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L’APRÈS-PANDÉMIE ET GUERRE DES PRIX DU PÉTROLE Une nouvelle ère : changer pour survivre

Par Abdelmadjid Attar(*)
Il y a trois semaines, toutes les analyses et hypothèses relatives à la guerre des prix du pétrole évoquaient trois pistes : une décision stupide et irréfléchie du prince Salmane qui ne rendra service à personne. Une alliance Arabie Saoudite-État-Unis pour faire plier la Russie et l’Iran, puis prendre en otage à l’avenir le rôle de l’Opep par l’Arabie Saoudite et les État-Unis afin de contrôler le prix le plus adéquat à l’industrie pétrolière de l’Arabie Saoudite et, bien sûr, celle des État-Unis. Et enfin pourquoi pas une alliance Arabie Saoudite-Russie pour couler la production de pétrole et gaz de schiste des État-Unis ?
Une chose est sûre, cette guerre des prix est en train de mettre à genoux tous les pays producteurs de pétrole, y compris l’Arabie Saoudite et les État-Unis, avec un baril qui a déjà atteint 22$ pour le Brent à la fin de ce mois de mars. Mais il y a des pays où des activités qui souffrent et souffriront encore plus au cours des mois et probablement des années à venir. Le Venezuela, l’Irak et l’Iran sont au premier rang des pays touchés, au grand plaisir de l’Arabie Saoudite et des État-Unis. Mais il y a aussi toute la production de pétrole et de gaz de schiste des État-Unis qui fait face à une situation qui va coûter cher aux État-Unis, avec non seulement une baisse de production très importante (moins 3 millions de barils/jour actuellement), mais aussi une faillite pour des dizaines de producteurs avec des dettes impossibles à rembourser, et enfin une possible dépendance à court et moyen terme de la consommation future des État-Unis du pétrole du Moyen-Orient.
Après 3 semaines de chute libre du prix du baril, le constat qui semble être le plus probable est que, de toutes les façons, ce prix a très peu de chance de revenir à court terme au niveau moyen qui semblait convenir à tous les producteurs et consommateurs depuis 2014, c’est-à-dire autour de 50 dollars. Ce constat est basé surtout sur l’importance de la crise économique mondiale provoquée d’abord par la pandémie de Covid-19, et que la guerre des prix n’a fait qu’aggraver. Il est basé aussi sur le fait que la consommation mondiale de pétrole qui en découle a déjà baissé d’environ 30%, et n’est pas près de reprendre dans le meilleur des cas avant plusieurs mois. Il y a enfin une observation importante à mentionner du fait que la crise économique actuelle est tellement grave, que l’un de ses principaux impacts sera probablement la naissance, à court ou moyen terme, d’une ère nouvelle, un monde nouveau , au sein duquel il y aura des changements inattendus au point de vue économique et politique.
Il est probable que les politiques et stratégies énergétiques futures soient complètement refondées, réorganisées, parce qu’elles constituent autant de pouvoirs, de forces, ou de faiblesses pour tous les pays sans exception, et, par conséquent, un facteur majeur pouvant aussi bien soutenir leur économie pendant une période, que l’affaiblir par la suite avec un risque que cela soit durable dans le temps. L’exemple des État-Unis est très instructif, et il ne faut pas s’étonner d’entendre aujourd’hui le Président Trump déclarer à la chaîne de télévision Fox News : «La Russie et l'Arabie Saoudite se battent et ils ont fait chuter le prix du pétrole, je vais parler à monsieur Vladimir Poutine. Nous devrions pouvoir nous entendre.» Il y a quelques semaines, d’autres déclarations non officielles ont fait état de pressions des État-Unis sur l’Arabie Saoudite, et même l’envoi d’un émissaire pour « convaincre » l’Arabie Saoudite de diminuer sa production afin de stabiliser le prix du baril qui est en train de couler la production américaine de schiste.
Aujourd’hui, environ 50% de la population mondiale est confinée chez elle. Les autres ne se déplacent que par nécessité ou sous étroite surveillance. Toutes les frontières sont fermées et l’économie mondiale fonctionne au ralenti ou est en panne. Pour combien de temps ? Difficile à dire. La vie reprendra quand même le dessus, mais plus comme avant. Les politiques, les populations, les citoyens seront obligés de faire le point sur ce qui vient de se passer et plus rien ne sera comme avant dans tous les domaines : politique, économique, gouvernance, culturel, etc. C’est à ce défi qu’il faut se préparer : changer pour survivre, se soumettre, ou disparaître.

A. A.
(*) Consultant. Ancien P-dg de Sonatrach.

 

 

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