Après l’édition 2019 consacrée à l’Algérie, le Festival de cinéma de Douarnenez, qui se tient du 21 au 28 août, regardera du côté sud-européen durant une semaine dédiée aux «Peuples et luttes en Grèce».
Douarnenez est une petite ville bretonne située dans le Finistère où se déroule, depuis quarante-trois ans, un festival indépendant et engagé organisé par une association locale.
En 2019, l’Algérie était l’invitée d’honneur avec une riche programmation faite d’une centaine de films, des concerts de musique, des rencontres-débats et des ateliers. Alors que le Hirak battait son plein, le festival a convié de nombreux acteurs culturels et intellectuels engagés ainsi que les réalisateurs les plus en vue du cinéma algérien contemporain.
Après deux ans de suspension en raison de la pandémie de Covid-19, la 43e édition du Festival de Douarnenez se tiendra du 21 au 28 août prochains en l’honneur de la Grèce et de ses luttes.
Le programme-cinéma dévoilé par les organisateurs prévoit des dizaines de films, entre fictions et documentaires, qui permettront au public breton de revisiter les classiques et découvrir les tendances contemporaines du 7e art grec, avec un accent mis sur des œuvres politiquement marquées.
Le public pourra donc (re)voir le cultissime Z de Costa Gavras qui a valu à l’Algérie son unique Oscar en 1969 puisqu’elle en était coproductrice. Le dernier film du réalisateur sera également projeté. Adults in the Room (2019) est un huis clos dont voici le pitch : «Derrière les portes closes, une histoire universelle : celle d'un peuple emprisonné dans sa dette colossale. L'arbitraire de l'austérité imposée prime sur l'humanité et la compassion. Une histoire où chacun joue sa partition, où les personnages ne sont ni bons ni diaboliques, mais mus par leurs intérêts. Un piège asphyxiant et des moyens de pression sur nos héros pour les diviser. Une tragédie grecque des temps modernes. À travers la crise politique grecque, l'œil avisé de Costa Gavras décortique les soubresauts d'une Europe bancale.»
La crise grecque et la résistance des populations aux mesures inhumaines d’austérité imposées par l’Union européenne ainsi qu’à la brutalité du pouvoir en place seront au cœur de cette programmation. Parmi les documentaires sélectionnés à ce propos, citons Ici, rien (2011) de Daphné Hérétakis : un tournage commencé en septembre 2008, à Exarhia, haut lieu de la contestation athénienne. «Pendant mes allers-retours Paris-Athènes jusqu'en avril 2011, la situation politique de la Grèce n'a cessé d'évoluer. Le film est devenu la toile sur laquelle les témoignages se sont finalement posés, composant ainsi le paysage morcelé d'un pays en crise», lit-on sur le synopsis. Au programme également, un long métrage de Vasilis Kekatos intitulé La distance entre le ciel et nous (2019) : deux inconnus se rencontrent pour la première fois, la nuit, dans une station-service perdue. Alors que le premier fait le plein, il manque quelques euros au second pour rentrer chez lui. Les deux hommes vont marchander le prix de ce qui les sépare d'une histoire…
En Grèce, un parti néonazi nommé Aube dorée fait parler de lui depuis plusieurs années ; son ascension fulgurante pose question dans un pays encore traumatisé par les ravages de l’extrême-droite et du règne des colonels. Les partisans de ce parti sont par ailleurs accusés d’avoir assassiné en 2013 le rappeur d’extrême-gauche Pavlos Fryssas.
La journaliste et documentariste Angélique Kourounis se penche depuis des années sur l'organisation de ce parti. L'effondrement financier, l'instabilité politique et les relations familiales sont mis en lumière dans son documentaire Aube dorée, une affaire personnelle (2016) qui tente de découvrir «ce qu'il y a dans la tête des partisans de l'Aube dorée, qui se présentent comme des victimes» du système.
Des classiques du cinéma grec sont également au programme ainsi que d’autres films venus d’autres pays, tels que la France, le Niger, le Kurdistan, l’Algérie, etc. Au vu de la situation pandémique et des nouvelles mesures du gouvernement français, le Festival de Douarnenez annonce par ailleurs que l’accès à tous ses espaces est conditionné par la présentation d’un pass sanitaire.
Sarah H.
