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Rubrique Corruption

LIBRE DÉBAT(*) Bouts de pain et pot-de-vin (1re partie)

Le soulèvement du peuple algérien en mil neuf cent cinquante-quatre était justement contre la misère et l’injustice que le colon avait régies en règle. La disparité entre Européens et musulmans ou indigènes, comme la «racaille supérieure» aimait à les appeler, était une loi inéluctable inscrite dans le testament du colon et introduite par la voie génétique dans le destin de l’Algérien.

L’indépendance était atteinte par des sacrifices énormes et des tragédies indubitables durant toute la période de la Révolution. Un sacrifice ultime, inexorable, consenti par la population et les dirigeants du moment qui ne pensaient qu’au peuple et à son bien-être. Pour les combattants de la libération, ce peuple était bien leur famille, leur père et mère, leurs enfants, leurs voisins, cousins et tous les gens qui portaient le nom «indigène» comme un collier d’attache d’esclaves au cou étaient les leurs. Aujourd’hui certains, pour ne pas dire tous ceux qui ont pris les fonctions et remplacer les colons aux bureaux et aux administrations, ont adopté leurs pratiques. A croire qu’ils avaient trouvé le parchemin qui leur avait donné le mode d’emploi et les fondements de ce fétichisme combattu à bras-le-corps. Je dirais un peu plus, car le colon dans le temps ne fréquentait pas la mosquée, ne se baladait pas sur les lieux que «l’indigène» fréquentait. Aujourd’hui ces individus qui ont accès aux fonctions dans la justice en particulier ne boivent pas de vin, mais ils prennent des pots-de-vin ; malheureusement, ils ne se soulent pas, autrement cela ferait longtemps qu’ils seraient tombés raides, inconscients de leurs actes. Même s’ils ne sont pas souls, ils sont toujours inconscients par le fait de substituer le droit de quelqu’un et de le donner à l’autre qui a bien payé la dot de la corruption. Celui qui donne le pot-de-vin et celui qui le reçoit ne font que se réduire pour atteindre la taille d’un nain. Il ne faut pas attendre la bénédiction d’un saint pour pallier ce mal qui avait gangrené l’Algérie postcoloniale. Il est ressuscité de ses cendres comme un faucon de malheur qui naquit sous les youyous d’un système voyou et corrompu en dessous et qui met le burnous blanc immaculé de la démocratie pour lui donner un look comme une montagne enneigée, propre et merveilleuse à contempler.

«…Ce roi qui régnait sans partage…»
Même si ce n’est pas la saison hivernale, il n’y a pas que la neige qui est blanche, d’autres produits plus recherchés et qui donnent des visions à travers prismes et prises de doses de nature insoupçonnée. Si l’hiver il n’y a que les montagnes blanches, en prenant une dose de cette matière la terre entière le paraîtra. Surtout depuis la dernière décennie sous l’emprise de cette maladie pire que le cancer et le sida associés, une sorte d’un deux en un qui ravage la société, un fléau terrible aux conséquences insaisissables. Beaucoup de personnes ont préféré l’exil que d’assister à l’injustice imposée par la bourse la plus lourde en termes de poids, non pas celle qui est cotée à Wall-Street et qui génère la plus-value, mais celle qui remplit les poches des ripoux bien au vu et au regard, devant la barbe de ceux qui sont supposés garantir l’éthique morale. Des préposés aux postes bien rémunérés par un salaire conséquent, mais insuffisant pour remplir leurs panses s’aplatissent comme des boulimiques au ras du sol devant le bruit des bottes et des casseroles de miettes de leurs pourvoyeurs. Leurs pensées sont bien remplies, ils ont juré par tous les saints qu’ils vont téter à n’importe quel sein, même si c’est celui de la truie. Au fait, le lait de la truie est plutôt moins illicite que celui de cette cochonne de corruption, ou des fois ils se mettent à quatre pattes pour boire le calice jusqu’à la lie. Le problème dans ce cas c’est qu’il n’y a pas de prêtre, mais souvent des traîtres qui se sont alliés en groupes d’individus qui chacun boit sa part jusqu’à ce que le fond du calice des temps modernes qui est en verre se mette à scintiller. Sur les parois, on n’aurait pas fait attention si non on eut vu les larmes de ceux qui étaient lésés et qui avaient perdu leur droit le plus absolu. La viande du sanglier est certainement plus «hallal» que celle du boucher d’Alger qui la fourre à la blanche pour des soirées bien arrosées. Une grillade de cette viande ou même un petit reniflement par le nez vous envoie en l’air, dans les vapes de l’éternité. Ce voyage sur le tapis de Bagdad vous transporte loin, très loin dans des contrées où vous aurez le privilège d’assister au mariage du Roi des mages. Ce roi qui régnait sans partage vous offrira un breuvage sans garantir un servage de la blanche qu’on croyait circuler ailleurs sur la Colombie et ses rivages. Comment expliquer que la dope circule à flots par chargement énorme et par bateau, si ce n’est pas la politique de fermer l’œil mais pas pour rien ou par ce qu’on est myope.

