Quand ils ont acquis leur logement après 4 ans de vie commune avec la belle-famille, Billal et Souad était le couple le plus heureux du monde. Les travaux de rénovation achevés, le grand ménage terminé, les meubles installés, les voilà seuls sous leur propre toit. La première nuit sans les autres. Quel bonheur !
Un dîner en tête à tête, une soirée face à la télé sans être dérangés. La totale, quoi !
Souad ouvre les fenêtres, inspecte le voisinage. Tout est parfait.
- Tu te rappelles quand on venait inspecter les travaux, les appartements étaient presque tous vides ; maintenant, je crois que les familles commencent à les occuper.
- Tu as raison. Tout à l’heure, en rentrant aux toilettes, j’ai entendu la chasse du voisin du dessus. Quand je me trouvais dans la chambre à coucher, Il m’a semblé entendre le bruit des talons. Je me demande si c’est les voisins d’à côté ou ceux du cinquième.
- Je ne sais pas si tu as remarqué, mais on entend la moindre sonorité. Tu te rends compte, hier j’ai été réveillé par l’éternuement d’un voisin.
Notre couple ne semblait pas attacher une importance particulière à cela. L’heure était à ces moments de bonheur qu’ils savouraient dans leur appartement.
Les jours passent et voilà que ces bruits de fond sont légion et font partie de leur quotidien. Le grincement d’une porte, ou celui d’un lit les fait sortir de leurs gongs juste au moment où leurs yeux se ferment pour une longue nuit de sommeil.
Le robinet qui coule à 4h du matin, les vibrations de la machine à laver, les vrombissements d’un robot, les ronflements, les scènes de ménage parfois violentes, les pleurs de bébé, et ces débats houleux avant, pendant et après un match de foot. Mais ce que ne supporte pas par-dessus tout Billal, c’est ce café que l’on touille lentement, et ça gratte, ça gratte à ne pas en finir et tous les jours à la même heure : 5 h du matin. «Je n’ai plus besoin de regarder l’heure, c’est mon réveil. Ces tintements résonneront toute la journée dans mes oreilles. On a l’impression que les cloisons sont en carton, ils auraient dû faire un effort sur la sonorisation. C’est comme si nous vivons en communauté.» Souad et Billal déchanteront vite et prendront leur mal en patience. Le jour, ils ne trouvent aucun moyen d’échapper à ces nuisances auxquelles ils se sont presque habitués, mais le soir, ils se bouchent les oreilles avec des stop-bruit avant de se mettre au lit.
