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Rubrique Contribution

La recherche scientifique, la méthode avant tout ! (1re partie)

Par le Pr Baddari Kamel(*)
La recherche scientifique est cette activité qui vise à accroître notre compréhension lorsque nous voulons savoir quelque chose sur quelque chose, tout comme elle nous fournit les éléments de décision en matière de politiques publiques pour répondre aux impératifs de développement. On n’y va pas tout de go à la recherche scientifique.
La méthode scientifique fondée sur un cheminement hypothèse – déduction – prédiction en est la base pour établir une vérité, et sa maîtrise est fort utile pour conduire un projet de recherche ; sans quoi il est difficile de prétendre arriver à quoi que ce soit en termes de résultats pérennes et crédibles.
Le monde de la recherche scientifique a développé plusieurs méthodes pour la nécessité de ses démarches d’investigations à la recherche de résultats et, parmi celles-ci, dans le cadre de cette contribution, la méthode hypothético-déductive, méthode utilisée dans les grandes activités de recherche, retiendra notre attention.

La méthode, rien que la méthode
La méthode dans les récits et discours philosophiques a été largement discutée par différents philosophes ; mais, sur un autre registre, les scientifiques reconnaissent que le premier à avoir utilisé la méthode scientifique est le physicien abasside Ibn El Haytam. D’une manière générale, en recherche scientifique, on parle de méthode scientifique pour évoquer la méthode hypothético-déductive qui diffère des autres telles que la méthode inductive, la méthode de test, la méthode axiomatique... Elle se présente tel un cycle qui prend son origine de l’idée ou de l’intuition qui vient de la capacité à imaginer et à théoriser, effectue des hypothèses sur des questions, réalise des prédictions, effectue des tests sur les prédictions par des observations et des simulations, et le cas échéant, valider ou invalider les hypothèses ou tout simplement éliminer certaines d’entre elles avant de refaire le cycle précédent.
Tout au long de ce cycle, le chercheur évitera de se concentrer que sur les cas favorables. Il cherchera à prouver aussi qu’il a tort. S’il n’arrive plus à prouver qu’il a tort, il pourra considérer que les hypothèses sont valides. Il aura franchi ainsi une étape très importante dans son travail de recherche, celle de fixer les hypothèses pertinentes pour le problème étudié.
Il est donc illusoire d’entreprendre un travail qui garantirait la fiabilité des résultats d’un problème de recherche donné sans recourir au cycle précédent ou à quelque chose qui s’apparente à lui.
La méthode scientifique est en fait créatrice de connaissances scientifiques différentes des autres types de connaissances du type mystique ou rationaliste. La connaissance scientifique est d’ordre empirique, reposant sur l’observation de regarder ce qu’il se passe afin de développer ou de tester des théories utiles pour comprendre et décrire le fonctionnement d’un phénomène donné et prédire ce qu’en seront les solutions.
Les procédures par lesquelles les observations sont recueillies et évaluées constituent la méthodologie qui repose sur des critères d’évaluation, de fiabilité, de réplication et de validité. L’évaluation s’intéresse à la cohérence des mesures utilisées, tandis que la fiabilité s’intéresse à la visibilité et à la lisibilité des procédures utilisées pour s’assurer de leur parfaite reproduction. L’avant-dernier critère s’intéresse aux détails des procédures employées pour qu’un autre chercheur puisse répéter l’étude et, enfin, le dernier critère concerne l’intégrité des résultats. Une méthode scientifique est une démarche rigoureuse. Elle ne permet pas aux projets scientifiques mal appréhendés de survivre dans le temps. C’est un ancrage dans les bonnes pratiques du management de la recherche scientifique.

Une clé de succès : bien formuler les questions de recherche
Une bonne formulation de la question de recherche, succédant au discours argumentatif (ou problématique) et aux objectifs de recherche, constitue une clé de succès de toute activité de recherche. Une question de recherche étant des indications sur les préoccupations qui seront prises en charge par une activité de recherche. Elle amènera une meilleure structuration du travail et servira de soubassement à l’élaboration des hypothèses. Généralement, pour une même activité de recherche, le nombre de questions est limité, sinon le travail prendrait une dimension qu’il sera difficile de contenir. Une question doit être bien formulée et en relation très étroite avec la problématique tout en intégrant les contraintes de temps et de ressources, et elle doit faciliter à trouver la réponse par des observations concrètes. Elle est rédigée sous forme d’énoncé interrogatif au présent de l’indicatif. Un exemple de question de recherche est pourquoi les habitants de In-Salah s’opposent-ils à la recherche de gisements de pétrole de schiste situés à quelques kilomètres de chez eux ? Ou encore pourquoi à Bir-Naâm, dans la wilaya de Biskra, d’un côté les palmeraies sont fertiles en dattes comestibles, et, de l’autre côté, elles ne le sont pas, pourtant les deux zones sont mitoyennes ? Ou encore comment rendre l’intelligence artificielle perceptible aux sens de l’être humain ? Toutes ces questions sont observables et entrent dans une démarche scientifique. Par contre, la question de recherche suivante : combien y avait-il de mammifères en Algérie en 1492 n’entre pas dans une démarche scientifique car elle ne peut être concrètement observée de manière rationnelle.
Une question de recherche n’est pas immuable. Elle pourra être ultérieurement reformulée pour s’adapter aux ressources, temps, équipements, finance…
Une question ne pouvant être déclarée comme remplissant les critères de précision, qu’après avoir été soumise à une interprétation critique par d’autres personnes et recueilli des réponses objectives qui convergent vers le sens que le chercheur donne à sa question de recherche. C’est à cette condition que la question sera retenue en tant que telle.
B. K. 
(À suivre)
(*) Université Mohamed-Boudiaf, M'sila.
Note : dans la seconde partie à paraître, nous aborderons l’hypothèse de recherche comme fondement à tout projet. Il sera exposé aussi une réflexion sur la naissance des idées en recherche.
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