«…. Mettre en garde le système en place…»
Non, loin de là, parce que cette activité lucrative nous laisse des subsides minimes qu’ils soient, mais suffisants pour clouer le bec à ces rapaces qui veulent leur part de la proie, en affichant leur côté écolo et en se vantant être les éboueurs de la nature. Est-il nécessaire de faire la guerre à ce mal qui pourrit les institutions et les arcanes du système qui incarne tout le mal dont peut représenter une société en dégradation perpétuelle. Cette déliquescence des hommes qui mène souvent au perfidement de la société risque à long terme de former un terreau nauséabond au début, mais fertile pour donner naissance à cette justice ô combien pure telle une fleur sortant d’un amas de fumier. L’indépendance n’a-t-elle pas découlé de ces affres du colonialisme qui étaient régis en système bien ancré ? Cette leçon du passé n’est-elle pas suffisante pour mettre en garde le système en place pour réfléchir comment sortir de l’impasse, s’inspirer des sociétés civilisées ou rendre le tablier avant que ce ne soit trop tard. Oui, la corruption doit cesser et il est urgent de la combattre et d’instaurer une justice qui sera le fer de lance et la base de toute tentative de modernisation de la société. Il est temps que les institutions jouent le rôle pour lequel elles ont été créées, nonobstant cette léthargie qui secoue le peuple, sa fibre révolutionnaire et son attachement à la justice et à l’équité peuvent toujours achalander une réaction virulente charriant désespoir et ras-le-bol telle de la terre pure transformée en boue par ces pluies torrentielles et dans notre cas par l’injustice des hommes. Il est comme tout le monde, il n’est pas blanc, il est tout à fait basané, il ressemble à ses semblables comme deux gouttes d’eau de pluie, mais il les a truandés et leur droit il l’avait bafoué. On l’avait chargé d’une mission noble, mais il a trahi, il avait vendu son âme au diable et sa concubine connue sous différents noms, la corruption, la chipa, le passe-droit, la graisse loi et j’en passe, il y a autant de noms que de voix qui la condamne et même les muets, ils la montrent du doigt. Ces goinfres qui gobent sans retenue ni honte ne se gênent même pas du sang de leur «gibier» qui dégouline le long de leur barbe bien fournie et qu’ils bichonnent à longueur de journée aux produits «made in» et même des fois au henné, pour montrer leur attachement ferme aux valeurs de la tradition.

