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Rubrique Le Soirmagazine

ÉCLAIRAGE Les enfants et le mouvement de protestation : passionnés, politisés ou poussés ?!

Les manifestations que connaît l’Algérie pour demander le changement du système de gouvernance font surgir des images insolites. Parmi les protestataires, des enfants en bas âge. Que ce soit lors des marches avec leurs parents ou avec des amis, les enfants sont présents, scandent et prennent la parole pour faire aboutir les revendications de toute la population. Dans cet éclairage, Soirmagazine s’est penché sur ce phénomène avec comme questions cruciales : est-ce de la politisation ou de l’imitation ? Les enfants ont-ils conscience de ce qu’ils disent ?

A la sortie de l’école, en bande, ils scandent les mêmes slogans des adultes. Eux,  ce sont les lycéens, les collégiens et les élèves du primaire. Nous nous sommes penchés sur cette dernière tranche. Discutent-ils dans la cour de récréation des sujets politiques comme les adultes le font lors de leur pause-café ? Unanimement, ils répondent oui ! Leur référence ? Le cadre familial,  l’entourage amical et, à un   degré moindre, les chaînes de télévision.

Origine des idées politiques des enfants 
La politiste Alice Simon s’est penchée sur cette question en partant d’une enquête menée auprès d’élèves du primaire. Elle s’est notamment intéressée à leurs opinions politiques. D’où viennent-elles ? Comment se forgent-elles ? Comment sont-elles défendues ? La chercheuse constate qu’«à l’instar des adultes, les enfants peuvent avoir des opinions, même lorsqu’ils disposent de très peu d’informations pour les défendre». Mais s’ils sont doués de compétences politiques, bien que rudimentaires, les enfants ne sont pas égaux face à celles-ci. Ainsi, la plupart des élèves interrogés sont capables d’indiquer leur préférence pour une personnalité politique. 
Selon cette chercheuse, les opinions politiques des enfants ne sont donc pas autonomes de celles des adultes, car ils «“apprennent” leurs opinions davantage qu’ils les “construisent”».
Une enquête sociologique intitulée  «L’enfance de l'ordre, comment les enfants perçoivent le monde social» a été réalisée par des chercheurs au CNRS, Wilfried Lignier et Julie Pagis. Durant deux années, de la rentrée 2010 à la fin de l’année scolaire 2012, ces deux chargés de recherche au CNRS ont mené une enquête sociologique sur la psychologie enfantine dans deux écoles élémentaires d’un même quartier, différenciées par le milieu social.
Il en ressort que l'environnement familial et scolaire des enfants les conduit à se forger leur structure politique, même embryonnaire. Du côté du foyer, l’exposition médiatique joue un rôle primordial. Avec plus de 80% d’enfants déclarant que «leurs parents regardent les informations à la télévision» et la moitié qu’ils «écoutent les informations à la radio», la télévision s’impose comme le premier vecteur d’information et de connaissance relatives à la sphère politique. Mais à chaque catégorie de famille ses médias. Les familles au fort capital culturel regarderont davantage Le Petit Journal, Le Grand Journal, Canal+, liront Le Monde, Libération et écouteront France Inter… Du côté des familles populaires, ce sont BFM, le JT de TF1 ou les journaux gratuits qui priment, avec peu de radio (uniquement dédiée à la musique si elle est utilisée). Troisième cas de figure : Canal Algérie ou les chaînes étrangères, telles que Al Jazeera...

L’impact des réseaux sociaux 
De plus en plus exposés aux réseaux sociaux et de plus en plus jeunes, les enfants peuvent s’en servir pour se forger une opinion ou faire admettre la leur. A ce titre, il est important de citer la vidéo ayant été le plus partagée dernièrement. On y voit un enfant entouré d’adultes en train de scander : «Ouyahia, l’Algérie n’est pas la Syrie !» avant de s’effondrer, en larmes. C’est un passage poignant, désarmant, mais qui laisse des questions en suspens sur la compréhension de cet enfant pour les propos politiques.
D’autres vidéos circulent également,  beaucoup plus festives, montrant des enfants souriants, arborant le drapeau algériens avec fierté.
 
Comment gérer la demande  politique des enfants  
Rencontrés lors des marches, beaucoup de parents expliquent que ce sont les enfants qui ont demandé à être présents et qui ne veulent pas rater ce moment «historique». A ce sujet, Sophie Lamoureux, journaliste et auteure de  Comment parler de politique aux enfants,  explique qu’il vaut mieux attendre leurs questions politiques. Et, la plupart du temps, elles ne manquent pas, surtout lorsque cela est médiatisé. 
A la question de savoir si les enfants s’intéressent  à la politique, elle répond : «Oui, bien sûr. Dans leur vie quotidienne, les enfants sont prompts à s'étonner et à s'indigner : pourquoi y a-t-il des SDF dans la rue ? Pourquoi doit-on aller à l'école ? C'est quoi la crise ?… C'est de la politique !» Et si les parents s'intéressent à la politique, leurs enfants ont une grande chance d'y être sensibilisés eux aussi. C'est une bonne chose : les enfants ne deviennent pas citoyens le jour de leurs 18 ans. C'est un long apprentissage qui commence très tôt, dès qu'ils prennent conscience du monde qui les entoure, vers l'âge de 5 ans.

 

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