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Rubrique Culture

Les yeux de Mansour de Ryad Girod Voyage au bout de soi

Lauréat du prix Assia Djebar 2019, le dernier roman de Ryad Girod Les yeux de Mansour (Editions Barzakh, 2018) nous plonge dans une quête singulière de sens, sur fond de soufisme et de géopolitique. 

Nous sommes à Ryad, la capitale de l’Arabie Saoudite. Un homme est sur le point de se faire décapiter sous les cris vengeurs de la foule qui demande sa tête. C’est Mansour dont le meilleur ami (le narrateur) nous entraine, à travers des flash-back, dans cet esprit tourmenté et farouchement dissemblable à la norme.
« Gassouh ! Gassouh ! » (Coupez-le en deux !), c’est le leitmotiv qui ponctue la narration dans ses allers-retours entre présent et passé, entre cette grande place où une masse haineuse se hâte de voir tomber la tête d’un homme et ces moments aériens où les deux amis faisaient des escapades dans le désert du Najd. Entre les deux, Ryad Giroud s’élance dans un récit saccadé qui emprunte tantôt à la musicalité lancinante d’une prière soufie, tantôt au réalisme le plus cru. 
Mansour et son ami le narrateur sont deux Syriens expatriés en Arabie Saoudite où ils travaillent pour un cabinet d’architectes. Alors que leur pays est ravagé par la guerre, ils mènent une vie plutôt confortable dans ce royaume rigoriste dont les coutumes et les lois scélérates contrastent avec la beauté inénarrable du désert. Ce désert où Mansour se réfugie souvent, en compagnie de son ami : le premier y va pour escalader une dune géante au sommet de laquelle il passe des heures à contempler le vide alentour ; le second préfère rester dans la voiture et fumer du haschisch. 
Les jours défilent ainsi jusqu’à ce que Mansour, souffrant de maux de tête récurrents, se fait diagnostiquer une maladie rare et dégénérative du cerveau. Et c’est durant cette même période que les deux copains rencontrent Nadine, une femme lumineuse et énigmatique dont le narrateur tombera très vite amoureux alors qu’elle n’a d’yeux que pour Mansour. Cette rivalité muette précipitera l’ensemble des personnages en enfer. 
Ryad Giroud écrit fébrilement cette tragédie mais il cède rarement au pathos ou aux facilités qui pourraient tenter un auteur face à un tel contexte brûlant d’actualité. Au discours direct et aux formules prévisibles, le romancier préfère la finesse et la sublimation. Et même si la redondance de certaines scènes peuvent agacer, voire apparaître comme du pur remplissage, on se laisse, non sans émotion, entrainer dans l’esprit tortueux de Mansour et les tribulations de son ami. Entre beauté soufie, désir charnel, démence, guerre et barbarie religieuse, le roman se tisse comme une réflexion cinglante sur le monde d’aujourd’hui mais surtout comme une esquisse d’une échappatoire : le retour vers soi, le détachement, l’élévation…
S. H. 
 

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