«… Notre nouveau riche, qu’a-t-il créé, qu’a-t-il inventé ?...»
Il n’y a pas moyen de se débarrasser d’eux, le fameux slogan la valise ou le cercueil ne pourra pas être applicable pour leur cas, oh ! si pourquoi pas ? S’ils se défendent d’être les frères du frère de ne je sais quelle contrée alors peut-être, qu’on pourra toujours les jeter aux fauves en dehors de nos frontières. Des jeunes se sont déjà jetés à la mer au risque et péril de leur vie, pourquoi à votre avis ? La réponse est claire, il n’y a pas une paire, mais une seule et unique et c’est la vérité. Pour les tenants des rênes du pouvoir, ils insinuent que le poisson est cher et qu’il lui faut de la chair humaine pour l’engraisser et le rendre accessible aux petites bourses dont la majorité sont les parents de ces jeunes volontaires qui se sont offerts en pâté. Voilà la raison avancée par les apparatchiks qui n’osent pas reconnaître qu’ils sont la cause de ces départs massifs et de cette purge semblable à celle des juifs fuyant l’Allemagne nazie même avant la Seconde Guerre mondiale. La réalité est autre, c’est l’injustice, les inégalités sociales qui sont le catalyseur qui a donné des ailes à la tortue pour partir à grande vitesse dépassant le supersonique et pourtant très performant dans le temps et pour sa génération. Alors comment expliquer que celui qui avait de l’avance a été dépassé et celui qui n’avait rien se ramène avec les trésors d’Ali Baba? Est-il l’héritier de ce dernier, alors qu’il nous montre son affiliation pour nous convaincre et rayer la certitude qui nous animait? Il était pourtant en mil neuf cent soixante-deux comme tous les Algériens, il n’avait que son repas, son dîner et même son petit-déjeuner. Tous ces trois se limitaient au produit de la mamelle de la chèvre ! La pauvre chèvre, elle ne lui cachait rien, elle donnait tout, jusqu’à ce que son compte soit à découvert. Aujourd’hui son compte est plein de dollars d’euros et de toutes les monnaies qui s’échangent un contre vingt. Juste après l’indépendance il avait zéro dinars partout à la maison, les comptes bancaires, non seulement il n’en avait même pas, mais il ne connaissait pas leur existence. Cinquante ans après il est plus riche que Bill Gates qui avait inventé le système d’exploitation Windows, un outil géant dans l’informatique et le développement du numérique. Notre nouveau riche, qu’a-t-il créé, qu’a-t-il inventé ? Des systèmes d’exploitation de corruption et de détournement de fonds et que même avec le meilleur des anti-virus vous n’allez pas vous débarrasser du mal, car dans notre cas c’est l’homme puissant et ses hommes de main qui sont les réels virus et bugs qui bloquent le programme du développement.

«… Il fallait briser cette boîte de vitesses qui n’avait que la première et la deuxième...»
On s’attendait à ce que la fin de l’année 99 soit l’année du grand bug du siècle, Dieu merci il ne fut rien, les ordinateurs ont continué à fonctionner normalement, malgré le passage à trois zéros de la date de l’année 2000. Par contre notre Constitution a été changée et c’était le bug qui avait frappé, on est passé de deux Zorro à trois Zorro et puis quatre, et on ne sait plus quand ce feuilleton Zorro va s’arrêter. Il n’a pas encore montré sa portée, le mal qui était fait n’est que minime comparé à celui à venir, que Dieu épargne notre pays du destin de la Libye, de l’Irak et de celui de la Syrie. Les Chinois sont venus pour faire une autoroute où on peut rouler aux vitesses supérieures à deux. Les véhicules avec de telles performances tout le monde en fabriquait, il faut juste faire le choix. Le plus grand tracas résidait dans la loi qui doit autoriser ce panneau, qui doit être planté sur les bas-côtés de cette autoroute bien visible à souhait. Il fallait briser cette boîte à vitesses qui n’avait que la première et la deuxième, un genre de Dumper qui ne fait que du bruit au lieu d’avancer. Mais pour changer cette loi à deux mandats, si chère à toutes les démocraties, il fallait atteler tamazight, le terrorisme, le salaire des députés, pour que l’objectif ciblé et primordial fasse le consensus de ce groupe hétéroclite, qui d’un regard sur la grappe d’hameçons voit déjà son leurre bien accroché. Ce premier regard qui trouve en quoi un groupe est intéressé, une sorte de mirages aux alouettes le désarme pour inspecter plus loin les autres leurres qui sont destinés à d’autres qui certainement trouveront satisfaction. Il fallait le masquer, le maquiller, le rendre visible, mais beau, quitte à dépenser des sommes faramineuses.
Kamel Gouten, université de Béjaïa

(*) Ce «Libre débat» a été rédigé avant que naisse le Mouvement populaire du vendredi 22 février 2019 : contribution prémonitoire !

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