Placeholder

Rubrique Contribution

LETTRE OUVERTE DES DESCENDANT(E)S DES MARTYRS ALGÉRIENS DE PALESTINE OUBLIÉS AUX CANDIDATS À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE

Distingués candidats, 
Alors que vous êtes en pleine campagne électorale pour l’accession à la fonction suprême de président de la République, tout observateur peut constater, en jetant un coup d’œil sur vos programmes électoraux, que vous avez omis ou ignoré une question ancienne mais sans cesse renouvelée, à savoir l'identité nationale des descendants des martyrs ayant été contraints, à l’instar de beaucoup d’autres Algériens, de quitter leur pays, l’Algérie, et d’émigrer vers d’autres pays, dont la Palestine, comme ce fut le cas pour nos ancêtres. 

Distingué(e)s candidat(e)s, 
Vous n’êtes pas sans savoir que durant l’horrible période de la colonisation française, beaucoup d’Algériens ont été forcés d’abandonner leurs villages et leurs maisons. Ils étaient pourchassés et expulsés du pays de leurs ancêtres depuis le déclenchement des glorieuses révolutions qu’a connues l’Algérie, comme celles d’El Mokrani, Cheikh Aheddad, Lalla Fatma N’Soumer, Boubaghla et l’émir Abdelkader.
Nos ancêtres avaient émigré depuis Oran, Tlemcen, Batna, Oum-el-Bouaghi, Blida, Boumerdès, Tizi Ouzou, Bouira, Sétif, et de plusieurs autres régions de notre cher pays l’Algérie. 
Nombre d’entre eux se sont installés dans les villages du nord de la Palestine, alors sous domination ottomane. Ils ont constitué des villages entièrement algériens, en étant fiers de leurs origines, perpétuant leurs us et coutumes et préservant leur identité différente de celle du pays d’accueil, dans l'espoir de retourner, un jour, dans leur chère patrie.
Après la Nakba de 1948 et l’occupation de la Palestine par les forces sionistes, nos parents et grands-parents ont été dispersés un peu partout en Syrie, au Liban et en Jordanie. Avec le déclenchement de la guerre de Libération nationale en novembre 1954, ils commencèrent alors à entrevoir les premières lueurs d’espoir.

Distingué(e)s candidat(e)s, 
Durant cette révolution, nos ancêtres en étaient de dignes messagers et soldats dans tout le Levant. Ils participaient à la collecte de fonds et d’armes, et organisaient des manifestations et des réunions de soutien à la Révolution. Après l'indépendance de l'Algérie, un recensement des Palestiniens d'origine algérienne vivant en Syrie et au Liban a été effectué durant les années 1970, et des cartes d'identité algériennes temporaires leur ont été délivrées. 
Malheureusement, cette opération a fini par être suspendue pour des raisons politiques. A Beyrouth, alors que le Liban était plongé dans une guerre civile, nos pères veillaient à la sécurité de l'ambassade d’Algérie, et nombre d'entre eux avaient payé de leur vie ce dévouement.
Madame la future Présidente, Monsieur le futur Président, Mesdames et Messieurs les candidat(e)s,
Savez-vous que les enfants de ces Algériens subissent les pires traitements dans les ambassades d'Algérie au Liban et en Syrie ? Savez-vous, également, que toute requête adressée à ces deux ambassades est systématiquement rejetée ou classée sans suite ? Savez-vous aussi que le personnel des ambassades d’Algérie à Beyrouth et à Damas traite les enfants de l’Algérie comme s'ils étaient des ennemis ?

Messieurs, Mesdames les candidat(e)s,
Aujourd'hui, alors que nous célébrons la journée du Martyr algérien, les descendants des martyrs déplacés de force en Palestine continuent à payer le prix de l’oppression du colonisateur français, et de ce qui en résulte comme lois arbitraires et bureaucratie méprisante. 
Comme vous le savez, le colonisateur français avait effectué, à l’époque, plusieurs opérations de recensement des citoyens algériens. 
En outre, il avait changé les noms de nombreuses familles algériennes, ce qui a constitué, par la suite, un obstacle majeur à l’établissement de l’identité des Algériens vivant en Palestine. 
En vertu des lois algériennes en vigueur, les enfants de harkis et les juifs sionistes d’Algérie, qui étaient pourtant des agents de la France coloniale, et qui avaient contribué à la tragédie qui a frappé nos parents et grands-parents, ont aujourd’hui plus de facilité à établir leur identité algérienne que nous. Y a-t-il pire injustice que celle-là ?
De ce fait, au nom de tous ces oubliés et opprimés, nous appelons à la mise en place d’un comité composé des ministères de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, qui sera chargé de coopérer avec les comités représentant cette frange d’Algériens afin de procéder au recensement de l’ensemble des personnes concernées, en vue de restaurer leur identité algérienne perdue.
A la veille de cette échéance qu’est l’élection présidentielle, nous vous souhaitons du succès, et nous prions Dieu que cet évènement soit une fête démocratique pour l’ensemble des Algériens. 
Nous regrettons, toutefois, que d'autres Algériens soient privés, par la faute du colonisateur, de leur droit à réintégrer leur patrie, et que les lois arbitraires en vigueur les privent de l'honneur de vous élire.
Messieurs, pour nous il s’agit d’une question de dignité nationale et d’appartenance, et pour vous, cela constitue un indicateur de votre attachement au droit et à la justice.
Collectif des Algériens de Palestine.
Danemark, le 18 février 2019.
Traduction : Achour Maaloum.

Placeholder

Multimédia

Plus

Les + populaires de la semaine

(*) Période 7 derniers jours

  1. Intempéries Quatre personnes secourues à Tizi-Ouzou

  2. Air Algérie annonce la suspension de ses vols à destination de la Jordanie et du Liban

  3. Trafic de drogue Un réseau tombe à Oran

  4. Sfisef (Sidi-Bel-Abbès) Lumière sur l’assassinat des 3 taxieurs retrouvés enterrés dans une ferme

  5. CNR Les retraités appelés à utiliser la technique de reconnaissance faciale via "Takaoudi"

  6. KFC Algérie ferme deux jours après son ouverture

Placeholder