade précoce, les carences devant être résolues. C’est le meilleur moyen pour que les avantages l’emportent sur les inconvénients. En attendant la révision de la loi, la relance de la Ciaqes est une opportunité pour combler le vide et ne pas laisser le fossé se creuser davantage.

Conclusion
L’établissement d’enseignement supérieur ou de recherche est appelé à devenir un acteur visible et exercer toute sa part de responsabilité dans le développement de la société et de l’économie de la connaissance. Posée en ces termes, la démarche qualité en est alors indispensable. C’est l’adaptation d’outils, de méthodes et de pratiques enseignantes à des situations d’enseignement en constante évolution. Il faudra créer un enseignement régulièrement remis à jour qui encourage l’innovation avec les ressources dont dispose l’établissement. Cela exige des efforts et un travail considérable, mais c’est le prix à payer pour adopter une démarche de qualité
Ce qui pourra manquer à un établissement d’enseignement supérieur, si la thématique qualité n’y est pas présente ou partiellement présente, c’est l’impossibilité ou la difficulté de recourir à des outils de mesure pour évaluer la pertinence de sa vision. Se poseront alors des questions telles que «comment il y va ? Comment sait-il qu’il est ou non sur la bonne voie ? Et aussi comment changer pour s’améliorer ?» Ce sont des questions fondamentales qui se posent à toute institution qui active dans un monde changeant et en constante évolution.
B. K.

(*) Professeur des universités en mathématiques et en physique. Expert de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Expert en conduite de changement. Université Mohamed-Boudiaf de M’sila.

 

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