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La violence est-elle une fatalité ?

Par Rachid Hanifi, professeur d’université
Notre société en général, notre jeunesse en particulier, subit depuis quelques années un environnement fait d’agressivité et de violence répétées. Celles-ci se manifestent sous différentes formes, suscitant une profonde inquiétude sur l’avenir de notre nation. 
L’agressivité de l’Algérien se lit sur les visages dès les premières rencontres, se traduit dans les gestes et propos en toutes circonstances, suscitant même parfois une relation haineuse entre citoyens, qui n’arrivent plus à communiquer sereinement, à se supporter et à se pardonner les éventuelles erreurs ; en somme, à vivre ensemble. Les nouvelles cités créées par l’Etat, souvent sans espaces de détente et loisirs, rassemblant des populations venues de différents horizons, deviennent parfois des arènes de combats, avec une violence inouïe, n’accordant aucun intérêt à la vie humaine, ni rahma aux innocentes mères de famille et aux enfants moralement traumatisés. 
La politique de relogement massif menée par l’Etat, dans le but de répondre aux besoins des citoyens, a alimenté des frustrations, pas toujours légitimes, en raison de l’esprit mercantile de certains «marchands de misère» qu’aucune morale n’atténue lorsqu’il s’agit de se remplir les poches. La promiscuité provoquée par les «cités-dortoirs» favorise l’agressivité et peut constituer un réservoir de violence pour la société. Les espaces existent pourtant sur le territoire national et auraient pu permettre une répartition plus rationnelle et sécurisante de la population. La concentration effrénée des citoyens sur la partie nord du pays a provoqué de nombreuses conséquences négatives telles que la disparition de l’essentiel de nos terres agricoles fertiles, la limitation des possibilités d’emplois, la circulation automobile intenable, la pollution nocive à la santé, les chaînes humaines insupportables au niveau des administrations publiques (APC, postes…). 
Tous ces aléas de l’hyper-concentration de la population dans les grandes villes du nord du pays  expliquent en partie l’état de nervosité permanent qui caractérise l’Algérien. Des frustrations diverses telles que le manque d’espaces de loisirs (cinémas, théâtres, galas artistiques, etc.) ajoutées aux frustrations sexuelles liées à notre culture, exposent nos jeunes à des comportements de violence de différentes natures. 
Nos écoles ne sont plus des lieux d’éducation civique, nos mosquées ne contribuent plus à la moralisation apaisante de la société, notre presse rapporte chaque jour des exemples moralement traumatisants de traitements disproportionnés de cas relevant de la justice. 
Toute cette situation contribue au malaise ressenti par les Algériens qui vivent mal leur citoyenneté, au point d’adopter la violence comme mode d’expression entre eux et avec eux-mêmes. Les suicides répétés, les tentatives de fuite à travers des embarcations assassines constituent le summum de l’agressivité caractérisant notre société. 
Les compétitions sportives, particulièrement celles du football, sont des opportunités d’expression de la colère et de la frustration ressenties. A travers la parabole et l’internet, nos jeunes perçoivent une illusion de vie meilleure ailleurs, qu’ils tentent d’approcher, aux risques de leur vie. Le drame de l’exil recherché par les jeunes Algériens, qu’ils soient peu instruits ou diplômés universitaires, est ressenti par les familles comme un échec d’une tranche de vie et une humiliation. 
Des parents qui encouragent leurs progénitures à quitter le pays, ou qui subissent l’affront de la  harga  ne peuvent  finir leur vie dans la paix morale et la sérénité. Ils ressentent une forme d’abandon et se soumettent à une fatalité dont ils ne comprennent pas la raison. Nos aînés, répètent-ils, ont sacrifié leur vie pour offrir à leurs enfants une vie meilleure et digne chez eux. Voir aujourd’hui des jeunes Algériens braver le danger de la mer à la recherche d’une illusoire vie plus confortable moralement et matériellement constitue une véritable agression contre le sacrifice de ces aînés. 
Pourquoi cette violence ? Pourquoi cette démobilisation ? Pourquoi cette perte d’espoir de notre jeunesse ? Est-ce une fatalité, puisque nous ne percevons, malheureusement, pas de signes d’évolution positive à travers nos rencontres quotidiennes au sein de la société ? Que faire pour que nos enfants ressentent plus de joie, moins d’amertume et davantage de fierté de vivre dans leur pays, au sein de leurs familles respectives ? Une sérieuse approche sociologique est nécessaire et urgente afin d’appréhender les motifs profonds de ce malaise ressenti par notre jeunesse. Une telle étude n’aurait cependant d’intérêt que si la volonté politique s’inscrit dans la dynamique d’une prise en charge sérieuse des problèmes identifiés. 
Un pays se construit par la motivation et l’engagement de ses citoyens ; le désespoir favorise la descente aux enfers. 
R. H.

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