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Rubrique Culture

ÉDITION American Dirt, un roman sur l'immigration mexicaine, enflamme les esprits aux Etats-Unis

Bien qu'applaudi par Stephen King ou Oprah Winfrey, un roman sur une migrante mexicaine, sorti le 21 janvier, a déclenché une violente controverse aux Etats-Unis, témoignant du climat électrique autour de tout ce qui touche à l'immigration hispanique.
Le livre, American Dirt («Saleté américaine», non traduit en français), raconte l'histoire d'une libraire d'Acapulco qui prend la dangereuse route de l'exil avec son fils de huit ans, après avoir échappé, de justesse, à des trafiquants de drogue qui ont assassiné le reste de sa famille. Avant son lancement, l'œuvre fait l'objet d'une promotion typique des best-sellers, avec déjà une adaptation au cinéma en préparation. Elle est présentée, en cette année d'élection présidentielle, comme emblématique du drame des migrants.
De grandes plumes, comme Stephen King ou John Grisham, ont vanté l'ouvrage, que même le grand auteur de policiers, Don Winslow, est allé jusqu'à le qualifier de «‘‘Raisins de la colère’’ de notre époque», en référence au classique de John Steinbeck. Mais, très vite, son auteure, l'Américaine Jeanine Cummins, qui a une grand-mère portoricaine, mais aucune racine mexicaine, s'est vue accusée d'exploiter la tragédie des migrants mexicains, et d'alimenter les stéréotypes nourris par le gouvernement Trump pour justifier une politique migratoire restrictive très controversée. Les critiques, lancées par l'écrivaine mexicano-américaine, Myriam Gurba, évoquent une certaine appropriation culturelle, un sensationnalisme, une méconnaissance du sujet ou encore des accusations de marginalisation des auteurs hispaniques par un monde de l'édition américain encore très blanc. Plus de 120 écrivains ont signé une lettre ouverte à Oprah Winfrey, lui demandant de retirer American Dirt des recommandations de son très suivi club du livre. Mercredi dernier, l'éditeur Flatiron Books (groupe Macmillan), a annoncé suspendre la tournée de promotion d'un livre en tête des ventes sur Amazon. «Vu les menaces précises contre les librairies et contre l'auteure, nous pensons qu'il existe un danger réel pour sa sécurité», a indiqué son président, Bob Miller, dans un communiqué. Les signataires de la lettre ouverte ont assuré ne pas vouloir censurer le roman. Il s'agit, selon eux, d'éviter trop de publicité pour «un livre qui exploite, simplifie à outrance, est mal informé» et verse dans «le fétichisme du traumatisme et le sensationnalisme de l'immigration». 
L'actrice d'origine mexicaine, Salma Hayek, qui avait publié une photo d'elle avec le livre, a présenté des excuses. «C'est un livre qui simplifie le Mexique, qui utilise mal l'espagnol, un livre où la protagoniste mexicaine fait des choses qui n'ont pas de sens pour un Mexicain», estime Ignacio Sanchez Prado, professeur d'études latino-américaines à l'université Washington de Saint-Louis (Missouri), interrogé par l'AFP. Si cet universitaire reconnaît qu'il n'y a pas besoin d'être Mexicain pour bien écrire sur le Mexique, il juge que Jeanine Cummins «le fait mal».
Et, pour lui, le principal responsable est l'éditeur, qui a fait preuve d’«ignorance et négligence» en publiant le texte en l'état. Mme Cummins, 45 ans, a fait peu de commentaires publics sur la controverse. Dans un entretien avec le New York Times, elle a dit mesurer «l'importance du débat sur l'appropriation culturelle», tout en soulignant «le risque parfois d'aller trop loin dans la volonté de réduire les gens au silence». «Personne ne veut censurer Cummins, elle peut continuer à écrire ce qu'elle veut», a indiqué à l'AFP l'écrivain Daniel Olivas, auteur d'un recueil de poèmes sur la frontière et signataire de la lettre à Oprah Winfrey. «Mais la promotion de ce livre comme un grand roman américain ou un succès éblouissant comparable à John Steinbeck est tout simplement mortifiant, alors que beaucoup d'écrivains latinos ne reçoivent qu'une petite partie de cette attention et de ces gains financiers», a-t-il ajouté.
Jeanine Cummins, qui en est à son quatrième ouvrage, aurait touché une avance d'au moins un million de dollars, selon certains médias américains. Tout en reconnaissant qu'il n'aurait pas dû promouvoir le livre comme emblématique de l'expérience des migrants, le président de Flatiron, qui avait remporté les droits sur American Dirt après trois jours d'enchères, a regretté qu’«une œuvre de fiction bien intentionnée ait suscité une rancœur aussi caustique».
Un éditorialiste du Washington Post, Ron Charles, s'est dit sidéré que le débat autour d'un roman ,assez quelconque, ait tourné au vitriol, témoin selon lui d'un climat politique de plus en plus toxique. «Voilà où nous en  sommes arrivés et c'est terrifiant», écrivait-il jeudi.

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