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Rubrique Culture

Opéra Barrie Kosky, «caméléon» de la scène lyrique

Il a revisité La Flûte enchantée de Mozart en version film d'animation, ressuscité des opérettes oubliées et passe aisément du burlesque à Wagner. Barrie Kosky, qui a fait ses débuts à l'Opéra de Paris, est un metteur en scène aux mille et un visages. 
La presse internationale semble être tombée d'accord cette année pour sacrer comme roi de la mise en scène d'opéra l'Australien de 52 ans qui présente à partir de jeudi à l'Opéra Bastille sa version de l'opéra russe, Le prince Igor, d'Alexandre Borodine (jusqu'au 26 décembre). Fort d'une carrière de 30 ans, le natif de Melbourne est décrit par le New York Times comme «le metteur en scène le plus intéressant de la dernière décennie». à la tête de l'Opéra comique de Berlin depuis 2012, l'artiste ouvertement gay a remis au goût du jour des opérettes-jazz berlinoises de l'époque de Weimar. En 2017, il devient le premier metteur en scène d'origine juive à monter une production au Festival de Bayreuth, le sacro-saint rendez-vous des amoureux du compositeur allemand Richard Wagner, connu pour son antisémitisme virulent. 
Pourfendeur de l'idée que l'opéra est élitiste, il monte des productions qui tournent partout dans le monde, de Los Angeles à Sydney en passant par Londres. «Chacun de mes opéras est différent. J'aime être un caméléon, affirme-t-il, dans un entretien avec l'AFP. Je fais parfois des choses très simples, d'autres fois très spectaculaires, je n'ai pas un seul style.» En France, où il est encore relativement peu connu, l'artiste à la culture lyrique quasi encyclopédique a monté Rameau (Castor et Pollux et Les Boréades pour l'Opéra de Dijon) et Debussy (Pelléas et Mélisande à l'Opéra du Rhin). 
Il présentera bientôt la comédie musicale Un violon sur le toit à Strasbourg et Mulhouse, le Saül de Haendel au Théâtre du Châtelet, et est attendu au Festival d'Aix-en-Provence l'été prochain. Pour Le prince Igor, opéra non achevé en 1887 et célèbre pour sa musique des «danses polovtsiennes», l'Australien, à la tenue invariablement décontractée, a choisi d'accentuer le message politique de l'histoire d'un prince qui part en campagne contre le peuple des Polovtsiens, et capturé par eux avant de s'échapper et de retrouver sa ville dévastée. 
  Au lieu de la Russie, «j'ai situé l'opéra dans le monde occidental du XXIe siècle. L'œuvre parle d'échec : le prince Igor est un anti-héros», explique M. Kosky. «Le peuple, lui, pense que le seul moyen de résoudre ses problèmes, c'est de se dire que cette personne-là peut les sauver.» 
Cet opéra, estime-t-il, est révélateur du besoin d'un «messie» encore actuel : «Que ce soit Jésus, Moïse, Charles 1er, Louis XIV, Staline, Hitler, Macron ou Trump, cette idée du patriarche qui va venir nous sauver est ancrée dans notre ADN.» Mais «il a été prouvé que lorsque vous mettez toute votre foi dans une seule personne, ça va toujours mal se terminer»... Si Kosky comme d'autres metteurs en scène actualisent souvent le répertoire pour le rendre pertinent aux yeux du public d'aujourd'hui, l'Australien croit dur comme fer en la popularité de l'art lyrique. 
«Il y a plus de gens qui vont à l'opéra qu'avant !» assure-t-il. «La grande erreur c'est de croire que l'opéra va concurrencer (le divertissement). L'opéra n'aura jamais le niveau d'audience d'un blockbuster, de la télévision ou d'un concert de Lady Gaga», précise-t-il. Il concède que c'est «une forme d'art chère» et qu'il «n'est pas naturel de chanter pendant 10 minutes pendant que vous agonisez». Mais «il ne faut pas se dire que pour concurrencer une série Netflix, ça doit ressembler à une série Netflix». «Je sais que des maisons d'opéra sont menacées mais il ne faut pas être apocalyptique», estime l'Australien, pour qui, «dans un monde dominé par les réseaux sociaux et la technologie, l'opéra est un des rares ‘‘lieux ritualistes’’ où les gens peuvent ressentir de l'émotion». 

 

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