L’année des punaises

Nos anciens, biberonnés à la culture orale, situaient les années en fonction des événements collectifs qui ont marqué leur vie. Les années des épidémies, des guerres, des famines restaient encore hélas les plus faciles à positionner dans le temps. Et ils vous racontaient l’année du typhus, «aam typhus», ou l’année des famines «aam char», ou l’année du ravitaillement «Aam el bon» ou encore celui de l’invasion de sauterelles, «aam ladjrad».
De nos jours, on sait lire les calendriers et les pages d’histoire. Les années sont désignées par des chiffres, qui se ressemblent et s’emmêlent. Mais ces dernières années, on revient aux origines orales. On entend déjà, par exemple, chez un vieil émigré de notre connaissance, parler de «Aam el covid», puis celui des manifestations en France, «Aam les retraites». Cette année, il la trouve semblable à celle qu’il connut jadis dans son village, c’est l’année des punaises, «aam el bak»
En effet, les punaises envahissent la France. Leur recrudescence à une échelle inquiétante pose un sérieux problème, notamment à Paris. Le fléau finit par se poser en problème de santé publique. Comme souvent, dès qu’un problème prend cette ampleur, il devient un sujet… politique. On en oublierait presque la santé pour trouver un bouc émissaire qui couvre le pays de punaises de lit. Les experts à la petite semaine qui se suivent dans les chaînes d’information continue de Bolloré essayent de débusquer l’infame source de ce fléau.
Le limier en chef, un certain Pascal Praud, qui est un journaliste très populaire pour son populisme, a cru identifier le coupable. Ne serait-ce pas l’immigration qui nous empoisonne avec ces punaises…
Et quand des hommes politiques dénoncent le racisme de ces propos, le type pleurniche devant une chasse à l’homme !
Punaise !
A. T.