La chanteuse espagnole Maria Arnal et son compatriote guitariste Marcel Bagés ont livré, à Alger, une prestation de haute facture, où la tradition folk espagnole a pris des allures festives, devant un public relativement nombreux.
Près de 80 minutes durant, la scène de la salle Ibn-Zeydoun de l’Office Riadh El- Feth (Oref) a accueilli le duo espagnol qui a gratifié l’assistance d’un florilège de chansons de leurs compositions, dans le cadre du 20e Festival culturel européen, ouvert le 10 mai dernier, sous le slogan du «Vivre-ensemble». Une dizaine de titres, tirés essentiellement de l’album, 45 cerveaux et un cœur, intitulé en référence à la découverte macabre, après la guerre d’Espagne, de 45 crânes ensevelis dans une fosse commune, prônent la «mémoire collective», enfouie «sous le sol espagnol», qui continue de servir «la construction du présent», a expliqué la chanteuse, à l’entame de son récital. Dans une ambiance feutrée, à l’éclairage tamisé, Maria Arnal, à la voix présente et étoffée, pose d’entrée son empreinte : «plasticienne de la chanson», elle dessine ses toiles mélodiques sur des espaces qu’elle crée, dans un style d’interprétation singulier qui se base sur la spontanéité et le libre court.
Promenant sa voix avec autant d’émotion que de talent, l’artiste, toute de rouge vêtue, a donné plusieurs teintes à sa manière de chanter, à travers les nuances qui ont marqué ses mélodies, allant de la puissance des intonations au balbutiement, voire au chuchotement. Les pièces, 45 Cerebros y 1 corazon, Bienes, Jo no canto per la veu, Conço de la Marina Ginesta, Canço del taxista, Mienteme, La Gent, Cos, Conçion total, Tu que vienes a Rondarme, El ball del vetlatori et A la vida, ont été brillamment rendues par le duo dans une variété de genres musicaux. De la tradition folk espagnole (jotas, fandango, coplas, flamenco ) aux genres populaires, techno, psychédélique et pop, les pièces entonnées chantent l’amour, la paix, l’art, le désir, la gestion de l’eau, l’émotion de l’exil forcé, la mort, le pouvoir et l’humanisme, entre autres. Marcel Bagés et ses deux guitares, sèche et électrique, était équipé d’un pédalier contenant une panoplie d’effets et un séquenceur, qui ont donné de belles couleurs au travail d’harmonisation qu’il a assuré avec beaucoup de maîtrise technique, de virtuosité et de professionnalisme. En présence du ministre-conseiller auprès de l’ambassade d’Espagne à Alger, Tomas Lopez Vilarino et de représentants de différentes missions diplomatiques accréditées en Algérie, le public, ce jeudi soir, a savouré tous les moments du spectacle dans la délectation, donnant beaucoup de répondant au duo d’artistes. Maria Arnal et Marcel Bagés se sont dits «ravis de se trouver à Alger», devant un public «aussi accueillant !» Originaires de Barcelone, les deux artistes sont ensemble depuis trois ans, donnant, en un an et demi seulement, à la péninsule ibérique, notamment, «plus de 160 concerts», pour aller se produire ensuite en Russie, au Royaume-Uni, en Bulgarie, au Maroc, aux Etats-Unis et en Amérique Latine. Plusieurs fois distingués, à l’instar du prix «Ciudad de Barcelona de M’sica» (2016), Maria Arnal et Marcel Bagés continuent, en «intellectuels intelligents», de transmettre la musique populaire en intégrant dans leurs compositions des «enregistrements de terrain, des fichiers numérisés et des documents sonores de la Péninsule Ibérique», peut-on lire sur un des documents de présentation.
«J’essaye de donner à mon engagement un sens et un élan qui soient bien plus larges que ceux d’une idéologie partisane», a tenu à préciser Maria Arnal, à l’issue de sa prestation. Musique, danse et cinéma sont au programme du 20e Festival culturel européen, animé, jusqu'au 27 mai prochain, par 16 pays européens, à la salle Ibn-Zeydoun (Oref), ainsi que dans les villes de Béjaïa, Oran et Tizi-Ouzou.